Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
10 Juin 2010
Le serment d'allégeance éducative …
Les nostalgiques de l'État Français ont les larmes aux yeux. Ils se revoient chanter fièrement « Maréchal nous voilà » sur les bancs de bois de leur école
d'autrefois. Des bureaucrates autoritaires, descendants de ceux qui facilitèrent la monstrueuse « Étoile Jaune » et autres marques d'infamie, nous imposent un retour dramatique
vers ce passé pas tout à fait digéré …
Les Arrêtés du 28 décembre 2009 réformant les concours de recrutement des enseignants du premier et du second degrés prévoient à compter de la session 2011, dans les épreuves
orales, une évaluation d'une surprenante compétence :
« Agir en fonctionnaire de l’Etat et de
façon éthique et responsable »,
Il est spécifié que l'épreuve sera éliminatoire si elle est accompagnée d'un zéro rédhibitoire. Le jury est constitué des membres habituels de la sélection
professionnelle auxquelles le Président du jury pourra ajouter un illustre membre de moralité publique notoirement reconnu pour ses compétences si particulières ...
Les futurs candidats seront jugés au cours d’un entretien d’une vingtaine de minutes avec le jury sur leur bonne moralité, L'expression fait froid dans le dos, tous les excès
ou toutes les obséquiosités peuvent se dissimuler derrière ce vocable moralisateur. L'extrait de casier judiciaire étant, il me semble, jusqu'alors, garant d'une probité exempte de
contestation.
L'enseignant deviendrait alors le prolongement du bras séculier de l'état. Il serait devant ses élèves pour servir la politique nationale, celle de la culture et de l'éducation
tout comme les aspects obscurs de la répression, du fichage et de la délation sociale.
Comment choisir un professeur de philosophie sur de tels critères ? Comment attendre enthousiasme, inventivité et irrévérence quand le maître est un pion docile et courbé
?
Comment obtenir la confiance des enfants et de leurs parents si tout ce qui leur est dit sera répété au profit d'un état autoritaire, judiciaire, totalitaire …
La mesure s'inscrit délibérément dans ce vaste verrouillage de la société Française. L'ombre portée des lois liberticides dessine des monstres anciens qui surgiront de
leur boîte au premier coup de canon ou aux éclats de voix d'un président félon.
Nos gouvernants ne se satisfont plus de contrôler notre quotidien. Nous sommes sans cesse suivis, filmés, fichés. L'inquisition revient au galop et c'est maintenant du
contrôle des consciences qu'il est question ici. Éradiquons de l'enseignement ces libres penseurs qui refusent d'adhérer à la moindre chapelle, évacuons les rebelles, les fortes têtes, les
objecteurs d'indécence.
Il n'y aura qu'une seule tête, une seule pensée. L'ordre et le pouvoir, Travail,Famille, Patrie !
La descente aux enfers poursuit sa progression. « Agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable » monsieur le Ministre de l'Éducation Nationale ; c'est parfois se
dresser face à une loi inique, s'opposer à une descente policière, c'est toujours prendre le parti de la veuve et de l'orphelin contre la force injuste de la puissance publique.
La société que vous souhaitez mettre en place, Monsieur qu'on dit Grand, est un espace invivable destiné aux esclaves, aux pions et aux robots. Vous désespérez Voltaire, vous
assassinez Rousseau, vous insultez Hugo et tous les Grands esprits libres de ce pays. Il y a soixante-dix ans, celui dont vous prétendez être l'héritier, osait la désobéissance et la révolte.
L'auriez-vous oublié ?
La fonction publique devrait se plier à votre botte. Vous appelez de vos vœux des années noires pour notre démocratie. J'espère qu'une saine et salutaire réaction vous boutera
de ce pouvoir dont vous usez avec une morgue inqualifiable.
Que ceux qui sont offensés par cette menace se précipitent pour signer la pétition :
http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article3579
Fonctionnairement vôtre