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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La musique endurcit les mœurs …

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La dictature du jeunisme.

 

 


Je viens de tenter l'aventure de proposer un cours de français à partir d'un texte de chanson. J'avais bien dans l'idée qu'il y aurait des réticences et des plaintes, tant désormais les adolescents sont les seuls dépositaires du bon goût. En dehors de leur musique, aucun salut ! Vous méritez alors tous les qualificatifs possibles : nul, merdique, ringard, chiant, daube … avec cette richesse du vocabulaire qui les caractérise également.

 

Pour parer à toute récrimination, j'avais posé des précautions langagières et dans le même temps, choisi un artiste qui sortait totalement du cadre de leurs idoles du moment. Un chanteur soliste s'accompagnant à la contrebasse, déclamant plutôt que chantant. Le choc pouvait, du moins l'espérais-je, atténuer la difficulté du rejet systématique de ce qui n'est pas dans leur connu.

 

La première écoute fut à cet égard significative de la totale intolérance de nos jeunes gens. Du bruit, des dos qui se tournent, des propos méprisants qui ne supportent aucune nuance. Trois accords, une phrase et le pauvre artiste était rabaissé au rang d'excrément musical. C'est ainsi, il n'y a pas à se formaliser, le rejet est immédiat ; la découverte semble peine perdue.

 

C'est le résultat d'un matraquage absurde qui renferme chacun dans sa tribu musicale, dans l'indifférence hostile à l'autre, dans le rejet des autres chapelles, des autres formes d'expression. Le casque vissé sur le crâne, l'adolescent ne connaît ni n'écoute que la musique de son clan. Ce qui lui est étranger, il ne peut le supporter et ne se donne même pas la peine de la découverte.

 

Le phénomène ne fait qu'empirer et, de cohortes en cohortes, il devient impossible de les ouvrir à d'autres mondes musicaux. Ils vivent cela comme une agression, comme une déclaration de guerre. La musique endurcit les mœurs ; il y a bien longtemps que l'adoucissement est passé de mode.

 

Bien au contraire, les basses sont devenues les troupes guerrières de genres qui martèlent leur agressivité et leur violence. Il faut saturer l'atmosphère, supplanter le rythme cardiaque et vomir des torrents de haine. C'est ainsi que quelques artistes ou supposés tels, phagocytent des admirateurs qui deviennent sourds (avant que de le devenir vraiment) à ce qui est différent.

 

Alors, me dira-t-on, il suffirait de commencer l'activité par ce qu'ils écoutent avant que de les initier sur la pointe des oreilles à des mondes exogènes aux leurs. Ce serait sans doute pertinent s'il n'y avait pas au sein même du groupe, une fois encore, des chapelles si hermétiques les unes aux autres que vous prendriez ainsi le risque d'une émeute.

 

Nous avons accepté de vivre de manière étanche ; les générations ne se retrouvent plus derrière des artistes ou des morceaux communs. Ainsi notre société devient-elle totalement éclatée, fragmentée. La musique est à ce titre le plus bel exemple de distinction. Pas surprenant alors que le vivre ensemble devienne une vaine utopie !

 

J'ai réussi tant bien que mal à imposer ma volonté dérisoire et absurde. Le texte d'Imbert Imbert s'est imposé tant par sa force que par les astuces pédagogiques et les vieilles ficelles que j'ai mises en œuvre. Ils ont accepté, le temps de quelques minutes, d'écouter ce qui ne sera jamais leur tasse de thé, de réfléchir sur les paroles en cherchant à les comprendre. Ils ont même souhaité en chanter quelques-unes avec le chanteur.

 

Puis, bien vite, ils se sont repris. Et à la fin de la séance, ils ont réclamé que la fois prochaine, je leur propose un musicien d'aujourd'hui, une chanson à la mode. Comme si ce pauvre Imbert Imbert n'était plus qu'une vieille relique du temps jadis ! C'est ainsi que s'insinue dans ces jeunes cerveaux l'idée de l'obsolescence. C'est encore dans de telles pratiques qu'ils apprennent à répondre aux injonctions mercantiles sans jamais se donner les outils du jugement personnel. J'ai beau connaître la musique, je me désespère chaque jour un peu plus de l'état de notre société !

 

Musicalement leur. 

Impossible de leur faire écouter ça : 

 

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R
<br />    Les malheureux . En termes d' obsolescence programmée , ils sont déjà " tous bons " , leur " extinction " ( image ) viendra si vite qu ' ils ne l' auront pas vu arriver . Ce monde<br /> est absolument cruel !<br />
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C
<br /> <br /> Régis<br /> <br /> <br /> Ils collectionnent tout ce qui ne durera pas <br /> <br /> <br /> C'est incroyable cet art consommé d'aller vers ce qui n'a aucune valeur<br /> <br /> <br /> <br />
B
<br /> J'adhère bien à votre réflexion. Tenez ! L'autre dimanche, ma petite fille m'a fait écouter le genre de... allez osons appeler musique cette soupe industrielle, qu'elle écoute. Mon fils et moi<br /> tentons de lui expliquer gentiment que ce truc était une daube (trois notes pour douze ordinateurs). Et sa mère - ma fille - de protester : " Laissez-la donc faire ses choix elle-même. Ah oui ?<br /> Et tu lui proposes quoi comme autre choix, la télé ? On est mal barré là ! Dont acte et à bientôt peut-être pour de meilleures nouvelles.<br />
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C
<br /> <br /> Bruno<br /> <br /> <br /> Les nouvelles ne seront que celles que la société impose pour faire de nos enfants de gentils robots décervelés<br /> <br /> <br /> Ainsi, aucun risque de révolution ! <br /> <br /> <br /> Résistez ! <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Grande tristesse , la musique qui devait être facteur d'union , divise.<br /> <br /> <br /> Je laisse la parole au grand Michel Serres ;<br /> <br /> <br /> " La musique, c'est le premier vecteur du rapprochement des peuples, en dépit des différences culturelles. "<br /> <br /> <br /> Mais oui,  il a bien parlé de musique mais à présent , on ne connaît plus que la "musak"qui fait bien des ravages dans les jeunes oreilles<br /> <br /> <br />  <br />
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C
<br /> <br /> Laure<br /> <br /> <br /> Qu'il y ait des modes et des clans, des groupes en fonction des âges, c'est un peu normal. Mais à force de vouloir cliver, de créer des niches pour le seul plaisir du commerce, la musique est<br /> devenue un lieu d'intolérance.<br /> <br /> <br /> C'est dommage et désormais, il est impossible de se retrouver autour d'une guinguette pour un bal de village. Chaque tribu veut sa musique et exècre celle des autres<br /> <br /> <br /> <br />