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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La Grande Messe Laïque.


Le socle commun de la croix.
Il n'y a pas que le Rugby dans la vie …

    En ce jour de l'Avant du sacrifice de l'Agneau, les fidèles se sont réunis dans la sainte chapelle de la pédagogie différenciée et de la sentence immanente. Au cœur de ce temple, le vidéo-projecteur a bouté l'autel de ces lieux. Les estrades et le vieux bureau de bois ont été désacralisés au nom d'une modernité de cristaux liquides.

    Au fond de ce sanctuaire, l'écran a remplacé les icônes de jadis, images pieuses ou d'Épinal qui exaspèrent par leur immobilité entêtante et moralisatrice. Point de crucifix ou de Marianne, ce sont les professeurs qui seront cloués au pilori par des charges de travail colossales.
    Le grand officiant, privé du prestige de l'habit sacerdotal ou de la blouse grise n'affronte plus frontalement l'assistance. Il s'éloigne du chœur et prend une place sur le bas côté qui était dévolue aux dames patronnesses.

    Il porte la parole divine d'un ministère aux mille avatars démoniaques. Celle du jour a de nombreuses facettes pour une grille magique plantée dans un socle commun de la connaissance absolue et normalisée.
    Les propos liminaires du grand prêtre ne présagent rien de bon. Les circonvolutions, les détours, les précautions oratoires annoncent des temps obscurs de dur labeur. La formation de sectes parallèles bafouera la géométrie classique en établissant des convergences magiques entre les diverses commissions.

    Les fidèles somnolent. Certains vaquent discrètement à des tâches impies : corrections diverses; préparations précipitées, requêtes administratives ou chronique des temps présents. D'autres profitent de ces instants en suspens, pour confesser à leurs pairs, des anecdotes qu'ils doivent garder habituellement de par devers eux.

    Power-Point s'impose à tous comme le messager de Dieu, l'ange Gabriel qui étale sur les murs de Babylone le texte sacré. Le grand prêtre ne monte plus en chaire. Il fait défiler des métaphores numériques. Paraboles, hyperboles précèdent le grand Ras-le-Bol général ! Il laisse parfois la main à son vicaire, thuriféraire contraint de la célébration en cour. Celui-ci ne peut achever son office que déjà, la main de Dieu a été reprise par son représentant hiérarchique.
    Quelques bigotes manient à plaisir l'encensoir. Elles font don de leur force de travail à ce Dieu pédagogie auquel elles sont prêtes à tout sacrifier. Mais soudain, les masques tombent. Lucifer s'est incarné : une sportive lassée par tant de temps perdu se lance dans une diatribe violente et sincère. Le chœur en toc se réjouit de ce contre-pied !

    L'officiant laisse le malin réaliser son œuvre funeste. La messe est dite, la parole de l'ange Chatel porte parole de tous les archanges d'avant, a perdu de son aura. Plus personne ne se voit pousser des ailes pour rejoindre le paradis des bienheureux de la commission pédagogique qui va entériner (enterrer ?) le projet.
    Les fidèles, à la nuit tombée, s'en retournent la tête basse, l'œil hagard vers un foyer plus proche de leurs préoccupations bassement matérielles de l'heure. La mystique pédagogique a des droits mais la raison pragmatique les ignore avec l'obstination de la mule qui refuse son bât.


    Normativement vôtre.
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