Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
1 Novembre 2010
J'aimerais vous conter la folle et pénible aventure d'un four LG qui se targuait de réunir à lui seul toutes les fonctions que plusieurs de ses
semblables devaient réaliser pour la satisfaction de cet être étrange et bien trop naïf qu'on nomme « Consommateur ! ».
Les progrès de la technologie sont tels qu'ils prétendent pouvoir réunir en un seul appareil ce qu'autrefois deux ou trois réalisaient péniblement. Nous eûmes ainsi la
faiblesse de croire qu'un micro-ondes pouvait en même temps remplir les fonctions d'un four traditionnel et éventuellement celles d'un grill.
Le consommateur est bien naïf et les sirènes du libéralisme le poussent à se fourvoyer avec délectation. Nous n'échappâmes pas à cette règle d'or d'un libéralisme qui se fonde
d'avantage sur la crédulité du client que sur l'honnêteté des industriels. Nous allâmes à pousser l'imbécilité à acheter les yeux fermés notre four combiné en confiant le choix et la dépense à un
tiers.
Nous découvrîmes alors un appareil rutilant à la technologie complexe et au mode d'emploi aussi imposant qu'un annuaire téléphonique. Nous étions alors persuadés d'avoir trouvé
la perle rare, l'objet essentiel qui allait faire de nous des vecteurs pertinents de la modernité.
Que notre déception fut lourde et notre honte complète. Dès l'arrivée de l'objet de nos désirs, nous découvrîmes un être hybride et mal commode. Le four était compact, il était
rutilant et avenant mais derrière la façade flatteuse se cachaient une foultitude de défauts et de dysfonctionnements.
L'intérieur de la bête technologique était rond, forme mal commode quand il s'agit de préparer des plats ! Les ustensiles étaient si nombreux qu'un berger y perdraient ses
brebis. La stratégie de la poudre aux yeux fourvoient le gugus et désespère l'utilisateur !
Rapidement le divorce fut prononcé entre le cuisinier traditionnel et la bête de modernité factice. Les ennuis ne tardèrent pas à accompagner ce constat amer. D'entrée de
jeu la porte brûla et il s'avéra alors que le concepteur d'un four avait omis d'envisager que celui-ci pu être exposé à la chaleur !
Le doute aurait du assaillir le crédule de service. Au contraire, il persévéra pour ne pas avoir à déjuger l'âme charitable qui avait choisi à sa place. La suite lui prouva
hélas qu'il avait tort et que persévérer n'est jamais une stratégie gagnante.
La bête technologique était si mal commode à utiliser qu'il fallait sans cesse se référer au manuel pour savoir comment ne pas la contrarier ! Au hasard des utilisations, le
cuisinier désespéré n'aurait pas été surpris de voir la chose se transformer en téléviseur couleur. Il eut été plus étonné d'obtenir d'elle ce que le quidam ordinaire est en droit d'attendre d'un
four classique.
Mais il faut accepter ses erreurs et porter sa croix de consommateur voué à la rapacité des chantres du libéralisme. Je conservais l'objet de mon ressentiment culinaire et
perdais parfois jusqu'au bonheur de cuisiner, c'est vous dire si c'était grave.
Puis vint alors la panne décisive. L'impossible engin décida un beau matin de faire disjoncter à chaque utilisation notre système électrique. Je vis alors dans cette
déplaisante manie l'occasion rêver de me débarrasser de l'intriguant encore sous garantie. Mes soucis ne faisaient que commencer.
J'allai au magasin le plus proche pour dénoncer mon adversaire. On me demanda gentiment d'appeler le service après vente de la marque en qui on peut avoir toute confiance par
contrat. Je pris mon téléphone et découvris alors qu'il y a pire que l'utilisation improbable d'un appareil mal conçu. J'errais de boîte vocale en collaborateurs pas vraiments concernés en dépit
d'une publicité élogieuse.
Je pétais à mon tour les plombs et pour la première fois mon four LG remplit sa mission : il me chauffait les oreilles ! Une heure plus tard, au mépris
d'une note qui risque d'être astronomique on me promit de me faire une proposition en fin de soirée. Si celle-ci n'est pas honnête, je vous promets de vous tenir informés de cette sombre
affaire.
Naïvement vôtre