La convention impossible

Stagiairement vôtre.

Ça y est, notre parti socialiste sort son programme. Demandez-le ou reprenez les anciens, ceux d'une gauche plurielle qui nous parut si singulière. Les emplois jeunes reviennent à la charge pour le plus grand confort des enseignants ou des associations qui recevront cette main d'œuvre enthousiaste et si utile, pour le plus grand inconfort des jeunes qui resteront dans la précarité ou l'illusion d'une solution qui se dérobera en bout de course. On les nommera parcours d'avenir pour enfoncer le couteau dans la plaie !

La jeunesse est la cible de Martine, François, Dominique et les autres. Nicolas fut élu par les plus de quarante ans, les gens bien installés dans leur égoïsme, leur confort, leurs peurs et leur niveau de vie. La gauche gouvernementale se rêve porteuse d'un souffle nouveau, je ne puis le lui reprocher, alors, elle ressort les vieilles recettes faute d'imagination sans doute et commet ainsi lourde erreur !

Les emplois d'avenir et le revenu d'autonomie des jeunes, si avec ça, ils ne vont pas voter c'est à désespérer d'être de grands démocrates (même si le P. S. a voté le traité de Lisbonne, il ne faut jamais l'oublier ). Des droits, des avantages et pas de discours sur les devoirs pour renforcer les adversaires d'en face. Le seul discours de la générosité ne peut plus satisfaire un électorat qui demande de la cohérence et des convictions.

Et parfois, j'ai comme un doute ! Les stages devront être rémunérés. Mais bien sûr, madame, vous avez raison moralement, vous vous égarez pratiquement. Qui donc trouvera un stage dés lors que les entreprises devront payer le service qu'il rende à un jeune inexpérimenté (car ce sont ceux-là encore qui vont faire les frais de la bonne conscience socialiste) ? Ne cherchez pas trop loin, les fils et les filles de ceux qui ont un emploi, des relations, un tissu social favorable, de bons revenus …

Les autres, les cassés de la longue période droitière que nous venons de traverser, les fracassés de l'école, les abîmés du recul médical, les perdus pour les règles communes, les débrouillards hors des clous, ceux-là resteront encore sur le carreau. Ils continueront à tenir les murs faute de trouver des stages. Délit de salle gueule, adresse douteuse, parcours chaotique, tenue inadéquate, patronyme imprononçable, la liste est longue des bonnes raisons pour ne pas trouver des stages gratuits. Alors les payants, vous pouvez imaginer la suite …

L'égalité des chances passe des mesures d'une autre nature. Le revenu d'autonomie devrait suffire à satisfaire les besoins économiques pour effectuer un stage, car, personne ne le dit vraiment dans nos cercles politiques préservés des soucis d'argent : « Trouver et faire un stage ça coûte cher ! » La ségrégation économique élimine les plus fragiles. C'est un contrôle drastique des contenus et des conditions de stage qui s'impose. Il faut revenir à un vrai service public des inspecteurs du travail pour débusquer toutes les saloperies qui se jouent dans des entreprises qui vivent des stagiaires avec une morgue d'esclavagiste.

Moraliser les relations au travail, ne pas se retrouver au petit matin, à six heures sur un parking avec un chef d'entreprise qui vous dise sans témoin : « Dégagez ! Vous n'avez pas la fibre de la maison ! ». C'est la priorité des priorités, celle qui permettra de redonner ses lettres de noblesse à la valeur travail, qui permettra aux jeunes de rentrer dans des entreprises où l'emploi est rétribué à sa juste valeur dans le respect de l'humain qui le réalise.

Il y a beaucoup à faire dans ce domaine. Ce n'est pas en jouant de la démagogie que notre Parti Socialiste national va faire bouger les lignes. Nous attendons tous un changement radical de la pensée économique, de la place du travail et d'une nouvelle donne mondiale qui sorte enfin d'un système fondé sur l'injustice, l'iniquité et la prédominance de l'argent sur l'humain. Revoyez votre copie les amis, elle n'est que cautère sur notre gueule de bois !

Laborieusement vôtre.