Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
5 Novembre 2010
Sont-ils vraiment jeunes ?
La vidéo promotion du « syndicat » lycéen Uni me fait froid dans le dos et me glace le cœur (je doute que pareille mésaventure puisse leur arriver …). Comment des
jeunes gens peuvent-ils adhérer à cette idéologie de la haine, de la norme, de l'égoïsme et de la sagesse prématurée.
Est-ce cela la jeunesse, ? Ce désir de rentrer au plus vite dans une logique productiviste d'un monde adulte qui ne vise qu'à sa réalisation matérielle ! Travailler
tranquillement au lycée, soutenir les formidables réformes d'un gouvernement qui visent à casser l'école républicaine au profit d'un éclatement des structures et des contenus.
Est-ce de leur âge que de dire stop à l'immigration ? Quelle belle qualité de cœur faut-il pour affirmer pareille monstruosité à 15 ans ! On les devine scouts de France, fils
et fille à papa cadre et maman catéchèse. Ils n'ont retenu des évangiles que « Croissez et enrichissez-vous ! ». Ils n'auront jamais de lueur dans les yeux pour les utopies qui
construisent les belles années de l'insouciance.
Ils ont déjà un chemin tout tracé, celui des profits, de la bonne conscience, du bon sens près du grand chef. Ils seront encartés et renouvelleront les cadres de la réaction
avec en plus ce je ne sais quoi des gens qui sont nés avec une cuillère d'argent dans la bouche et une grande pincée de haine pour tout ce qui vient de la gauche.
Oui, bien sûr, le syndicalisme lycéen de gauche (comme ils disent) est souvent excessif, caricatural parfois, manipulé (j'en doute). Il surfe sur des mouvements incontrôlés,
spontanés, réactifs sans vrai lien entre les actions et le fond du problème. Mais c'est justement la spécificité de cet âge de la grande générosité naïve !
Ceux-là sont vides de révolte, ils ne sont pas rebelles, ils sont lisses et propres sur eux, des vieux « Ons » avant l'heure. Comment se construire dans un
conformisme aussi visqueux. Ça dégouline de bons sentiments de vieillards revenus de tout et ils débutent dans la vie.
Je n'aimerais pas rencontrer les adultes qu'ils deviendront. La quête unique de leur bien-être, la marche forcée vers la réussite, le mépris des différences et une conception
du monde qui exclut plus qu'elle fédère.
On va me rétorquer qu'il doit en être de même dans l'autre camp. Certes, il est possible qu'il se trouve aussi de futurs cadres moroses et ambitieux d'une gauche de
gouvernement qui n'a hélas rien à envier à cette droite inhumaine. Mais ils sont les nécessaires accidents de parcours d'une quête idéaliste, d'une utopie naturelle quand on ignore encore les
affreuses conséquences de ce terrible mot d'adulte : « Le pragmatisme ! ».
Je préfère voir des adolescents dans la rue avec une fureur sympathique, un décalage merveilleux avec le sujet récriminé plutôt que ces donneurs de leçons morales qui
revendiquent leur droit imprescriptible à étudier, qui se prosternent devant le grand petit homme qui nous gouverne, qui portent ses idées de ségrégation et de sécurité.
Ceux-là, Uni(s) pour le meilleur et surtout pour tous les pires à venir, ne renverseront jamais une poubelle (ce qui est très vilain) mais seront du lot des délocaliseurs, des
dégraisseurs d'entreprise, des méprisants du petit peuple et des futurs passagers des berlines aux vitres teintées. Et ils seront à leur tour, les futurs affreux, propres mais très méchants de la
réaction en marche.
Adroitement leur.