L'œil de Moscou ...

24 Janvier 2011

Le cahier de Texte numérique.

L'éducation doit devenir à terme une denrée marchande comme tout le reste. Rien ne doit échapper à cette folie de la marchandisation de nos vies : de la naissance à l'école, de la santé à la mort. Pour arriver à leurs fins, les tenants du libéralisme absolu n'en finissent pas de donner des coups à l'institution « Éducation Nationale ».La dernière en date vise à mettre totalement sous surveillance l'enseignant dans sa classe, pour progressivement en faire un petit mouton obéissant qui passera alors très facilement à l'étape suivante.

Afin d'entériner cette ignoble manipulation dans le monde éducatif, une simple circulaire signée par le directeur général de l'enseignement scolaire a mis pour la rentrée 2011, l'outil de contrôle absolu : le cahier de texte numérique. C'est le bulletin officiel du 9 septembre qui a annoncé la bonne nouvelle, à une date où les enseignants n'avaient pas la tête à ce genre de facéties.

Le cahier de texte numérique c'est l'œil de Moscou en direct et en temps réel. Pour chaque cours, le petit rapporteur illustré donnera « le contenu de la séance et, d'autre part, le travail à effectuer, accompagnés l'un et l'autre de tout document, ressource ou conseil à l'initiative du professeur, sous forme de textes, fichiers joints ou de liens […]. Les travaux donnés aux élèves porteront, outre la date du jour où ils sont donnés, l'indication du jour où ils doivent être présentés ou remis par l'élève ».

Les tenants de la transparence n'y trouveront rien à dire oubliant bien vite de se poser les questions essentielles. À quoi ça sert ? Combien de temps ça prend ? Les manipulateurs patentés n'ont pas oublié les leçons des grandes « démocraties » d'autrefois. Pour imposer une surveillance impitoyable sur un groupe humain, il est préférable de confier cette tâche de basse police au groupe en question !

Les enseignants vont devoir se transformer en secrétaire, passer des heures à renseigner ce mouchard administratif pour aliéner totalement leur liberté d'enseignement. Tous les documents vont passer sous contrôle, tous les travaux vont être examinés à l'aune de l'idéologie de la rentabilité
immédiate. Des heures perdues pour rien ou presque, simplement se donner soi-même le bâton pour se battre.

La volonté du petit homme de tout contrôler, de tout voir, de tout savoir trouve maintenant son expression dans les écoles. Quand il demandera de lire la lettre de Guy Moquet, gare à ceux qui useront de leur droit de réserve pour proposer une autre activité, un autre éclairage. Ils seront débusqués, chassés, punis à la hauteur de la faute. Ils faut virer les brebis galeuses, les mal pensants, les différents, les innovants. Une seule tête, une seul pensée, un seul chef !

Pour enfermer les enseignants, toujours un peu rebelles, les parents vont bénéficier de cette innovation technique. Le contrôle des contenus, ils en rêvaient, on le leur donne sur un plateau doré. N'en jetez plus, la coupe est pleine. Les coups n'en finissent pas tomber sur la tête des profs survivants. Les effectifs fondent, les charges de travail s'alourdissent de façon considérable, les conditions d'enseignement deviennent de plus en plus délicates. Et personne ne bronche !

L'enseignant est surchargé de tâches répétitives, inutiles, administratives et 'inquisitoriales'. Cahier de texte (qui est maintenu, il ne faut pas rêver), socle commun, B2I, base élève, PAM ..

Les enseignants n'enseignent presque plus, ils remplissent des cases, établissent des rapports, complètent des questionnaires, renseignent des dossiers, rédigent des projets, harmonisent leurs notes, rencontrent les parents, négocient avec les élèves, répondent à toutes les injonctions, circulaires, enquêtes administratives.

Numériquement leur.