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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

L'arithmétique impossible.

La rue p'ture.

 

 




    Nos rues débordent de manifestants en colère qui n'en peuvent plus de supporter le mépris d'un gouvernement sourd à leurs aspirations légitimes. Dans ce pays, les élites n'écoutent que les « crypto influenceurs », les représentants de commerce des intérêts supérieurs des sociétés privées, des secteurs spécifiques, des industries de pointe. Les petites gens n'ont pas droit à la parole et nulle organisation écoutée sous les lambris ne leur accorde attention.

Pour aggraver cette étrange solitude, les manifestants constatent chaque fois à quel point ils comptent pour du beurre dans ce beau royaume de France. Le décompte des porteurs de colère est toujours l'occasion d'une sombre parodie ; d'un d'accord qui d'année en année ne cesse de s'amplifier. Selon les uns le nombre chute de moitié face à l'estimation des autres.

Il y a peu on s'amusait de la discordance de dénombrement. Puis petit à petit est apparu à tous, le peu de cas qui était fait de celui qui s'élève contre le pouvoir en place. Être considéré comme quantité négligeable du 1er janvier au 31 décembre n'est plus suffisant. Maintenant, l'individu de base, celui qui n'est pas couvert pas le bouclier fiscal, celui qui ne porte pas la rosette à son revers, celui qui n'est pas encarté au parti des adorateurs du grand petit homme, tous ce gens ne valent plus tripette !

Le phénomène n'est pas le plus préoccupant. Les demis-citoyens devraient se satisfaire de compter à moitié quand d'autres deviennent nuls et non avenus : les étrangers, les sans papiers, les nomades, les malades, les handicapés, les ruraux, ……, la liste s'allonge de toutes ces catégories qui ne provoquent plus la moindre émotion comptable chez nos rois du calcul humain.

Un Bernard tapi dans l'ombre du pouvoir vaudra toujours beaucoup plus qu'un Mohamed, qu'une Esméralda ou qu'un Marcel Dumoulin. L'égalité devant la république n'a plus sa place dans ce monde du tiroir caisse et de la démesure.

Fut un temps où les services des renseignements généraux  usaient de critères objectifs pour déterminer le nombre de manifestants. Quatre personne au  mètre carré semblaient convenir à la détermination de la colère exprimée. Maintenant, je n'ose pas émettre la plus petite hypothèse sur le critère retenu. J'ai peur que nos services had-hoc attendent l'estimation des organisateurs pour opérer une réduction d'autant plus drastique que la revendication est légitime.

Nous vivons dans une société de la surveillance la plus précise, la plus permanente, la plus efficace possible et elle se heurte à l'incroyable difficulté de dénombrer ceux qui déambulent dans la rue. Quelle aimable plaisanterie, quel mensonge d 'état !

Nous devinons l'ultime volonté derrière ce décalage qui s'aggrave de manifestation en manifestation. Un jour ou l'autre, un décret demandera bien naïvement à chacun de déposer une autorisation écrite préalable à cette expression légitime dans l'espace public afin d'obtenir un permis de défilé et un comptage exempt de toute critique acerbe.

Nous n'en sommes plus à un recul de la démocratie dans notre pays. Il faut s'attendre à cette évolution indispensable dans le contexte actuel. Bientôt, il y aura également des mesures de sécurité, des normes à ne pas dépasser pour se regrouper derrière banderoles et mégaphones. Le principe de précaution vaudra aussi pour la manifestation, un grand moment de désordre potentiel et d'insécurité pour celui qui s'y risque en dépit de la plus élémentaire sagesse civile.

   
    Urbanumériquement vôtre

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