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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Entre filet sans queue ni tête ...

Nous ne sommes plus à fête !

 

 

Aujourd'hui c'est jour maigre, et pourtant ce n'est pas vendredi. Je me retourne sans cesse, à l'affût d'une sts fous et des pêcheurs à la ligne. Je suis sur mes gardes à surveillerigmatisation de papier qui me mettrait à dos l'immense confrérie de la moindre déclaration, la plus banale affirmation à la recherche du propos trop péremptoire pour être honnête !

La journée s'annonce pénible pour l'honnête homme. Les faussaires envahissent les médias et les rues. La tempête verbale agite les flots médiatiques, le moindre entre-filet peut s'avérer piégeux, tout aujourd'hui sera factice ou improbable...

Le grossier canular supplée en ce jeudi la caricature infâmante. Éric Besson est ravi, il traînera sans crainte son chalut pour effectuer sa razzia quotidienne sans se faire traiter de Félon à tête de fouine. La farce est préférée à la charge citoyenne, le rire gras et parfois immonde à l'humour fécond.

 

Le faux-semblant règne sans partage. Nicolas sort grandi de son dîner chaleureux avec son ami Barak, Rachida se retrouve à pied, le préfet du Loiret remplace Éric Besson, Martine et Ségolène partent ensemble en vacances à Cuba, les caisses de l'état débordent d'excédents, le nombre des chômeurs en France n'a jamais été aussi sincère, le bouclier fiscal est aboli et nous allons très bientôt sortir de cette abominable crise …

Les fous sont à l'honneur. Curieusement, ce sont les mêmes têtes d'affiche que le restant de l'année qui tiennent ce rôle. Les humbles, les sans grade, les anonymes sont toujours réduits à la fonction du mouton bêlant en cette journée du poisson. Jadis, la régulation par l'absurde, la dérision, l'insolence, l'impertinence ou l'aliénation feinte servait d'exutoire indispensable.

Maintenant, le premier avril nous sert son arrivage de poissons pas frais. Le village gaulois ne se fiche plus ces peignées monumentales, l'humour dispose de ses histrions officiels qui manient la blague salace, la farce cocasse, le rire gras. Les humoristes qui dérangent, ceux qui veulent transformer ce monde ont quitté la scène. La ceinture est une norme plus accessible que le cerveau !

 

 

Quand, en 1564, le bon Charles IX retira au premier avril l'honneur d'ouvrir l'année, on se mit à s'offrir des aliments pour fêter la fin du carême. La farce était cette viande dont on avait été tant privé. Bientôt, le peuple réactiva la catharcie collective de la blague, de la mise à bas des rangs sociaux. La fête des fous revenait au premier plan après une mise à l'écart imposée par l'église.

Aujourd'hui, il n'y a plus de friture sur la ligne. Le peuple ne dispose pas de la parole. Il est tout juste bon à ouvrir grand ses ouïes pour se prendre aux filets des plus puissants. « Venez place du Hareng, on vous donnera de l'argent ! » « Allez rue Poissonnière, on vous fera des misères … »
On s'y précipite, on s'y étripe, la police s'en mêle et l'ordre revient au galop …

Le temps n'est plus à la rupture du contrat, ne serait-ce que pour une journée. Tout est régulé, dirigé, encadré, organisé, surtout les fêtes populaires. Le nez rouge, peut-être, le costume pourquoi pas, le poisson dans le dos, à la limite ; mais gardez-vous de la plus petite initiative en dehors du programme officiel. Vous ne devez être que spectateur attentif et passif. N'allez point chanter avec vos semblables, d'ailleurs, nous n'avons plus aucun répertoire collectif. N'allez point moquer vos élus, vos chefs, vos supérieurs, les représentants de l'ordre veillent scrupuleusement à son maintien.

 


Alors en ce premier avril, on va vous servir une ou deux bonnes blagues anodines qui ne feront ni réfléchir ni remettre en cause cet intenable ordre établi. La France s'emmerde, mais elle le fait sérieusement, avec application et déférence. La farce irrévérencieuse et le rire salvateur n'ont plus leur place ici.

Coluchement vôtre

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