Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
29 Juin 2010
Cheminot, au grand cœur de France.
Il faut parfois se lancer un défi pour retrouver l'envie d'aller un peu plus loin, de pousser le risque de ne pas réussir et de mesurer encore où sont mes limites. Quelques expériences de
randonnées prévues sur des chemins qui sont fort bien tracés m'ont donné l'envie de tailler ma route là où personne n'a posé de panneau ni installé de gite.
Je suis de ceux qui pensent que l'aventure peut se trouver au bout de son jardin, qu'il est inutile d'aller très loin, de brûler du kérosène et d'avoir un coût carbone pour s'offrir l'exotisme ou
bien le grand frisson.
J'ai décidé de partir plein Sud, de rallier Orléans, la cité des Carnutes à Albi et son triste souvenir de la croisade Cathare. Je n'emprunterai pas le chemin de Compostelle, symbole d'une
tradition qui a pillé l'héritage druidique et brûlé les Parfaits hérétiques. Je viens en ce Sud implorer clémence pour les crimes perpétrés par nos ancêtres francs.
Je traverserai une grande béance, des régions merveilleuses mais si loin de la côte que le touriste les ignore avec une morgue superbe. J'emprunterai des routes qui desservent des villages où
chaque jour un peu plus on compte les départs et on déplore la fuite des administrations d'état. Je viens retrouver en cette France qu'on dit profonde, la valeur de l'écoute et le sens du
partage.
Je demanderai un toit pour unique offrande et je partagerai mon bonheur de recevoir en écrivant à mon tour un billet pour mes hôtes. Chaque jour, sur la toile, je glisserai des mots, fruits de
cette expérience simple, des rencontres et des récits des gens qui auront pris le temps de me donner le leur durant mon passage en leur demeure.
J'ai l'immense orgueil de penser qu'on va lire ce récit banal d'un chemin à côté de chez vous. J'espère que des lecteurs inviteront des amis qui se trouvent sur ma route à ouvrir leur cœur à la
prose simpliste que je glisse chaque jour en ce lieu. Je fais le pari d'une chaîne postière, d'une main tendue à travers l'écran pour m'indiquer le chemin à suivre.
Il n'y a aucun modèle télévisuel, je n'aurai ni caméra, ni portable ni appareil photographique. Les mots seuls à travers mes écrits tisseront le lien qui va nous unir des Carnutes aux Cathares,
pour le seul plaisir de me raconter des histoires.
J'ai commencé mon parcours en ce jour d'attente en commandant le petit matériel qui me mettra à l'abri d'un refus, d'un dos tourné. S'il le faut je dormirai dehors mais je doute que ce pays ait
perdu ce qui faisait sa tradition ancienne. Je traverse des terres hospitalières et l'égoïsme n'est pas de nos campagnes.
Le 5 juillet, je partirai sur nos chemins de France, abandonnant Orléans la hautaine pour découvrir l'itinéraire au hasard des chaussures.
Je vous invite à venir ici, chaque jour prendre des nouvelles de notre pays d'enfance, de notre pays d'en France. À retrouver le rythme des moissons, des foins, des fermes ou des villages. À
rencontrer des gens qui ouvriront leur cœur à un aventurier du mot et du gros godillot. À ne pas prendre au pied de la lettre les propos maladroits que je pourrais commettre, mais à profiter de
l'aubaine pour cheminer à mes côtés si le cœur vous en dit.
Carnutement
vôtre