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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Comment faire des Pieds et des Mains ?

Pour une pédagogie de l'investissement à long terme.

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    Je me désespère à longueur de commentaires de l'indigence du jeu au pied des dignes représentants de la formation française de base que sont mes charmants Jules. J'enrage encore plus de leurs difficultés à lire la trajectoire d'un ballon qui joue les filles de l'air pour s'en saisir sans commettre la maladresse fatale.

    Les Julots ne sont pas plus psychomoteurs-défaillants que les autres. Ils sont passés à travers les mailles trop larges d'un apprentissage sportif incomplet, à l'école, au collège et au club. Le jeu naturel, libre et spontané n'ayant plus sa place dans une société qui veut régenter  le temps libre de l'enfant tout en le réduisant comme peau de chagrin.
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    Le résultat est éloquent, quand le joueur arrive à l'âge où le jeu au pied apparaît comme nécessaire dans les réponses tactiques, il est hélas trop tard pour qu'il se lance dans un apprentissage efficace de ce geste et de tous ses éléments inférants.

    Se pose alors à tous les éducateurs visionnaires et patients, ceux qui échappent à la logique immédiate de la victoire à court terme et de la seule exploration de la bataille et de toutes ses conséquences, la question essentielle pour l'avenir des joueurs en devenir dont ils ont la charge :
« Comment faire des pieds et des mains en dehors d'une logique de nécessité immédiate ? ».

    Je reconnais que la longueur de la phrase peut rebuter. C'est a dessein que j'ai usé de cette mise en abîme pour illustrer le décalage qui existe entre le maintenant et le plus tard dans notre sport si complexe et aux imbrications si contradictoires.

    C'est entre six et dix ans que l'enfant constitue son patrimoine technique. C'est la période où peut se mettre en place une bi-latéralité efficace, la constitution d'un large panel de capacités de coordination. C'est la grande période pour se faire des mains et des pieds. Hélas, à ce moment-là, sur les terrains de nos écoles de Rugby, on se contente de ce grand problème des problèmes affectifs.

    On joue, on s'affronte, on se lance dans des batailles confuses qui, pour nécessaires qu'elles soient, ne doivent pas devenir uniques. Il y a tant à faire découvrir en sortant du cade trop rigide de notre jeu qui nous impose une ligne de front particulièrement sclérosante pour les progrès à venir. Nous devrions nous lancer à corps et à conviction dans des activités multi-disciplinaires pour élargir le champ des possibles.

    Puis, entre dix et douze ans, l'enfant est dans la période idéale pour peaufiner des acquisitions fines, des gestes précis d'une grande précision. C'est la période de l'expertise ultérieure. Ce qui sera appris à ce moment-là ressortira quand l'occasion ou la nécessité s'en feront sentir. Hélas, sur nos oppositions dans des espaces étroits,nul besoin de tout-ça et gagner doit rester la priorité du formateur rentable.

    Entre douze et quatorze ans, l'enfant construit son savoir, est capable d'esprit critique, aime se constituer des outils intellectuels pour appréhender son activité. Au lieu de quoi, on le met bêtement sur le terrain sans solliciter son cerveau en pleine gourmandise.

    Puis arrive entre quatorze et dix huit ans l'âge de la constitution du futur potentiel physique. De la capacité aérobie à la motricité spécifique de l'activité, du schéma corporel au premier pas vers la constitution de la force, nous sommes dans l'âge d'or des apprentissages. Malheureusement, beaucoup n'auront qu'un entraînement par semaine et laisseront s'envoler un potentiel qui ne demandait rien mieux que de d'épanouir.

    On gâche beaucoup et on se moque des rares éducateurs qui veulent sortir des sentiers battus. Demain sera toujours trop tard et rien ne permettra de rattraper tout ce temps perdu à vouloir simplement gagner !

    Psychomotricement vôtre
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P
<br /> <br /> tellement vrais  cette réflexion , ce pose alors cette question ,ne faut il pas avoir un manager général qui tracerai , avec<br /> les éducateurs de l'école du rugby, cette trame qui amènera ce jeune depuis poussin a l'équipe fanion de son club .<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> Oh Mananger Général, quel nom ronflant ………<br /> Souvent un titre qui cache une forêt d'incopétance.<br /> <br /> Il suffirait d'un ahier des charges par catégorie, de directives fédérales utiles (pourquoi ne pas rêver) et d'un contrôle des dirigeants.<br /> Chacun à sa place mais avec une vraie ligne de conduite.<br /> <br /> La seule victoire qui compte, c'est l'éclosion de joueurs complets plus tard.<br /> <br /> <br />