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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Cette chance dont tant d'autres voudraient bénéficier.

Ils s'en rendront compte trop tard.

 



Dans tant de pays, des enfants sont privés de ce droit à l'éducation qui nous semble élémentaire. Ils envient leurs camarades mieux lotis qu'eux grâce à cette injustice suprême de la naissance, du moins quand la vie leur octroie ce luxe simple de réfléchir à leur sort.

Ceux qui ont le bonheur de trouver classe à leur porte se pressent à quatre-vingt ou cent dans des classes uniques, sans confort ni matériel. Ils s'y rendent à pied, parcourant parfois des distances considérables dans des conditions complexes.

Dans nos pays privilégiés, un phénomène inverse s'installe petit à petit dans une frange non négligeable de notre belle jeunesse. Pourtant, nos chères têtes blondes, brunes, soyeuses, bouclées ou nattées n'ont pas tout ce chemin à parcourir. Elles s'installent dans des classes bien moins surchargées et n'ont pas à redouter des lendemains qui les priveraient d'école.

 


La vie est injuste et nul ne peut se satisfaire de ce que la providence lui accorde. Ailleurs, l'herbe est toujours plus verte et qu'importe ceux qui en sont privés ! Nos petits nantis de la scolarité obligatoire ne se déplacent que lorsqu'un transport en commun ou parental les dépose devant ce chagrin quotidien.

Ils renâclent, râlent, rouspètent. Ils trainent leur misère et accumulent les retards et les absences injustifiées. Ils affichent un détachement manifeste pour cette contrainte inacceptable qu'ils jugent bien hâtivement inutile.

Ceux-là ne font plus leurs devoirs, rendent des copies avec ce manque d'application qui caractérise les détachés de tout. Ils viennent à reculons et le font payer chèrement à ces enseignants qui veulent les aider. Ils n'ont jamais le matériel demandé et depuis quelques mois ont éparpillé tout ce que des parents bienveillants leur avaient acheté avec foi en leur avenir.

 


Règles, équerres, compas ont été cassés, perdus, abandonnés. Il est vrai que ce matériel est peu solide, totalement inapproprié et conçu pour ne pas durer. Les feuilles viennent à leur manquer bien avant la fin de l'automne, l'hiver sera rude et le printemps impossible. Seul, le sac onéreux, trône fièrement sur les dos pour honorer la mode, cette valeur plus consensuelle.

Arrivés à la maison, ils jettent le tout et se précipitent sur des consoles ou des émissions ineptes. Ils n'apprennent rien, ne préparent rien. Leur vraie vie est ailleurs que dans cette école de la désespérance. Ils s'évadent vers des mondes numériques, vivent en marge des adultes, reliés sans cesse par ce fil invisible de la téléphonie portative.

Ils s'étonnent de ne point pouvoir répondre aux questions ineptes de ces empêcheurs de végéter en rond, en bandes, en communautés fermées. Ils ne se doutent même pas que tant d'autres, ailleurs, si loin, voudraient bénéficier de cette chance qu'ils laissent passer sans même un regard.

Ce portrait à gros trait n'est ni caricatural ni excessif. Il est bien celui d'une partie significative d'une jeunesse égarée dans nos écoles. Ils vivent dans un monde virtuel. Leurs valeurs sont celles des paillettes, de l'argent facile, des idoles et des champions. Ils rêvent de la fortune, des belles voitures, des vacances lointaines et luxueuses.

Burkina nov2009m 503

Ils n'envisagent pas de trouver un travail avec un salaire de misère. Pour une fois, ils pensent  juste :  ils ne trouveront probablement pas d'emploi !

Ils ne détestent rien tant que se voir imposer ce discours de l'effort, de la culture et du savoir que je viens de vous servir. Ils ignorent tout du bonheur de profiter de cette immense chance dont tant d'autres sont privés. Vite le futile, vite le facile, vite l'impossible … !

Maisquandcomprendrontilement vôtre.

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