Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
1 Juin 2010
Une autre conception du sport et du bien public.
Victoire, gloire et prospérité ! Comme il se doit avec le football Français, notre Grand Président a obtenu « haut la main » l'organisation de l'Euro
2016. L'enjeu économique valait bien un petit voyage présidentiel à Genève, une destination qui permet de joindre l'utile à la fraude fiscale !
C'est grâce à un effet de dix ans, nous dit-on, que les représentants cacochymes de l'Europe de football ont désigné notre pays pour réparer les erreurs politiques des Coupes
du Monde de football et de Rugby réunies. En effet, il est bon de rappeler dans ce pays à la mémoire aussi courte que les ambitions, que lors de ces deux événements considérables, nous ne bâtîmes
que deux stades pour les accueillir dignement.
Le Monde était alors à nos pieds, et nos politiques ne firent pas des pieds et des mains pour donner à ces manifestations des réceptacles dignes des exigences d'une société des
paillettes et du confort mirobolant pour les meilleurs de ses sujets. Le Stade de France fut l'unique avatar de l'épreuve de 1998. Le stade Yves du Manoir de Montpellier s'éleva seul pour la
Coupe du Monde de Rugby avec seulement 13 000 places, une misère dans le concert international.
De Grand Stade, avec 80 000 places, nous n'en avons qu'un et nos politiques eurent la bonne idée de le placer au cœur de la désolation urbaine. La magnifique enceinte, ce
vaisseau à vous couler un budget national, se dresse fièrement dans un environnement souvent hostile aux couleurs et pour certains, aux valeurs Françaises.
Tous ceux qui ont eut la malheureuse idée de s'y rendre en voiture, gardent des souvenirs impérissables de l'expédition. Véhicule fracturé ou en fourrière, peur dans des
rues borgnes malgré une présence policière au-delà du raisonnable. Esplanade vide de vie et de chaleur, escouades sécuritaires et estaminets improbables …
Gageons que nos responsables reproduirons les mêmes erreurs dans les prochaines implantations de ces grands Stades qu'on nous promet à grand renfort d'annonces
fracassantes et de contrats juteux pour les amis de notre ami.
L'état a semble-t-il compris la leçon, de nouveaux partenariats vont voir le jour pour leurrer le citoyen et s'arranger entre fripons. Quarante pour cent d'argent public ce qui
encore beaucoup trop pour en faire cadeaux à des sociétés privées, soixante de fonds privés pour des bénéfices qui seront sans aucun doute totalement accaparés par le bailleur majoritaire.
Les collectivités locales seront comme toujours les plus ponctionnées avec 600 millions d'euros pour seulement 150 millions pour le joyeux décideur. Nous sommes bien loin de ce
milliard sept cents millions qu'on nous promet pour commencer (et que nous finirons bien par payer) …
Les décideurs privés vont donc construire des grands écrins à la mesure de cette société à deux vitesses à laquelle ils aspirent avec jubilation. La norme est rigoureuse, elle
effraie par sa terrible logique ségrégationniste : 10 à 12 pour cent de la capacité doivent être destinés aux loges et espaces VIP. La place du peuple fond comme le pouvoir d'achat des ces
pauvres gens.
Nos prochains stades seront donc des zones à droits spécifiques et pratiques économiques. Le champagne et les filles rémunérées y couleront à flot à l'abri de cette plèbe qui
n'aura droit qu'à d'infâmes bière sans alcool et d'insidieuses fouilles au corps. Nous ne sommes plus du même Monde et ces cathédrales du profit et de l'argent faciles en seront les vitrines
indécentes.
L'égalité n'est plus de ce pays et le football est le paradigme de cette Société de l'opulence érigée totalement en marge d'un pays réel qui s'enfonce dans la misère. C'est un
choix de société validé par un vote démocratique mais exigeons alors que le financement soit exclusivement privé.
Euro-stadement vôtre