Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Ce que nous aimerions pouvoir vous dire.


Les vérités qui ne sont pas toutes agréables.

 

 

 


    La communauté musulmane ne veut pas être confondue avec la bête fauve, ce monstre qui tua, de sang froid, des enfants. La demande est naturelle, l'appel du Recteur de la mosquée de Paris est emprunt de dignité et de bon sens. Pourtant, il y aurait tant à dire, il y aurait tant à s'avouer franchement, au delà de ces remarques convenues qui ne font guère avancer les choses.

       Des musulmans raisonnables, des gens de bonne volonté et de tolérance, il en est fort heureusement bien plus que des fauves ou des délinquants. C'est une certitude que nul ici, à la condition qu'il soit un  peu raisonnable, ne remettrait en cause. Pourtant monsieur le Recteur, vous n'êtes pas sans ignorer que vous ne parlez que de votre place d'homme cultivé et raisonnable, d'humaniste et de citoyen du monde.

       D'autres, dans les quartiers,  s'auto-proclament Imam, ils véhiculent des idées abjectes, profèrent des appels à la haine, en appellent à la guerre sainte. Que pèsent vos belles paroles lorsque ces fous d'intolérance sont sur le terrain pour troubler les esprits, interdire l'intégration, poursuivre une guerre sainte totalement délirante.

    Monsieur le Recteur, c'est de ce drame qu'il faudrait d'abord parler avec les autorités de ce pays. Les ferments de la discorde sont installés parce qu'il n'y a pas une conscience communautaire dans les nombreuses et différentes obédiences de votre foi et que nulle conscience collective ne semble émerger de ce maelström inextricable.

       Monsieur le Recteur, vous ne trouvez pas non plus l'appui qu'il faudrait du côté du pouvoir pour aborder ce problème que vous ne serez jamais en mesure de régler seul. Il faut une surveillance des prêches, il est nécessaire de contrôler les contenus et les objectifs de ceux qui s'arrogent le droit de parler au nom de Dieu. Nous tolérons par ignorance ou naïveté, par stupidité ou lâcheté les serpents qui distillent leur venin mortel.

       Puis, il faut tenir le langage de vérité aux vôtre, à ceux qui ont la sagesse de vous écouter. Notre nation est foncièrement, radicalement laïque. La religion y est affaire de conscience, elle se porte au cœur et dans l'âme mais ne s'affiche pas. Récuser ce principe c'est sans cesse nourrir la bête du racisme qui sommeille dans notre nation. Nous n'en sommes pas fiers, mais sachez que voir une femme voilée, une femme engrillagée est pour beaucoup d'entre nous, une insulte à nos convictions, une souffrance qui s'exprime de bien des manières. La femme est ici l'égale de l'homme, rien ni personne ne devrait nier ce principe essentiel de notre république.

       Ne pas vous le dire c'est vous mentir. Osons aborder ce dossier, la tolérance ce n'est pas accepter ce qui révulse les consciences, c'est accorder un regard bienveillant à celui qui respecte les grands principes collectifs qui fondent l'unité de notre société. Au lieu de quoi, les voiles sortent des quartiers comme des crachats à nos valeurs. Chaque fois, les adversaires de la démocratie, les tenants de l'exclusion et du racisme ordinaire récupèrent de nouveaux adeptes avec une complicité que je n'ose croire volontaire de la part de quelques fous d'Allah.

    Nous savons bien que l'intégration n'est pas simple, que vos coreligionnaires sont souvent victimes de discrimination, de rejets à l'embauche, de propos désobligeants, de regards qui repoussent. Font-ils le bon choix en s'enfermant dans un radicalisme qui creuse un peu plus le fossé qui nous sépare ? Nous savons qu'il n'est pas facile de demander à ceux qui sont les moins forts de faire les premiers efforts, mais c'est ainsi que firent toutes les communautés qui s'intégrèrent ici.

       Il est nécessaire de se dire des paroles de vérité. Qu'il faut des efforts des deux côtés tout comme il y a des limites intangibles à ne pas franchir. Je ne crois pas qu'elles soient si nombreuses, j'espère qu'elles peuvent être acceptées de part et d'autre. Mais il faut se les dire franchement, ne pas feindre l'hypocrisie et taire ce qui n'est pas possible. Le drame récent est l'occasion de mettre sur la table ce qui doit vraiment être évoqué pour vivre en paix et en harmonie dans ce pays qui est aussi le votre sans le moindre doute de ma part.

       Strictement vôtre.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> Bonjour C Nabum<br /> <br /> <br /> Permettez-moi d' apporter quelques précisions ( même si certaines d' entre elles sont un peu hors-sujet).Tout d' abord je souscris complètement au contenu de votre billet.Deuxièmement, ma<br /> première réaction n' indique à aucun moment que mes valeurs sont supérieures à celles des autres.Simplement, je rappelle que dans un Etat laïc comme la France les valeurs religieuses n' ont pas à<br /> interferer dans la sphère de la vie publique.Il y a quelques années j' ai eu de longs échanges sur feu LEPOST avec un collaborateur musulman français dont la femme portait une burka.Cet<br /> homme n'était pas un fou de Dieu et essayait d' ouvrir un échange de points de vue tolérant avec les non-musulmans.Nous avons échangé assez longuement, et avec courtoisie, mais sans jamais<br /> aboutir à un terrain de compatibilité entre nos différences.Pour ma part, je défendais l' idée( entre autres) que le port public de la burka était peu compatible en 2012 avec les<br /> valeurs directement issues de la déclaration universelle des droits de l' homme.Vous pouvez imaginer que mon interlocuteur n' était pas de mon avis.Plus nous avancions dans le débat et plus nos<br /> points de vue étaient irréconciliables.Avouez qu' il est quand même assez difficile de" respecter vraiment" un état de fait qu' on accepte( la loi n' interdisait pas le port de la burka à l'<br /> époque), certes, mais qu' on n' approuve pas...<br /> <br /> <br /> Pour ma part je crois, tout comme Michel Onfray et comme des millions de libres-penseurs, que les 3 monothéismes dominants( christianisme, judaïsme et islam) sont, à des degrés<br /> divers, liberticides, et qu' ils sont des attaques frontales contre la vie,la vérité, l' intelligence et la liberté.Je ne veux pas faire de prosélytisme athée, mais j' ai quand même le<br /> droit de penser comme ça .<br /> <br /> <br /> N' ayons pas peur des mots et reconnaissons, que certaines croyances religieuses posent de véritables problèmes de cohabitation citoyenne..et de ce point de vue, toutes les religions ne sont pas<br /> les mêmes: je ne suis pas boudhiste mais les croyances des adeptes du boudhisme ne viennent pas me heurter dans ma vie quotidienne.<br /> <br /> <br /> La communauté musulmanne française est donc devant un vrai problème et devrait se définir et s' interroger elle-même sur l' art et la manière de s' intégrer à un Etat laïc ( ou tout du moins qui<br /> essaie de l' être)...<br />
Répondre
C
<br /> <br /> ALEA JACTA EST<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je suis d'accord avec vous, au-delà de la forme que peut prendre le débat, quand il y a un blocage complet, un comportement<br /> totalement, irrémédiablement, intimement contraire à nos valeurs collectives, il ne peut y avoir de compromis, de terrain d'entente, de tolérance bidon.<br /> <br /> <br /> Il y a des principes intangibles et nous en avons un bel exemple. La Burka est un crime contre les Lumières, les droits de<br /> l'humain, la femme surtout. Qui ne peut comprendre cela refute les valeurs de cette société et se met de lui-même en retrait.<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> Effectivement vous avez raison de dire qu' il y a des choses élémentaires qu' on aimerait entendre en ce moment de la part de certains responsables religieux et qui feraient le plus grand bien à<br /> tout le  monde.Le gros problème avec la religion musulmane c' est qu' il n' existe aucune autorité( équivalente à celle du Vatican) qui permette de progressser depuis l'<br /> instauration du texte fondateur.Contrairement au christianisme qui évolue avec ses conciles, même si c' est parfois avec deux siècles de retard, il n' y a aucune instance<br /> hierarchique musulmane qui puisse décider du sens moderne qu' il faut donner aux textes sacrés. Du coup, on se trouve coincé définitivement au VII ème siècle, c' est à dire au moment de<br /> l' élaboration du Coran.Même si le recteur émettait des réserves sur certaines sourates comme celle qui conseille de " battre" ou de " corriger" les femmes récalcitrantes,même s' il proposait une<br /> lecture du Coran qui soit respectueuse des valeurs humanistes nées de la révolution française et fondatrices de notre république, il se trouverait toujours un groupe ou une faction<br /> religieuse pour lui nier toute légitimité au nom du fameux texte sacré! Donc, on n' en sort pas ...Même si le recteur de la mosquée de Paris avait fait cette autocritique que vous et moi<br /> aimerions entendre, ça ne changerait malheureusement pas grand-chose car ni lui ni personne n' est " le pape de sa propre église"....<br /> <br /> <br /> Je m' empresse d' ajouter que la religion chrétienne que je ne défends absolument pas s' est rendue coupable par le passé des pires abominations...mais reconnaissons-leur qu' ils ont su également<br /> faire amende honorable..parfois.<br />
Répondre
C
<br /> <br />  ALEA JACTA EST<br /> <br /> <br /> Il faut marcher sur des œufs, ne pas donner des leçons au nom d'un passé qui ne fut pas glorieux et tout aussi<br /> abominable.<br /> <br /> <br /> Là n'est pas le problème. Il est dans la définition d'invariants sociaux, de comportements au-delà desquels il n'est pas<br /> question d'envisager de vivre ensemble.<br /> <br /> <br /> Il ne viendrait à l'esprit de personne de visiter une mosquée chaussé. Il faut affirmer que la femme ne peut ici être<br /> enfermée dans une gange de tissu. C'est incontournable.<br /> <br /> <br /> Maintenant l'absence de clergé est un problème majeur pour la régulation de ce qui se passe dans les mosquées. Mais ce n'est<br /> à vrai dire pas notre problème mais bien celui d'une communauté qui devrait affirmer sa volonté de vivre ici dans le respect mutuel.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est si compliqué avec le poids du passé et les plaies du présent !<br /> <br /> <br /> <br />