Quand le rouge est mis bien avant le Vert …

Trop de précautions nuit ! Ce vieil adage était évoqué en un temps qui ignorait sans doute tout de ce bouclier administratif que l'on tient à bout de bras au-dessus de nos têtes.
L'atavisme gaulois demeure ancré dans nos têtes qui ne craignent rien tant qu'une chute du ciel !
L'armada préfectorale, plus prompte à organiser la panique qu'à anticiper les problèmes sérieux, se met en branle depuis qu'elle a établi un lien direct avec les services de
météorologie divinatoire et prospective. Sans se préoccuper du monde réel, de ces citoyens si peu considérés sous la visière de ces grands commis de l'État, on ferme les transports en commun au
mitant de la journée.
Cinq centimètres de neige paralysent ce grand pays sur-développé qui n'a plus besoin de ces équipes d'hommes simples, habillés en orange, qui en un autre temps, eurent travaillé
toute la journée pour sabler et saler les routes. Ce menu fretin d'une fonction publique si inutile assurait alors la maintenance et la continuité de l'état.
Maintenant que la D.D.E. est rangée dans le musée des obsolescences d'antan, les routes sont abandonnées à la colère des cieux et l'automobiliste contraint de se
mouvoir, n'a plus qu'à se réfugier sur les espaces payants de ces autoroutes, dont on nous a spoliés, en les donnant, pour une bouchée de pain, à des intérêts privés et étrangers.
Revenons à nos flocons ! Le préfet supprime les transports scolaires au milieu de leur mission. Les familles se débrouilleront bien ! Les enfants de nos décideurs ne fréquentent
pas ce service. Des collèges ruraux et des lycées ferment boutique, panique à bord. La neige est plus menaçante encore que l'insidieux virus H1N1. Nous vivons un monde terrifiant !
Personne ne s'interroge sur l'amplitude de la journée des collégiens et des lycéens en hiver. Ce n'est que sous le manteau blanc d'une précipitation de saison qu'on se rend
compte qu'ils arrivent au chagrin à la nuit et qu'ils en repartent de même. Dans ces conditions, il est certain que le retour sur des routes glissantes et encombrées eut été problématique.
À quand une journée scolaire en relation avec notre cycle circadien, la durée d'ensoleillement et la fatigue réelle. Autre question qui échappe totalement aux tenants de
l'alerte orange, celle qui donne le rouge aux joues de nos prévisionnistes.
Nous devenons un peuple de veaux, hommage posthume au grand Charles, qui se moquait de ses administrés mais leur vouait une sincère affection. Le mépris est resté d'usage,
s'amplifiant de locataire en locataire du palais élyséen. L'affection a totalement disparu et ce, depuis fort longtemps. Il est à signaler que ce mot est banni du cursus de formation de nos élites
au même titre que d'autres mots aussi insupportables qu'inutiles.
Fraternité, solidarité, compassion, charité, qu'importe le lexique, ces valeurs n'ont plus cours en bourse ni ailleurs du reste.
Je déclenche une alerte Orange, à moins qu'il faille passer au Rouge. Copenhague va être un échec. Les Gros C… qui nous gouvernent sont incapables de prendre en compte le
formidable avis de tempête généralisée sur notre planète.
Mais là, aucune décision coercitive, aucune mesure de précaution, aucun bouclier planétaire. Continuons, ne changeons rien, allons dans le mur mais poursuivons notre quête
folle de la richesse, du confort illusoire, des profits pour certains.
Cinq centimètres de neige déclenchent plus de réactions que deux degrés de réchauffement climatique. Une façon simple de souffler le chaud et le froid, n'est-il pas ?
Mal-Orangement vôtre.