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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

A tort l'Arbitre !

L'invective de l'argent.




    Ils sont bien seuls au milieu de tous ces enfants gâtés pourris, vedettes illusoires d'une société qui idolâtre des gens de peu. Ils sont pourtant les garants des lois du jeu quand la seule règle qui vaille ici est celle de l'argent. Ils sont les fauteurs de trouble, la menace économique, le bras armé de l'insupportable et si peu glorieuse
incertitude du sport.

    Ils ont forcément tort, ils sont nécessairement malhonnêtes, ils sont absolument faillibles . Ils sont les ultimes  représentants d'une justice humaine  qui accepte encore de confier son destin à l'arbitraire de cette machine à se tromper qui est l'homme. Ils n'ont pourtant pas le droit à l'erreur tant les sommes en jeu sont considérables, que la pression est immense et que l'œil inquisiteur
des caméras de télévision est pour eux seuls impitoyable.

    Ils s'interposent entre des puissances gigantesques, des intérêts douteux, des cartels mafieux et des individus dangereux. Ils doivent réguler ce qui est devenu un espace sans foi ni loi où s'expriment avec leurs pieds des pauvres bougres qui n'ont pas eu le temps de mûrir. Ceux-là sont des dieux des pelouses qu'on a placés au dessus des soucis du quotidien, au-delà des contingences du commun, en dehors de toute réalité.

    Alors lorsqu'une décision vient contrarier ces dieux vivants, ces étoiles filantes et non pensantes, nos pauvres fusibles reçoivent injures et crachats, vociférations sauvages et menaces physiques. Ils n'ont pas à s'immiscer dans la folie des adolescents en short, ces comédiens grotesques, ces pauvres garçons de trop de richesse.

    Les hommes en noir sont broyés par la folie médiatique qui entoure ce monde factice. Ils sont les seuls coupables, les fautifs parfaits, l'excuse définitive. Ils sont montrés du doigt, accusés, diffamés par les acteurs, les entraîneurs, les spectateurs et les commentateurs. La horde sauvage des brutes ahuries, la masse vengeresse des adorateurs insatisfaits, l'élite absurde des décrypteurs du moindre fait et geste footballistique se mettent d'accord pour porter au gémonies le pauvre directeur de ce qui n'est plus un simple jeu.

    L'homme est un loup pour l'homme et le passionné de football est un monstre pour les arbitres Il les envoie régulièrement dans les tinettes, suspecte des pratiques sexuelles qui n'ont pas l'heure de convaincre la masse beuglante de ces braillards frustrés, il les menace, les bouscule et hurle leur haine par des cris et des horions.

    Puis vient le bal des dignitaires de ce cirque insupportable. Les entraîneurs sauvent leur tête en plaçant la leur sur le billot. Les présidents, corrupteurs notoires, brigands des grands enceintes sportives, rois des contrats douteux, du trafic des enfants africains se dressent comme les derniers défenseurs de l'ordre moral. Leur compte en banque les autorisent à toutes les diffamations, ils sont
intouchables, insupportables, méprisants et parfaitement arrogants (surtout s'ils sont côtés en bourse) mais nul ne peut se permettre de le leur dire.

    Alors, fatigués, humiliés, accusés, les arbitres rendent leur sifflet et se mettent en grève. Scandale des scandales, voyez les sommes qu'ils touchent ! Comment peuvent-ils ainsi cracher dans la soupe s'indignent les caciques de ce microcosme ou l'argent tient lieu de dignité ? Ce fait-divers est parfaitement significatif d'une société qui a abandonné tout rapport à la morale. L'argent, les intérêts économiques sont premiers. Ils autorisent la négation de l'homme que l'on peut broyer pour la célébration de la puissance financière.

    Merci messieurs les arbitres d'avoir à votre tour craché aux visages de ces pauvres pantins sans âme. Je soutiens votre combat, perdu à l'avance mais si beau. Demain vous retournerez sur le pré et continuerez à essuyer les coups d'un jeu parfaitement déshumanisé.

    Donquichottement vôtre

Voilà ce que je pouvais écrire bien naïvement avant de découvrir que les hommes au sifflet ne réclamaient pas Respect et Considération mais leur part du gâteau. Décidément, tout est pourri au royaume du ballon rond. ...

     Désespérement leur

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