Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

À la roulette de la vie

Les dés sont pipés !

Les circonstances de l'existence m'ont conduit le jour de la septième manifestation contre les retraites en un lieu que je m'interdis de nommer ici. Où je suis, les préoccupations des manifestants passent pour d'impensables soubresauts d'une arrière garde d'humanoïdes arcboutés sur des avantages autrefois acquis.


J'ai pu observer tout à loisir la longue cohorte des adorateurs de notre grand chef si puissant, les profiteurs des circonstances actuelles, les gagnants de la loterie de la vie. Ils sont ceux qui vont plus vite que tous les autres, qui vivent bien mieux et ignorent tout des difficultés des oubliés de la croissance. Ils sont les bénéficiaires de cette France à deux vitesses qu'impose à tous notre grand petit homme!


Si la vie était un tapis de jeu, un des ces espaces voué à l'aléatoire qui sont proposés dans tout le pays à nos rêves illusoires par les amis du locataire de l' Elysée. Sur le tapis vert de rage des Casinos de nos vies, les dés sont pipés, les cartes sont biseautées dès la naissance et la banque ne paie cash que les plus nantis de la vie.


Curieusement, ils vivent en clan, en bande dans des zones préservées de la différence ethnique et de l'impossible cohabitation avec les miséreux. Ils se regroupent auprès d'un océan de bonheur, entre la certitude de mériter leur confort et le mépris de tous ceux qui ne jouissent pas du même train de vie.


Je les ai bien observés pendant ce bref passage en territoire hostile. Ils ne se vêtent pas comme nous, les damnés du Sarkozysme ordinaire. Ils ne parlent pas de la même manière non plus. Un discours ampoulé, une hypertrophie salivaire qui les fait chuinter à tout propos, une posture toute en rectitude vertébrale, celle qui est plus commode que son homologue morale !


Ils sont entourés de jeunes têtes blondes ou brunes bardées de prénoms importables, de sobriquets qui les placent d'ors et déjà dans le rang des futurs décideurs, des prochains chefs de grandes sociétés, des nantis du système et des premiers de classe sociale.


Papi ou mamie mènent les futurs cadres de demain tourner dans des manèges couverts, manger des confiseries maison, goûter aux joies du nautisme largement motorisé. Ils vivent des vacances éternelles sans se soucier le moins du monde de l'immense piétaille qui n'aura pour toute retraite qu'une pension de sept cents euros dans un passé pas si loin que ça.


Ici, on se moque bien de tous ces menus désagréments. La chambre d'hôtel est affichée entre deux cents et deux mille euros la nuit. L'argent n'est pas plus un problème que le logement. Les maisons ou les appartements face à la mer sont immenses et vides la plupart de l'année. Les quelques jeunes gens qui profitent seuls de l'appartement vide mènent grand train, boivent beaucoup et se moquent éperdument des manifestations lycéennes.


Leurs ainés passent devant nous dans des hors-bords indécents. Un moteur de deux cents chevaux pour des retraités à l'abri depuis toujours des besoins. Ce sont les électeurs de notre grand petit homme, ils se moquent des manifestations comme des fins de mois, ils vivent à l'écart de la misère et des problèmes de voisinage. Ils terminent leurs jours et se fichent éperdument de ceux qui n'auront pas de quoi vivre quand l'heure de la retraite sonnera aussi pour eux !


Ce monde à l'écart pue le fric et le mépris. Ici, on vit entre soi et les jours s'écoulent bien loin des soucis quotidiens des gens de peu qui méritent sans doute leur sort. D'ailleurs ils sont nombreux à croire en leur bonne étoile, à espérer un gain providentiel au loto, aux courses ou bien ailleurs pour vivre le restant de leur âge comme ces montres d'égoïsme !


Labaulement vôtre.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article