Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Le nez de Pinocchio

La bouteille à l'encre.

 

Il est parfois préférable de mentir que de devoir affronter la réalité, c'est du moins ce que je pressens alors qu'une attente plus qu'une demande, s'impose au chroniqueur qu'une personne prend sans doute pour un critique littéraire (ce qui ne serait pas la première fois). Un tiers bienveillant sans doute, perturbant plus sûrement m'a confié une bouteille à la mer à moins que ce se soit une bouteille à l'encre.

J'use alors, en guise de pirouette de cette expression dont je n'ai jamais véritablement saisi le sens. C'est sans doute pour dissimuler ma honte de n'avoir pas compris ce livre qui m'a été donné contre la demande pressante d'en faire billet afin de briser le silence assourdissant qui accompagne la sortie d'un ouvrage d'un presque anonyme.

Me voilà donc avec cette tâche dont je mesure l'importance pour celle qui espère, qui attend, qui réclame un peu de considération, cette offrande élémentaire qui devrait bénéficier à tous ceux qui un jour, glissent sur le papier une part de leurs rêves. Un livre, c'est un cri du cœur, un appel au secours, une quête de reconnaissance, une impudique confession, un pari ou bien encore un défi. Chacun trouvera la définition qui sied à son cas personnel sans que je sache moi-même ce que furent alors mes attentes à l'époque où j'avais encore l'absurde prétention d'être lu.

Conscient des enjeux, je ne pouvais me dérober. Je plongeais dans ce petit fascicule avec la ferme intention de me montrer bienveillant. Hélas, rapidement, c'est ma propre faiblesse que relevait ce récit complexe en abîme, composé ou bien même assemblé comme un labyrinthe dans lequel je me suis honteusement perdu.

Parfois dans pareil cas, fort immodestement j'estime que la faute en incombe à l'auteur avec un style ampoulé, des phrases alambiquées, des maladresses ou imperfections. Mais cette fois, il n'en était rien, je ne pouvais me réfugier derrière une telle excuse. Nulle faute de goût ou de style, de forme ou de ton. C'est moi qui ne parvenais pas à entrer dans l'univers de l'autrice.

Il me fallait avouer mes lacunes, mon incapacité à percevoir l'intention qu'elle a placée dans la complexe construction de son roman. Je manquais de plus de référence et même, toute honte assumée de culture dans cet univers du théâtre et des acteurs. J'étais resté à l'écart de ce texte, de ce récit et pourtant, je n'avais pas le droit de me défiler.

Comment dans pareil cas, donner un coup de pouce alors que celui qui est censé le faire, a perdu pied dans le foisonnement des références qui m'échappent. Avouer ma stupidité n'est pas chose facile même pour celui qui joue souvent le berlaudiot. Trop de références me sont inconnues, je reste sur le quai sans pouvoir suivre le récit. Est-ce un motif pour ne pas vous offrir un éclairage sur ce travail dont je ne sais que vous dire ?

Il me faut bien faire quelque chose. C'est un devoir moral d'autant que je sais la dame en grande détresse, se sentant oubliée par ce microcosme culturel qui fut son univers à de rares exceptions. Je n'ai d'autres possibilités que de vous offrir des extraits de ce livre qui ne me convia pas à son festin.

Vous vous ferez votre opinion sans prétendre que j'ai usé de persuasion, de flatterie ou de copinage. À vous de juger sur pièce...

 

 

L'Océan peut attendre

 

Le neuvième jour…

 

Je suis obligée de me distraire, je n'ai pas le choix, les envahisseurs débarquent les langoustines. Et moi je songe à réaliser une cuisine littéraire, une odeur de romans de gares abandonnées, un gratin soufflé d'anecdotes absurdes, une œuvre proche de la tartine passéiste percutant le sol du mauvais côté, secouée d'images rétrogrades. En résumé, j'espère développer des meringues philosophiques sur l'immortalité de l'âme et me libérer des mareyeurs de la Tour du Parc.

 

Collodi avait de l'humour et la vue marine me ramène à Pinocchio et ses camarades ânes incivils qui rejettent à l'eau tous les livres encombrants et inutiles pour le développement incongru de leurs cervelles molles dont les « Mémorie d'un Pucino » écrites par Ida Baccini six ans avant l'auteur de Pantin frivole.

 

Les poissons aussi ont leur opinion et refusent cette cuisine offerte : « Ces trucs-là ce n'est pas pour nous ! Ce que l'on mange d'habitude est bien meilleur... » Le conte du petit Poussin jaune d'Ida rejoignait l'oubli pour Carlo qui voulait rester maître dans cette approche de l'enfance. Elle faisait de l'ombre avec ses multiples éditions pour les jeunes cervelles, surtout féminines. Pas obligatoirement féministe la dame sculptait l'éducation des petites filles, pour qu’adultes, pas intellos pour un sou, elles protègent leurs maris.

 

Si les poètes sont des voleurs d'enfants, des voleurs de leurs rêves, les écrivains pédagogues sont les directeurs d'imaginaires.

Je n'ai pas dit dictateurs… quoique…

 

Claude Albane Antonini

Tout s'éclaire alors pour moi, l'âne bâté et l'écrivain pédagogue. Je me suis senti visé, un peu jaloux et surtout pas à la hauteur. Je m'incline et rends hommage à la dame et à son texte.

 

À contre-sens.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article