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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Les calembourgeois de Calais

Au pied de la lettre

avec des jeux de mots laids.

 

 

Princes sans rire, jongleurs de mots, adeptes de la langue des oiseaux, les calembourgeois font et défont les sens au gré de leur imagination. Pour eux, tout est prétexte à la saillie, à la réplique décalée, au trait d'esprit. Ils se heurtent pourtant à l'incompréhension de ceux qui restent si terre à terre qu'ils ne peuvent envisager le double sens, la dérive lexicale, le clin d'œil espiègle ou irrévérencieux. Le présent billet risquant fort de leur tourner les sens, sans prendre de gants, je leur conseille de couper court à cette lecture déjantée.

L'ami Victor Hugo a semé le trouble dans les rangs de nos manieurs de saillies linguistiques en prétendant que le calembour est la fiente de l'esprit qui vole. À y regarder de plus près, la sentence n'est pas si terrible car d'une part c'est faire preuve d'esprit que d'en user et si celui-ci vole au-dessus des basses contingences, il prend de la hauteur pour justement se gausser du réel.

Mais attention, n'allons pas jusqu'en faire de ces manieurs de langue l'aristocratie des lettres. Ils ont parfois tendance à user de la chose au point de perdre de vue le message. Trop de calembours tuent le message, le brouillent, le parent d'une opacité détestable. Le calembour doit être servi à propos, dans le respect de la dose écrite, sans lourdeur ni maux de tête.

Les calembourgeois ont des rivaux redoutables et plus insupportables : les contrepéteurs, les soupirants de la comtesse. Ceux-là falsifient le sens, cherchent le propos graveleux, tordent les mots pour les essorer à leur volonté. Malheur à qui ne dispose pas de leur tournure d'esprit. Ils se moquent alors que ce ne sont que de vulgaires contrefaisants de la phrase

Laissons ceux-là à leurs permutations oiseuses voire foireuses, pour retrouver d'autres malfaisants de la phrase. Ce sont du reste les plus nombreux, ceux qui glissent des anglicismes à tout bout de champ lexical. Traîtres à la patrie ils iront brûler les calembourgeois de Calais et d'ailleurs, laissant la vie sauve aux adeptes de calembredaines, les blagues qui vous font se taper fort sur le ventre

S'ils savaient que calembour et calembourdaine sont issus du même socle pour former calembredaine et ainsi désigner des paroles en l'air, ils se seraient méfiés de ceux qui hument ainsi le sens du vent de l'histoire pour travestir la vérité sur les oripeaux de la farce. S'il est permis de rire de tout, il convient par prudence de choisir avec qui.

Les calembourgeois de Calais avaient plus d'un tour dans leur manche. Ils échappèrent à la sentence, préférant mettre à exécution un plan plus diabolique, en se racontant in petto une histoire si drôle qu'ils en moururent de rire. Le bourreau écœuré se dit qu'il eut mieux faire de les égorger pour voir s'il leur était aussi possible de rire à gorge déployé. Sans le savoir il venait d'inventer l'acronyme LOL d'un éclat de rire en imaginant sa blague.

Revenons cependant au niveau des pâquerettes en quittant Calais pour la ceinture des grandes villes. C'est justement la limite en dessus de laquelle l'humour ne fait plus recette. Les propos graveleux sont comme le cochon, tout est bon pour obtenir un éclat de rire y compris en le devançant ou en le suscitant par une bande enregistrée. La bande du reste ne laisse jamais le public dubitatif sauf du côté des pinailleurs de mon calibre.

Est-ce parce que je fais jeu de tous droit que empruntant les chemins de traverse, mes mots se perdent en cours de sens, déboussolant le lecteur tout comme le scribouillard. Cette histoire n'ayant ni queue ni tête, ne risque point de vous faire perdre la vôtre sans que vous sussiez à laquelle des deux je fais présentement référence. Pour la chute autant trébucher sur un terme alambiqué, comme par exemple baliverne ou faribole. Vous choisirez celui qui vous agrée.

À contre-pet.

 

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