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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Du monopole de la casserole chez l'étameur du palais

De la queue à la flamme …

 

 

L’administration française fit jadis la gloire des ronds de cuir et de Courteline. Ils savaient alors se relever les manches pour épargner leurs manches tandis qu'ils évitaient l'usure en s'affluant de manchettes protectrices. L'apparition progressive de la machine à écrire puis de l'ordinateur avait remisé cet ustensile peut élégant dans les oubliettes de l'histoire administrative.

Puis nous passâmes soudain, sous la présidence d'un certain jeune banquier, aux ronds de cuivre, appellation quelque peu galvaudée pour un chef de l'état qui s'y prend comme un pied. Il est vrai que la marche était haute pour qui n'avait jamais connu d'autre élection avant le poste suprême. Mais revenons aux ustensiles qui deviennent progressivement les attributs du pouvoir.

La casserole puisque c'est ainsi que le commun nomme cette écuelle qui mérite pareille appellation pourvu qu'elle soit munie d'un bec alors que dans le cas contraire, il serait opportun de la désigner par le vocable de Russe, fort mal vu en ce moment, la casserole donc a toujours fait partie intégrante des différents gouvernements de ce marmiton désastreux.

Il y avait un préalable pour faire partie de la brigade rapprochée du Freluquet, sa garde prétorienne : traîner quelques casseroles derrière soit pour justifier d'une « Ripoublique » exemplaire. Condition sine qua non pour les adeptes du latin de cuisine et de la politique de latrines. Si les citoyens n'avaient pas été mis au parfum c'est qu'ils fermaient les yeux, les oreilles et les narines pour ne pas se rendre compte de la farce.

Ce fut cependant un plat trop réchauffé qui mit le feu aux poudres et sentit le graillé dans les cuisines de l'état. À vouloir prolonger la cuisson de deux années, le grand marmiton fit attacher le cul des casseroles. S'il suffit d'un peu d'huile de coude, de sable ou de poudre détergente pour les récurer, personne ne se rendit compte que cette croûte brûlée alourdissait singulièrement les cortèges ministériels.

Des mesures furent prises pour confisquer dans la population des casseroles en meilleur état afin d'alléger le fardeau tout en s'exonérant de laver les culs sales. Quelques arrêtés préfectoraux permirent ainsi de reconstituer les stocks tout en privant le bon peuple d'une expression citoyenne revenue à la mode après les émeutes contre la monarchie de Juillet en 1830.

Si c'est dans les vieilles marmites qu'on fait les plus belles révoltes, l'étameur découvrit que les casseroles ne disposent pas toute d'un manche car si celui-ci est amovible, il convient de les désigner par le terme queue. Notre homme fut sans doute sensible à cette formulation lui qui en bon maître queux du brouet libéral, avait un penchant tout naturel pour la chose.

Il découvrit par la même, que l'instrument de percussion idoine était tout naturellement la cuillère de bois. La classe politique dans son ensemble s'éleva contre l'usage de cette dernière qui implique que pour goûter à la sauce on y dépose discrètement une langue éponyme. Trop de symboles convergents qui expriment la plus parfaite mauvaise foi d’une nation où les citoyens ne veulent pas reconnaître les immenses mérites de leur chef.

La répression allait s'abattre contre tous les utilisateurs de casseroles. De escouades fortement armées ayant pour mission de fouiller les arrière-cuisines, les celliers, les caves et les greniers à la recherche de cette arme par destination, de destruction massive de la quiétude républicaine. Les historiens qui se penchèrent sur ce curieux épisode prétendirent curieusement que le pouvoir fit un four, ce qui là encore annonçait les plus grandes difficultés pour les prochaines cuissons à la flamme olympique.

À contre-feu.

Tableaux de Louis Toffoli

 

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