Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
8 Mars 2023
Nevers never
Que c'est beau la chanson quand elle n'est pas mièvre. La fille de la Nièvre nous en a fait une éclatante démonstration dans une Ruche qui bourdonnait de plaisir, de jubilation et d'émotion. Toute la gamme des sentiments y est passée, du rire aux larmes, de la poésie à l'absurde, de la fantaisie à la mise à nue.
Elle est derrière son piano rouge, clouté de doré qui lui ressemble, qui fait corps avec elle. Dès les premières notes, on devine que la dame s'insinue dans la partition, chante parmi les notes et les silences. La musique n'est pas un décor, plus sûrement sa maison. Elle y entre en communion avec un public qui ne demande que ça, se laisse prendre par le cœur, celui qui ouvre le bal de manière magistrale. Chaque battement sera un coup, une invitation, un voyage, une plongée dans ce qui fait la magie de la chanson quand elle est ficelée de la sorte.
Un petit pan de vie, une nouvelle, une histoire simple, un cri du cœur, une farce, un coup de poing… qu'importe l'angle d'attaque, elle se fera singulière et à jamais plurielle quand elle décline quelques instants une ode à Nevers à jamais dans nos têtes. Elle chante certes et fort bien du reste, mais ce n'est pas l'essentiel. Elle envoûte, elle charme, elle se joue de son public.
Elle a cette merveilleuse faculté de ne s'adresser qu'à l'un ou l'une d'entre nous. Étrange pouvoir que celui de laisser croire qu'elle ne chante que pour moi, que pour ma voisine, que pour cet autre. Pourtant, nous sommes dupes et nous aimons à croire qu'elle ne s'adresse qu'à nous. C'est un talent rare que ce minois charmant, ces yeux pétillants, sa faconde et son humour permettent de réaliser lors d’intermèdes qui nous ravissent.
Ravir, c'est cela même. Elle nous emporte, nous transporte, nous prend par ce cœur qui a ouvert le bal et son tour de chant. Nous ne pouvions être pris en traîtres puisqu'elle avait annoncé la couleur, ce rouge sang qui ne cesse de battre dans ses veines.
Que de chemin parcouru depuis ses débuts. Elle maîtrise le voyage enchanteur qu'elle nous propose. Elle est en symbiose avec ce public, attentif, suspendu à ses lèvres, à son sourire, à ses textes, à ses mélodies. Tout est harmonie dans ce tour de chant qui fait oublier les tracas et les soucis. C'est là le miracle de la chanson de qualité que d'offrir ce merveilleux cadeau.
Elle a même l'élégance d'offrir sa chance à une jeune chanteuse : Leiho, de lui dérouler le tapis rouge en lui faisant grâce d'une première partie puis en l'invitant à partager un duo. La dame, non seulement est une grande artiste mais c'est aussi une belle personne. Il n'est pas à douter qu'une belle carrière s'annonce devant elle si le public se donne la peine de la découvrir.
J'en oublie de vous dévoiler son nom de scène. Je suis sans doute encore sous le charme de cette diablesse à moins que jalousement, je souhaite garder pour le public orléanais ce joyau qui ne tardera pas à voler de ses propres ailes survolant les scènes et son île intérieure. Étant convaincu qu'elle n'a nul besoin d'un coup de pouce pour vous séduire, il ne me reste plus qu'à la nommer ici pour que vous fassiez le siège des programmateurs et des directeurs de salle.
Celle qui a ainsi un piano au bout des doigts, qui est pimpante et rafraîchissante, tendre et espiègle, sage et coquine se fait appeler Liz Van Deuq. Elle qui est née à Decize pour venir poser ses valises à Saran, doit se rappeler qu'un autre enfant de son village a connu un fort joli succès en bord de Loire. Puisse-t-elle avoir dans un registre fort différent, un destin à la Maurice Genevoix. Je ne peux que le lui souhaiter.
Si par hasard il vous prenait l'envie de vous faire votre opinion en écoutant ses disques quoique vous ne serez pas déçus, je tiens à vous rappeler que l'alchimie de cette formidable artiste tient dans la magie qui émane du spectacle vivant. Ceci vaut pour elle bien sûr mais pour tant d'autres également. Ne l'oubliez jamais !
À contre-tendance.