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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Postériorité ou postérité ?

Confusion des sens …

 

 

 

Espérer la postériorité à moins que ce ne soit la postérité c'est confier ses vains espoirs de notoriété en un futur imaginaire tout aussi incertain que ce présent qui se refuse à vous. En un sens, c'est une forme de cautère sur une œuvre en bois, un cataplasme qui fait passer la catastrophe de l'heure pour une période de vache maigre qu'il faut bien supporter.

Celui ou celle qui se place dans cette supputation formidablement aléatoire n'aura certes pas le bonheur d'examiner son pari. Le point final pointera de manière inexorable la fin de ses espoirs. Il n'aura même pas l'opportunité de se retourner une dernière fois sur son parcours pour examiner attentivement ce qui explique ce terrible et particulièrement injuste (de son point de vue) revers et sa coupable confusion lexicale.

Agissant de la sorte, deux possibilités s'offrent à lui (ou à elle). S'il demeure à sa table de travail, rédigeant une fois encore, une partie de cette œuvre totalement restée dans l'ombre, il n'aura pas le bonheur de se satisfaire d'une approximation lexicale qui l'eut sauvé du naufrage. Il pensera éternellement qu'il l'a dans le dos.

L'amertume demeurera en dépit de la foi qu'il place en la sagacité des générations futures, les seules à comprendre ses écrits tout en percevant ce talent qui échappe à ses contemporains. L'ingratitude des uns et le néant des autres, consolation dérisoire qui ne donne aucune satisfaction à celui qui use d'un tel expédient. Seule sa certitude d'avoir un avenir loin de son pendant, lui permet d'espérer en des lendemains qui l'encensent.

Si par contre, il se dresse pour voir au loin, pour dépasser sa ligne d'horizon, en levant son séant, il a de fortes chances pour qu'il conserve un tant soit peu de souplesse, de percevoir ce postérieur qui lui garantira plus tard une position assise dans le panthéon littéraire. Maigre illusion en dépit d'une partie charnue fort rebondie chez celui qui passe le plus clair de son temps devant son clavier.

Alors, il se souviendra des mots de Pierre Dac, ce maître penseur qui accompagna sa jeunesse, qui prétendait que « l'avenir de ce monsieur est devant lui et il l'aura dans le dos à chaque fois qu'il fait demi-tour ». Il n'avait alors pas saisi la portée de cet aphorisme en dépit des nombreux coups de pied au c... qu'il reçut alors en proférant de telles âneries durant sa scolarité.

Ce n'était donc que ça, un simple problème d'anatomie qui place certains sur le trône ou bien dans les annales de la raie publique tandis que d'autres sombrent dans les fosses de l'oubli. Il suffisait d'y penser, la postériorité n'est qu'une facétie, le revers de la médaille, la face cachée de la Lune.

Rasséréné, il peut alors se rasseoir et poursuivre inlassablement sa quête en sachant désormais qu'elle est aussi vaine que dérisoire. Qu'importe puisque de toute manière, c'est l'essence même de son existence, sa raison d'être et sa douce assuétude. Il écrit en sachant désormais qu'ils feront don de son corpus au silence et à l’absence. Il n'y aura nul hagiographe pour venir tresser des couronnes de laurier ou une épitaphe bien sentie.

Fort de cette certitude, il décide de se servir lui-même en retournant vers son maître. Il s'est toujours donné pour ligne de conduite son humour corrosif, autant se le servir une fois ultime afin de fermer définitivement son clapet tout en se mettant en boîte sans se faire mousser agissant à rebours de ceux qui aspirent à la bière cautionnée et luxueuse

« Il écrivait pour ne rien dire et n'avait rien à dire quand il écrivait, respectant ainsi scrupuleusement les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant que d'ouvrir leur écran de Pandore. » C'est alors qu'il découvre à en rester sur le c... qu'il a confondu deux termes si proches qu'il avait omis d'en assurer ses arrières.

À contre-temps.

 

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