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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La nouvelle mythologie.

Héros aux chevilles d'argile

 

 

Adieu Achille et son talon vulnérable ou le colosse de Rhodes. Le soleil a été suppléé par les projecteurs tandis qu'Hélios n'est plus en bronze mais en argile friable à merci. La mythologie de l'époque repose sur un Messie qui a fini par être prophète en son pays à 35 ans, ce qui met en cause l'histoire officielle tandis que son double satanique ne cesse de se rouler par terre.

Les chevilles du mauvais diable occupent les journaux et les conversations. C'est là que le bât blesse, que l'espoir s'envole, que le drame se noue pour des fidèles qui ont pour unique épopée la conquête d'un Graal à grandes oreilles. Le sang n'y coule plus, on y préfère l'encre des magazines qui empêchent les supporters de penser.

Les parents, soucieux d'éduquer véritablement leurs rejetons avec les valeurs de l'époque, les griment avec un maillot dont le nom de l'idole est floqué sur le dos. La nouvelle iconographie sacrée se contente des lettres qui ne sont dorées que pour le compte en banque de l'équipementier. Fort de cette tunique sacrée, le saint suaire peut aller se rhabiller tandis que la miraculeuse sueur des demi-dieux est conservée pour servir de sainte crème chauffante.

Pour redistribuer les cartes de l'Odyssée, les compétitions internationales remplacent la guerre de Troie alors que la belle Hélène ne sert plus de prétexte. La toison d'or est réduite à peau de chagrin, une simple étoile brodée sur la tunique du vainqueur tandis que les nations du pétrole ont transformé le football en cheval de bois pour investir les nations européennes.

Le seul dieu reconnu dans ce capharnaüm mythologique de pacotille est l'argent qui dégouline de partout. La multiplication des pains nous ayant tous laissés sur notre faim, nous sommes censés saliver devant les sommes colossales que coûtent ses nouveaux gladiateurs. Du pain et des jeux n'y suffisant plus, il fallut pousser la proposition publicitaire avec du caviar et un ballon rond.

L'état en oublie sa séparation avec l'église, qu'elle soit ancienne ou bien nouvelle pour ceindre d'une légion d'honneur, les dieux du stade. Notre Méprisant de l'arrêt public se faisant d'ailleurs pour l'occasion, le grand prêtre de la cérémonie, l’idolâtre de service et l'admirable consolateur des causes perdues. Même un coup de boule, donné jadis, n’exclut pas le coupable de la cérémonie sacrée.

Nouveaux temples, les stades résonnent des chants liturgiques, toujours accompagnés de gestes qui rappellent d'étranges mauvais souvenirs. Le peuple des fidèles hésite alors entre dévotion et fanatisme, tombant avec délectation dans la seconde suggestion. Pour remplacer l’encens, les fumigènes sont toujours de sortie alors que les cloches ont laissé la place aux bombes agricoles et aux cornes de brume.

Point n'est besoin de bréviaire pour suivre la cérémonie. Les banderoles remplissent leur office tandis que les cantiques se sont inclinés devant des beuglements bestiaux, des vociférations venues de l'enfer. La grande messe est une cérémonie païenne, une messe noire qui exige un sacrifice.

Tout finit hélas par s’effondrer quand le joueur de poker à la cheville branlante, s'effondre en faisant tapis. Il fait ainsi sauter la banque tandis que les parieurs pleurent leur argent parti vers d'autres cieux. Les fidèles boivent le calice jusqu'à la lie, même si ce sont des bières qui coulent à flot pour oublier le rêve de gloire éternelle envolé. Le Paradis qatari a du plomb dans l'aile, Paris valait bien une vesse.

À contre-sens.

 

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