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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Les turpitudes d’un pinailleur dubitatif

Les mots le turlupinent.

 

 

 

 

C'est lors de la visite d'une célèbre pinacothèque que notre ami Pinocchio qui jusqu'alors n’y pipait mot sur ses interrogations intérieures, nous fit part de son incompréhension devant la variété d'interprétation que l'on peut faire de ce qu'on entend. Jusqu'alors, il parvenait à saisir le fond de la pensée d'un locuteur quelconque mais depuis quelque temps, il segmentait, fragmentait, jouait des ressemblances, des analogies, des assonances et dissonances pour au final devenir un obsédé textuel et un adepte de la langue des oiseaux.

 

Tout ce qu'il entendait était désormais sujet à interprétation, le plus désolant étant sans doute que des pensées coquines interpénétraient ce qu'il entendait, prenant le dessus sur l'expression initiale de son interlocuteur. Quoique conscient de la chose, justement il ne pensait plus qu'à la chose sans que quiconque jusqu'alors ne se montre compatissant à son égard. La concupiscence le gagnait, non par le passage à l'acte mais en prenant les mots à rebrousse-poil.

 

Quoique jamais complaisant avec lui-même, Pinocchio dut admettre qu'il faisait face à un épineux problème, une subite divergence de pensée qui le mettait en porte à faux. Si son nez ne trahissait nulle réaction, il réagissait par une excroissance inopinée et quelque peu exorbitée. Ainsi le mensonge avait laissé place à la grivoiserie pour celui qui envisageait de se faire cénobite.

 

Un cas de conscience qui le laissa dubitatif. Comment justifier pareille turpitude langagière quand on désire cohabiter avec des religieux sages et abstinents ? Voilà bien un sujet de nature à défrayer la chronique en une période consternante pour l'église de France. Se confesser n'aurait fait qu'aggraver son cas et ce syndrome aussi spectaculaire qu'épineux.

 

Le nœud du problème en somme le contraignit à prendre une décision subite, couper l'objet du délit sans autre forme de procès. La chose devenant trop encombrante, son esprit ébranlé, il lui fallait accepter cette lourde perte. Il fut contraint à faire la culbute pour couper court sans compassion aucune pour ses souffrances.

 

Sauver son âme, la placer sur orbite pour être certain de gagner les cieux, devenir une étoile filante, passe sans contexte par un sacrifice consistant. Ne portant plus sa bannière, il pouvait désormais afficher sa croix la tête haute, le nez au vent sans le moindre concurrent fâcheux. Il venait de sauver la face en perdant l'objet délictueux, cette cucurbitacée d'une chair bien trop faible.

 

Hélas ce fut pour lui une telle crise de conscience, qu'il se convertit, cédant aux sirènes d'une autre foi. Il se fit moabite tout en s'autorisant la chopine. Subitement, il avait eu une révélation, son âme estourbite venait de le mettre sur le chemin de Damas. Il quittait donc ses habitudes alpines, pour s’en aller prêcher dans le désert, loin des tentations qui n'avaient plus de raison d'être du reste.

 

Pinocchio, par une curieuse erreur d'aiguillage se retrouva, complètement perdu, au milieu d'une pelouse entourée de climatiseurs monstrueux. Son aventure tournait en queue de poisson, il était pourtant trop tard pour faire machine arrière. Il enfila un short et courut tel une lapine écervelée après un ballon rond.

 

Il faut véritablement être dépourvu de cette excroissance qui fait habituellement la fierté mal placée des hommes pour s'exhiber ainsi dans un stade bâti par des esclaves. Mal du reste lui en prit puisque le pouvoir en place dans cette principauté sans principe, apprit que notre malheureux Pinocchio était susceptible d'être un transsexuel potentiel. Les cerbères du stade, s'emparèrent de lui pour le mettre immédiatement au secret dans les geôles de l'endroit.

 

Voilà où conduisent les pensées honteuses et les pratiques douteuses. À trop jaspiner des sornettes, débiter des cochonneries, le pauvre garçon découvrit un peu tard que la concupiscence n'a nulle place chez les wahhabites, organisateurs de ce tournoi de la honte.

 

À contre-emploi.

Tableaux de  Artemisia Gentileschi

 

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