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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Le bon grain et l'ivresse.

Vent d'ange …

 

 

 

Les anges ont soufflé sur la vigne pour qu'elle soit bénie des dieux, du moins les plus tolérants, ceux qui permettent de boire le calice jusqu'à la lie. Il se murmure même que l'un des locataires de l'Olympe n'hésita nullement à multiplier les pintes en mettant beaucoup d'eau dans son Graal. Il finira même par une trempée au vin qui sema la consternation parmi ses invités.

Au chant d'un coq qui n'était nullement ovin, il eut pu opter pour scène, il préféra se sacrifier pour assurer le clou du spectacle, ajoutant avant que de se rendre à son destin, que tout cela finira en eau de boudin. Le calice en Galice et partout ailleurs allait faire des émules pour que les bons moines répandent en Gaule la culture de la vigne.

Si des mauvais esprits prétendent que c'est pour abuser de la boisson, je me dois de rétablir la vérité. La vigne a fait son apparition autour des abbayes et des monastères afin de généraliser l'usage de la feuille éponyme pour ne point provoquer la tentation chez ces hommes portant soutane et ayant fait vœu de chasteté et non de sobriété. Le cep est fragile en dépit des apparences et grand eut été le risque de marcottage sans cette sage mesure.

La vigne, par ricochet donna le grain, le bon, celui qui fut livré dans le pressoir et foulé aux pieds par des chanteurs de psaumes. On ne pouvait s'assoir pour écraser le vin de messe, le risque de confusion eut fait tourner les esprits. Le jus de la treille, contourna à ce que prétendre les mécréants ne tourna pas vinaigre mais bien au contraire, tourna les esprits des religieux.

La confusion fut telle dans leur rang qu'ils choisirent le vin blanc pour symboliser le sang au risque de passer tous pour d'affreux daltoniens. Ils poussèrent les troubles de la perception jusqu'à faire passer pour du pain une petite et mince galette pour une tranche de pain. Fort heureusement, la cochonnaille ayant été évacué de la liturgie, personne ne s'offusqua de l'impossibilité d'y étaler des rillettes.

Pour attirer du monde dans l'office, ils crurent bon de promettre le partage du repas. Le peuple, naïf se précipita pour constater qu'il devait se contenter de l'hostie sans jamais tremper les lèvres dans le nectar. Une honteuse privation qui laissa curieusement beaucoup de fidèles sur leur faim. Les plus rebelles préférant bien vite faire leurs dévotions dans le café du commerce situé juste en face de la table commune.

De fil en aiguille, se sentant floué, prétendant que boire le vin sanctifié ce n'était pas pour eux, les fidèles de la maison d'en face inventèrent nouvelle célébration. Le vin cuit bouta le sang du menuisier avant que d'être détrôné au royaume des gueux, par les spiritueux qui aspiraient à une nouvelle expression de la spiritualité.

Le verre à pied fit alors son apparition sous la forme d'un petit ballon avant que de s'élever progressivement vers les cieux. Tandis que le comptoir devint le nouvel autel de cette masse de célébrants impénitents qui montraient ainsi leur sens du partage et de la fraternité. Le coude à coude fut la règle et chacun de trinquer à cette communion solennelle des élus de la dive bouteille.

Si l'eau se mit à couler sous les poncifs, ce fut uniquement pour venir troubler un nouveau breuvage anisé qui un temps fit un véritable pastis chez les célébrants. La mignonnette venant opportunément limiter la dose tant leur foi mettait en péril leur foie. On ne peut tout avoir et il est préférable de le boire pour y croire.

Puis vinrent de nouvelles pratiques qui imposèrent de troquer l'eau bénite par celle de Seltz qui fut recommandée par quelques bulles papales détournées de leur objet. Le tour était joué, la messe était dite et la célébration apéritive prit largement le pas sur la messe dominicale. Quand le vin est tiré, il faut le boire …

À contre-histoire.

 

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