Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
30 Mai 2022
Bataille d'images …
Tandis que le niveau de la Loire ne cesse de décroitre de manière inquiétante, que les bancs de sable font d'elle une rivière de silice, que les centrales nucléaires poursuivent leur ponction gourmande, prélevant le peu qui encore coule par ici, que des furieux lancent un pont en un endroit névralgique pour faire passer des camions dans un avenir qui sera bientôt privé des humains, un gentil député de la majorité poursuit son inlassable bataille d'images en paradant, assis sur un fûtreau qui descend la Loire.
Un député est désormais, à l'instar d'une marque de fromage, d'un paquet de jambon en tranche ou d'une baguette de pain, un produit markerting, pensé et mis en scène (sur la Loire, quelle maladresse) pour laver plus blanc à la prochaine utilisation. Déjà notre ami – car comble de la filouterie, ce monsieur est éminemment sympathique – nous avait proposé son image et ses coordonnées sur les emballages papier qui enveloppaient les baguettes de pain. J'ignorais que la publicité politique fut autorisée dans ce pays mais il est vrai qu'à soutenir le pouvoir en place, il est permis de s'arroger quelques largesses.
Désormais c'est sur le fleuve royal que le tambour major des boulangers de France lance sa campagne, oubliant sans doute que dans cette monarchie élective qu'il soutient de ses vœux, seul le peuple est souverain. La prudence s'impose tandis qu'un Pont, lui aussi Royal, se profile à l'horizon. Notre postulant à sa succession n'est hélas pas Mirabeau, en dépit de ses innombrables passages à la télévision. Agitateur patenté et adoubé de la Macronie, il a servi de caution à une certaine forme de rébellion alimentaire, juste de quoi laisser à penser que dans cette majorité, il était permis de faire entendre une voix discordante, avant que de voter comme tous les copains, les lois liberticides.
La barque est pleine, il faut bien l'avouer et en dépit de sa bonhommie, il a chargé les soutes de bien des coups bas qui viennent en totale contradiction avec les valeurs qui jadis, nous réunissaient dans une utopique confraternité. Il a sans doute oublié tout ça, grisé par un pouvoir qui même sur la Loire, fait avaler des couleuvres pour rester en place.
Je ne sais ce qu'il a dit. Depuis belle lurette, j'ai coupé le son quand on me prend ainsi pour un âne. Je regarde l'image seulement ; elle en dit bien plus que les paroles convenues, le ton enjoué, le débit largement supérieur à cet étiage qui a pris de l'avance sur la saison. La Loire du reste ne dit rien et bonne poire, ne va pas renverser l'embarcation de celui qui votera, s'il est réélu, de nouvelles centrales nucléaires qui viendront puiser le peu qui reste d'eau pour refroidir les tours de l'enfer.
L'envie me prend de rêver d'un naufrage, d'un engravement de ce si sympathique matelot de la Renaissance. Il se retroussera alors les manches, prendra une baguette de pain, pour souquer ferme afin de se sortir de ce mauvais pas. Ne craignez rien, le lascar et aussi coriace que perspicace, il poussera l'embarcation dans le bon sens, celui du courant majoritaire qui achèvera sa route folle, non dans l'Océan, mais plus sûrement, dans la grande catastrophe climatique.
Je lui souhaite bon vent, même si pour l'avalaison, la chose ne lui sera d'aucun secours. Il saura retomber sur ses pieds ; il en va toujours ainsi pour les amuseurs de son espèce. Quant à son pourfendeur, il y a grand risque à moquer celui qui sait si bien vendre son image. Qu'importe les conséquences, il convient parfois de remonter les pendules à tous ceux qui jouent ainsi les petits coqs de la politique, en faisant à la fois un métier contrairement à ce qu'ils affirmaient autrefois et une simple représentation dénuée d'idées, de projets, de grands desseins.
Qu'il me fasse ainsi concurrence dans le registre de la Bonimenterie n'est sans doute pas étranger à mon changement de cap, à ce billet de méchante humeur, à cette diatribe ligérienne. Je n'aime guère ceux qui usent des mêmes ficelles (bouts) que moi, mais non pour divertir et amuser, mais bien au contraire pour tromper, leurrer et trahir. Qu'il puisse être réélu est fort probable car tel Zébulon, il s'est agité pour qu'on ne voit que lui, mais au bout du compte qu'il entende pour une fois que son numéro ne trompe personne, lui sera peut-être salutaire pour qu'il remette la main sur la barre, virant de bord enfin pour se diriger vers ses convictions profondes.
À contre-courant.
L'objet de la controverse :
https://www.facebook.com/RichardRamosDepute/videos/755445799167407