Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
31 Mars 2022
Paradoxe urbain
La classe politique dans son ensemble n'a jamais été aussi peu représentative de la population nationale tant par ses origines sociales, son niveau de fortune, ses pratiques quotidiennes. Il y a véritablement une parfaite dichotomie entre le pays réel et cette caste monarchique qui prétend représenter ceux dont ils ignorent tout depuis toujours.
Le plus paradoxal dans cette fracture qui fit la bonne fortune d'un candidat jadis, réside dans le vocable utilisé par ces tristes personnages lorsqu’ils battent le rappel pour obtenir des voix. Ils se mettent en campagne eux qui ont éventuellement une résidence secondaire en cette campagne si éloignée de leur univers.
Battre la campagne justement est ce qu'ils font à longueur de mesures quand ils sont au pouvoir, vidant les territoires de tout ce qui permettrait aux derniers Mohicans de vivre sur un pied d'égalité avec leurs concitoyens des grandes villes. Villages, bourgs, hameaux, fermes sont systématiquement oubliés par ceux-là même qui quelques jours avant l'échéance se mettent en Campagne.
Je force le trait. Ils n'oublient jamais un passage par le salon de l'agriculture pour montrer leur attachement à la vraie France, à ses valeurs, ses traditions, sa culture et son agriculture. Puis, remettant leurs habits de lumière, ils oublient dans l'instant les promesses et les déclarations pour faire de ce pays, un vaste désert intérieur.
Nous savons ce qu'ils sont alors de grâce, exigeons non pas qu'ils changent et s'amendent, c'est rigoureusement impossible, mais pour le moins qu'ils cessent d'utiliser le mot CAMPAGNE pour cette pratique superficielle, trompeuse, hypocrite qui consiste à flatter la croupe des futurs électeurs.
Ce qu'ils font c'est du démarchage, du racolage après collage, de la publicité mensongère, de la flagornerie de marché, de l'exhibition fallacieuse, de la comédie de boulevard certes mais certainement pas de plein champ. Les seuls sillons qu'ils connaissent sont ceux d'un hymne guerrier qu'ils abreuvent de leurs voix insincères.
Qu'ils laissent la campagne aux ploucs, aux bouseux, aux culs-terreux, aux pécores, aux paysans, aux déshérités de toute sorte qui vivent loin du centre de leur univers. Ce changement de vocable serait le meilleur service à leur rendre à la fois pour leur mettre une bonne fois le nez dans le tas de fumier qu'ils fuient avec le plus extrême dégoût mais plus encore pour pointer du doigt leur immense responsabilité collective sur le délabrement des conditions de vie en rase campagne.
Toutes leurs décisions, tous leurs investissements, toutes leurs mesures visent à rendre la vie plus agréable aux gens des villes tandis que dans le même temps, ils ne cessent de mettre des bâtons dans les roues aux rats des champs, tout juste bons à mettre un bulletin dans l'urne. Ces gens-là ne font pas campagne, ils la défont, la détricotent, la déshabillent, appauvrissent avec une constance et une régularité jamais démentie depuis le début des cinquante poisseuses (1980 - 1990 - 2000 - 2010 - 2020).
Le poudré qui aspire à rester en place est à ce titre le plus parfait paradigme de cette caste méprisante qui ne peut concevoir l'existence en dehors des dorures des palais nationaux. Il y a d'ailleurs là une incongruité républicaine. Vous m'expliquerez un jour pourquoi nos grands élus ont besoin de vivre comme des Princes alors qu'ils se prétendent républicains. Il y a vraiment tout à revoir dans cette monarchie vérolée par la grande bourgeoisie qui s'est accaparée la représentation nationale.
À contre-plongée.