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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Deux émois, deux mesures.

Panem et circenses

 

 

En parfait adorateur de Néron, notre bon Freluquet tombe le masque. Non rassurez-vous, vous allez continuer d'étouffer sous cette étoffe des zéros quand vous êtes à l'air jadis libre, les mesures coercitives demeurent le fond de commerce de la farce actuelle. Ce qu'il nous dévoile présentement c'est son parfait alignement sur les principes qui ont prévalu au conditionnement du bon peuple de la Rome antique.

Pour la France en toc, les jeux du cirque n'étaient pas tout à fait transposables en l'état. Il ne faut pas exagérer tout de même. Il convenait de pratiquer avec tact et de trouver des trucs et des astuces pour proposer les combats de gladiateurs aux téléspectateurs sans les horrifier outre mesure. La violence est, depuis toujours, un bel argument de maintien de l'ordre et de ses défenseurs. La rue est devenue le nouveau théâtre des oppositions impitoyables sous le regard bienveillant des caméras de télévision.

Parmi les gladiateurs, le pouvoir a fait son choix. Il a armé de pied en cape les Robocops flanqués du drapeau tricolore, tandis que face à cette armada disposant de tous les droits, se dressent la chair à canon à eau, les forts opportuns incontrôlés de la colère populaire. Une savante chorégraphie, une minutieuse préparation pour offrir un spectacle édifiant à l'heure des journaux télévisés. Que quelques figurants à moins que ce ne soient des passants honnêtes en paient les pots cassés, constitue hélas ce qu'on qualifie désormais de risques collatéraux.

Cependant, cette distraction éminemment populaire qui récolte des taux d'audience merveilleux a le désagrément de faire quelques menus dégâts. Il ne faut pas trop abuser de cette excellente recette et se tourner, aux beaux jours revenus, vers quelque chose de moins sanglant. Les CRS passent la main si j'ose dire pour confier le faux témoin aux sportifs.

Le football surtout mais parfois le tennis ou d'autres activités à la marge vont favoriser les débordements de masse, les scènes de liesse hystériques qui sont parfaitement influencées par la présence annoncée de caméras en des lieux estampillés. L'enceinte même du stade n'est pas le théâtre de la folie collective. Il convient de protéger les acteurs, richement dotés, de cette plèbe sur le dos de laquelle ils constituent leur fortune.

Le gouvernement propose donc complaisamment des dérogations à ses mesures liberticides pour favoriser les explosions de joie, les manifestations radieuses de la plus absurde liesse factice. C'est là une formidable soupape de sécurité qui non seulement autorise quelques débordements pour ceux qui veulent toujours en découdre, mais encore libère cette pression qui a besoin parfois d'exutoire.

Par contre, nos tribuns des palais gouvernementaux ne font pas entorse à la règle dès qu'il s'agit de culture. Là, impitoyablement ils appliquent le nouveau principe de la République : deux émois, deux mesures. Dans bien des domaines, ce principe a été mis en place avec une parfaite incohérence ; chacun sait du reste que c'est la condition pour démontrer sa force et son pouvoir sans que jamais le peuple puisse en saisir la logique.

Vous voulez faire vos courses dans les hyper-marchés ? Pas de soucis ! Aller dans un cinéma ? Il n'en est pas question. Vous devez vous rendre en masse au travail dans les transports en commun ? Mais entassez-vous joyeusement… Vous voulez vous aérer en forêt ? C'est trop dangereux. Nous n'allons pas établir ici la liste des facéties réglementaires, elles ont peuplé nos conversations depuis plus d'un an.

Mais vous pensiez jouir un peu de ce bonheur simple de la fête de la musique et soudain vous découvrez que c'est une telle course d'obstacles, de contraintes, de mesures délirantes que rien ne se fera et surtout pas le report du couvre-feu. Les seules trompettes qui seront autorisées seront celles des adorateurs du ballon rond, après les éventuelles victoires de leurs champions.

La musique dit-on, adoucit les mœurs. C'est justement ce qu'il convient d'éviter pour un pouvoir qui envisage jusqu'aux prochaines élections présidentielles d'agiter les peurs, de faire démonstration d'une violence scénarisée, de favoriser la montée des extrêmes pour en tirer les marrons du feu. Toute cette mise en scène est destinée à maintenir en place les responsables de la décadence du pays. C'est le propre des Empires de terminer leur vie dans le désordre, la pagaille et la peur. Nous y sommes, soyez patients, ça va venir.

Néronnement sien.

 

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