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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Tout sur la Bamboche

Monsieur le préfet mène la bourrée du diable …

 

 

Le couvre-feu c’est sérieux, on ne rigole pas avec ça et pour bien affirmer véhémentement la chose, le bon préfet du Loiret admoneste vertement les noceurs, les ripailleurs et autres amateurs de vie nocturne par un tonitruant : « La bamboche c’est terminé ! ». Il serait bon d'éclaircir le propos de l’homme des ténèbres (puisque responsable du couvre-feu) par quelques lumières linguistiques.

La bamboche n’est pas l’exclusivité des bambochards et bambocheuses si honnis par le représentant de l’État Français. Il convient de retourner aux origines de ce mot venu d’Italie pour prouver à notre ami qu’il se trompe lourdement. Celui qui veut voir cesser les débordements des noceurs, des amateurs de foires et de noubas, vient jeter le contenu de la lampe à huile sur le feu tout autant que l’anathème sur un mot qui eut en son temps ses lettres de noblesse.

Les Bamboches à l’origine étaient des marionnettes plus grandes que celles utilisées habituellement dans les castelets. Elles permettaient de mettre en scène des situations ubuesques, qui avaient un rapport certain avec la dérision, l’humour et l’irrévérence, domaines inconnus de cet homme trop sérieux. Faire Bamboche c’était donc faire spectacle et là, nous ne pouvons donner tort à notre défenseur de la tranquillité publique. Pour le monde de la Culture, il y a déjà quelque temps que la fête est terminée, que le spectacle a cessé de continuer. À trop souffler sur le chaud, le froid a fait tomber le rideau. Les marionnettes ne sont plus que les pauvres artistes condamnés à la mendicité.

Le mot en arrivant en France a changé de nature. Dans certaines de nos provinces les Bamboches furent alors des savates qui avouons le, en période de couvre feu sont bien plus utiles que les escarpins. Mais notre homme, habitué des souliers vernis ne pouvait savoir qu’il mettait les pieds dans un joli imbroglio. Qu’une mule nous prive de charentaises ne peut être pris par dessus la jambe. Il y a là, manifestement, l’intention de nous mettre au pas. Puis de glissements sémantiques en allusions friponnes, celui qui finit par trouver chaussure à son pied prétendra que faire bamboche, c’est précisément tomber dans le stupre et la fornication. Monsieur le Préfet vient donc se mêler de notre vie privée, réclamant aux loirétains de faire vœu d’abstinence et de chasteté durant la crise sanitaire. Voilà qui est poussé le bouchon fort loin tout en nous privant d’une ultime distraction sous la couette.

La formule est d’autant plus dure à avaler qu’elle a de quoi nous rester sur l’estomac. Car fort de sa réputation festive, la bamboche acheva sa course dans un pot de chambre, là précisément où le préfet veut nous confiner en compagnie de quelques oignons accommodés sous forme de consommé sans consommer. Nous ne pleurerons pas dans les chaumières, là encore, ni brouet ni potache, mais simplement la soupe à la grimace dans un département sous l’éteignoir et dans le noir.

En bon collaborateur zélé de l’ordre, le bonhomme va frapper à bras raccourcis sur les récalcitrants afin de leur enfoncer dans la tête, les mesures salutaires et néanmoins sanitaires. Ne pensez pas que ce soit par amour des bavures et autres dérapages policiers mais tout bonnement pour rappeler à tous que dans la langue familière, une bamboche était une personne de petite taille, méprisable et vulgaire. Nous revenons là à plus de justesse sur la manière qu’à ce grand personnage de toiser le petit peuple de la nuit.

Tout est bien qui finit bien et l’honneur de la préfecture est sauf quand on finit par trouver dans la bouche du Grand Charles une allusion à la Bamboche. C’était lors de la campagne présidentielle pour le second tour de 1965, De Gaulle réclamait le progrès et non la pagaille et affirmait ensuite que la ménagère qui aspirait aux bienfaits des équipements électroménagers, ne souhaitait pas voir son mari aller bambocher quelque part. C’est donc en faisant référence au fondateur de la cinquième République qu’implicitement notre préfet au champ, exprime ses réserves vis à vis de l’actuel chef d’état. Nous ne pourrions lui donner tort, même de taille honorable, cette marionnette des banquiers, n’est pas de nature à nous faire rire. La Bamboche c’est terminé, il n’y a pas à dire !

Derechefement sien.

 

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