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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Ces chers contempteurs.

Pour mieux soigner leurs aigreurs d’estomac.

 

 

 

Les réseaux sociaux devraient être déclarés d’utilité publique tant ils sont indispensables à tous ceux qui veulent déverser leur bile, soigner leurs maux d’estomac et prouver qu’ils existent en dépit d’une incapacité chronique à émettre une pensée personnelle structurée au cœur d’un texte plus ou moins élaboré. Non seulement ils ne parviennent pas à produire le moindre texte intelligible mais qui plus est, passent leur temps à venir dénigrer ceux qui osent ce dont ils sont désespérément et sans doute irrémédiablement incapables.

Je vais d’ailleurs bien vite en besogne affublant ces charmants garçons d’une désignation qui doit vraisemblablement leur échapper. Car non seulement, leur capacité littéraire est réduite à une forme lapidaire, presque télégraphique mais plus encore, elle se caractérise par un lexique des plus frusques et des formes syntaxiques incertaines. L’essentiel étant pour eux de dénigrer de manière systématique celui qui se trouve en ligne de mire d’un collimateur qui ne dépasse guère le bout d’un nez plus souvent morveux que doué de flair.

Pour eux, leur activité prétendument sociale du réseau se limite à la moquerie dans le meilleur des cas, exercice du reste qui exige un tant soit peu de qualité puisque l’humour, l’ironie ou la dérision exigent tact, nuance et subtilité, qualités qui les fuient ostensiblement. Le plus sombre de leur temps se passe donc en propos virulents, en attaques agressives, en remarques acerbes avant qu’ils ne succombent aux sirènes de leur penchant naturel : l’insulte assénée sans la moindre subtilité ou la menace entre les lignes.

Je les imagine guettant les écrits de leurs têtes de turc, cherchant non pas la petite bête mais plus sûrement le passage qui méritera une réplique assassine. Certains se font d’ailleurs un devoir de citer un extrait pour le passer au laminoir de leur impitoyable sagacité. Ils ont besoin d’un angle d’attaque pour surgir inopinément en piqué sur celui qui ose émettre une opinion ou plus insupportable encore, se lance dans un écrit de quelques milliers de caractères, exercice inimaginable pour ces atrabilaires chroniques.

 

La méchanceté pour unique raison d’être, l’attaque pour blesser, laisser des traces, se reconnaître comme des frères de hargne lorsqu’ils arrivent en vol groupé de charognards fondant sur leur proie. Ils se régalent de mots vachards, souvent primaires, lancés comme des crachats, véritables agressions qui n’ont sans doute d’autre but que de déclencher une riposte qui sera immédiatement dénoncée auprès des instances de régulation. Ce jeu est aussi pervers que détestable, c’est pourtant leur unique plaisir, une occupation à plein temps puisqu’ils ne font rien d’autre.

J’avoue me réjouir désormais de leurs vomissures, leur bile a cessé de me tourmenter. Ils ont perdu toute nocivité, je suis immunisé contre ces saillies insipides, ces formules toutes faites dont ils se gargarisent. Je les plains de tout mon cœur, je pousse même le bouchon jusqu’à les remercier de m’honorer ainsi de leur inaltérable haine gratuite.

Prenant du recul, désormais, je me réjouis secrètement de leur apporter ce petit coin de ciel bleu qui leur est nécessaire pour exister. Je les devine ravis de montrer le pire d’une personnalité qu’ils doivent forcer à plaisir. Ils éprouvent sans doute une forme de jubilation si intense que l’espace de quelques mots, ils se pensent être des phares de la pensée occidentale.

Je leur devais ce petit hommage. Ils sont mes compagnons de la toile, mauvais diables qui n’ont de cesse que de faciliter leur transit en venant soulager leurs intestins sous mes misérables chroniques quotidiennes. Grâce à eux, elles prennent un peu de valeur à mes yeux puisqu’elles font pour eux la démonstration d’une utilité sanitaire. Les savoir en meilleure santé par les quelques lignes vengeresses dont ils m’accablent finit par me réjouir.

Fidèlement leur.

 

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