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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Un américain sur la Loire.

 

Un véritable coup de foudre.

 

 

Nous sommes en 1777, un homme célèbre, né en 1706, venu d’Amérique s’est installé à Paris depuis un an. Il va passer neuf années en France pour donner corps à l’amitié franco-américaine. Le séjour de Benjamin Franklin visait justement à convaincre le roi de France d’envoyer des troupes pour aider les insurgés américains. Il y réussit amplement. De l’accord qui se dégagea entre les deux hommes, de nombreux mariniers de Loire contribuèrent contre leur volonté à un effort de guerre en faisant parfois sacrifice de leur vie lors de la fameuse bataille navale de Chesapeake qui fut décisive pour la libération de ce nouveau peuple du joug anglais en 1781. Mais ceci est une histoire déjà narrée...

Auparavant, en 1772, à Philadelphie le brave Benjamin eut une idée lumineuse qui fit grand bruit en inventant le paratonnerre. Il entrait ainsi doublement dans l’histoire en tant que scientifique et homme politique. Son père fabriquant des chandelles, c’est sans doute par esprit de rébellion que le fils prodige se consacra à l’électricité. Pour les marins, il dessina le contour du Gulf Stream le long des côtes américaines. C’était donc un homme fortement intéressé par les courants de toute nature qui sera quelques jours un riverain de la Loire.

Mais revenons un peu sur ce parcours qui le conduisit dans le panthéon des grands hommes. Il se fait un nom tout d’abord en politique en passant par la double case imprimerie et journalisme. C’est en écrivant le fameux l’Almanach du Bonhomme Richard qu’il va établir sa notoriété et séduire les électeurs. Homme d’esprit pratique, il crée la première compagnie américaine de sapeurs-pompiers. C’est dire que c’est un touche à tout célèbre qui arrive en France.

Moins d’une année après son arrivée sur le sol national, il est invité à passer quelques jours au Château de Chaumont sur Loire, propriété de Jacques-Donatien Le Ray depuis 1750. Cet homme est un ardent sympathisant de la cause américaine autant par conviction que par désir d’ennuyer la perfide Albion. C’est tout naturellement qu’il convie Benjamin dans sa magnifique demeure qui domine la rivière. Un médaillon célèbre encore visite à Chaumont harde la mémoire de ce séjour. On y voit Benjamin Franklin flanqué d’un bonnet de nuit sur la tête.

L’esprit aux aguets, le bonhomme ne manquait pas d’admirer les bateaux de Loire qui passaient ainsi sur la rivière en contre-bas du Château. Il fut d’autant plus passionné quand il apprit de la bouche de son hôte que des sapines venues de Roanne transportaient dans nos villes ligériennes des savons de Marseille. Le père du grand homme en fabriquait lui aussi des savons, une raison de se pencher plus attentivement sur les embarcations qui se proposaient à sa curiosité.

Il remarqua ce curieux fanion que les gens de Loire nommaient Girouet. Il s’en fit expliquer l’utilité tout en s’inquiétant que certains puissent avoir une partie métallique, de nature même à attirer la foudre, une obsession chez lui. On ne change pas une idée fixe en dépit même que cette parure fut seulement en bois.

Un marinier de l’endroit qui avait été interrogé par le savant lui affirma que le risque de foudroiement était quasiment nul sur de l’eau douce. Benjamin n’en avait cure, il tenait son idée pour les bateaux de mer ; le sel étant capable de favoriser une conduction électrique. Il réfléchit alors à l’adaptation de son paratonnerre terrestre sur l’océan. Une amélioration qui restera discrète jusqu’à ce qu’un Bonimenteur s’en préoccupe enfin.

Après maintes réflexions qui en dépit de son bonnet de nuit lui occasionnèrent quelques nuits blanches, l’ingénieux américain songea que sur un bateau marin, la protection contre la foudre suppose de dévier la décharge électrique vers la mer sans endommager la coque pour en préserver l'équipage. C'est ce qu'on appelle paradoxalement la mise à la terre, c'est à dire "proposer" un chemin préférentiel à la foudre vers la mer.

Cet ajout à sa grande contribution scientifique passa sous silence. C’est fort dommage pour la postérité de Chaumont sur Loire et de son château qui depuis s’est bien rattrapé avec son formidable festival international des jardins. Quant au sieur Franklin, il retourna à Paris avec son idée en tête.

Il aura cependant d’autres priorités. Reçu en 1778 par Louis XVI, Benjamin Franklin obtient le soutien militaire de la France et devient ambassadeur en France du mouvement d’indépendance. Un soutien qui aboutira à la signature du traité d’indépendance des États-Unis, en 1783, à Versailles. Il occupera ce poste jusqu’à son départ de France en 1785.

Il retourne en Amérique pour ses dernières années d’existence. Il s'éteint à Philadelphie le 17 avril 1790. L'assemblée constituante française marque cette nouvelle d'un deuil officiel de trois jours pour célébrer ce grand ami de la France.

Tonitruantement sien.

 

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L
Belle leçon d'histoire, merci Nabum.
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C
LH<br /> <br /> J'aime faire des enfants à l'histoire