Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.
19 Août 2020
La folie gagne le puy.
Il était une fois un promontoire, un tertre, une hauteur pour ceux qui trop terre à terre ignorent que de ce puy là la vérité ne sort pas toute nue. En latin, le mot peut aussi supporter l'acception de podium tandis qu’en Auvergne il préfère se tourner vers un son et lumière naturel de grande ampleur si jamais on réveille le monstre endormi. En Vendée, ce n’est qu’une montagne d’argent, un monticule misérable pour amuser la galerie et le gogo.
Le puy se découvre une nouvelle vertu. Il immunise contre tous les maux de la terre, garantit l’absence de risque sanitaire tout autant qu’il évacue toute capacité de réflexion sur la société qui nous entoure. En ce sens, ce puy est un gouffre pour l’intelligence et c’est bien en cela qui agrée monsieur le Préfet qui ne fait qu’obéir aux ordres du palais.
Le puy c’est du pain béni des dieux de l’olympe et les jeux du cirque médiatique, celui qui est chargé de vider les cerveaux pour le plus grand bonheur des marchands de tous poils. C’est fou ce que ça ouvre de portes de pousser le bon peuple à la crétinisation. Tandis que le monde culturel agonise pour un virus qui ne supporte pas la création, les autorités donnent le feu vert au bon monsieur De Villiers pour poursuivre son œuvre de salubrité publique.
La République française avait sans doute bien des remords vis à vis des vendéens. Trop de têtes coupées, trop de massacres au nom d’une idéologie qui n’était pas partagée. Il fallait rétablir l’équilibre, les chefs ne pouvaient plus tomber, il fallait se contenter d’alléger le cerveau. La grande opération du Puy du Fou est sans aucun doute le ballon d’essai d’un pouvoir en Marche vers une éradication de la culture contestataire au profit de plaisantes distractions dénuées de portées philosophies et politiques.
Il n’y a rien à tirer de ce puy là si ce n’est une flopée de sots bien entravés par une chaîne invisible. Ils sont 9 000 à se trouver ainsi à l’abri de toute contamination par la seule magie d’un spectacle tape à l’œil qui les a laissés bouche-bée. C’est sans doute ainsi qu’ils ne craignaient rien d’autant que l’enthousiasme de cette foule devant s’exprimer par des applaudissements frénétiques, il n’y avait nul risque de porter les mains au visage.
Monsieur le Préfet de Vendée a tout compris avant les autres. C’est un grand serviteur de l’état et il sera justement récompensé. Le grand Freluquet en personne lui remettra médailles et promotion pour cette dérogation qui ne déroge en rien du principe fondateur de cette République en Marche : Traquer impitoyablement toute forme d’intelligence ! » Au pays des fous, aucun risque de trouver une parcelle de matière grise. C’est le spectacle qui grise les éminents représentants du denier de l’inculte.
Faut-il s’en émouvoir ? Ce Puy sera un épi phénomène. Des scènes à grand spectacle, des noces de feu dans le château de Louis XIV tandis que les Vikings prennent d’assaut un coups de feu d’artifice pour des sensations fortes. C’est la garantie que les enfants qui n’ont pu suivre leurs cours d’histoire durant le confinement auront parfaitement assimilé la leçon. Le grand mélange des genres, la confusion érigée en principe d’éducation des masses, le grand projet de la macronie a trouvé son fer de lance en ce lieu.
Dans les théâtres fermés, les acteurs se désolent, les festivals sont annulés, les artistes pointent aux abonnés absents, les auteurs ne trouvent plus d’oreilles attentives. Au lieu de les plaindre, il convient de les inciter à donner dans la création de pacotille, dans le clinquant dénué de sens, dans le factice et l’insipide. Il convient de flatter le bon Prince en lui proposant ce qu’il aime. Le spectacle du Puy du Fou est le grand précurseur des nouvelles lumières d’une culture d’état flamboyante. Soyons fous, creusons plus profond encore !
Follement vôtre.
Le revirement du Prince ne changera rien au scandale