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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Vélolution : La petite reine s’accapare le pouvoir

Elle se permet tout.

 

La petite reine abuse un tantinet, c’est le moins que l’on puisse en dire. Non seulement elle est dans toutes les politiques locales mais elle s’accapare tout sans nuance ni partage. C’est comme s’il y avait eu un simple transfert de l’automobiliste tout puissant au cycliste remis en selle à la manière des croisés de la doctrine juste. Si légitimement sa piste cyclable lui revient de droit, le trottoir est aussi son royaume tandis que certains désormais s’offrent le luxe ou l’outrecuidance de faire leur marché avec cette nouvelle forme encombrante du panier à provision à rayons.

C’est fort de tous ses nouveaux avatars que la bicyclette a cessé d’être un humble vélo pour devenir un véhicule le plus souvent électrifié, pressé et irrespectueux de tous les autres usagers de l’espace commun. Le coup de sonnette lui suffit pour réclamer le passage sans souci d’être entendu, prétendant sans nul doute être dans le sens de l’histoire pour réclamer cette priorité des gens dans le vent qui foncent vers un avenir radieux.

C’est une affaire de mode, de politique mal digérée, de décroissance en roue libre et de prétention à se croire supérieur par la hauteur de la selle, que les nouveaux conquérants du bitume foncent tête baissée, sans la moindre considération pour enfants, piétons et animaux qui ont l’outrecuidance de croiser leur route. La chose prend de telles proportions que bientôt il faudra réglementer la vitesse urbaine de ces gens peu enclins à la modération et à la flânerie.

Mais que dire de ces odieux personnages, craignant sans doute de se faire dérober un engin qu’on ne pourra plus qualifier de vieux clous, qui s’engagent parmi la foule des clients dans un marché ? Il fallait déjà composer avec les adeptes du chariot, oublieux des chevilles de leurs voisins certes même si leur engin ne prenait guère de place. Voilà désormais un monstre qui prend toute la largeur de l’allée et qui gène tout le monde pour le confort d’un seul. Les sacoches tiennent lieu de cabas sans vouloir se détacher de leur support mobile. C’est à vous donner des envies de crevaison.

Le phénomène gagne partout comme si un véhicule devait supplanter un autre dans les comportements inciviques des mobilités urbaines. C’est au tour du vélo de tenir le haut du pavé, d’avoir prédominance en toutes circonstances avec de plus cette morgue de ceux qui se persuadent d’agir ainsi au nom de la planète. Pour eux le feu est au vert quelle qu’en soit la couleur. Ils doivent jouir de cette victoire pour le peu de temps qu’elle sera leur.

Bientôt tous les autres engins improbables, électriques et libres de toute réglementation les bouteront hors des trottoirs devenus le théâtre de toutes les vanités en mouvement. Plus c’est rapide, spectaculaire, original, improbable, admirable, plus la voie doit leur être grande ouverte pour le plus grand ébahissement des gogos qui se laissent rouler sur les arpions en espérant un jour être à la place des furieux de la célérité silencieuse et nucléaire.

Est-ce qu’il y a le moindre espoir de sauvetage d’une société qui réduit à ce point l’espace des gens qui vont à pied, des ultimes homo-sapiens, ceux qui prennent le temps de se parler sans avoir un téléphone vissé à l’oreille ou un casque fiché sur un crâne qui ne prend plus le temps de réfléchir ? L’homo nucléarus sera cul de jatte, sourd sans doute, aveugle aux autres et agité de la modernité galopante sans cesse.

Il ne devra pas oublier d’avoir un cornet de glace à la main ou une canette d’une boisson super protéinée, sans oublier un sandwich en sous-couches dégoulinantes. Il conviendra à ces chantres du consumérisme de jeter à l’eau ou sur les trottoirs les reliefs de leurs saloperies. Ainsi le monde d’après dispose déjà de ses chevaliers verts, êtres bioniques qui préfigurent l’étape finale avant le grand effacement de l’espèce. Nous vivons une période résolument moderne et ce maudit virus devrait se hâter d’éliminer tout ça avant que cela ne tourne à la farce.

Apocalyptiquement leur

 

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L
Bonjour Nabum, <br /> Pendant que le virus fait son travail apocalyptique, je vous autorise, en tant que cycliste moi-même, à céder à vos envies de crevaison, mais ne vous faites pas prendre...<br /> :-)
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C
L Hatem<br /> <br /> Je me contente de mots pour percer ces baudruches prétentieuses