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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

L’âne, la tortue et le lapin...

Quand le marionnettiste se mue en carpe.

 

 

Il était une fois un pays tranquille au bord d’une rivière tumultueuse. Seuls les débordements de la Loire pouvaient troubler l’esprit serein d’habitants qui gardaient alors les pieds sur terre. Puis les années passant, le niveau d’eau ne cessant de baisser de manière inquiétante, les riverains se mirent en tête de prendre le relais de la Loire.

Il est vrai que les Princes qui jusque-là avaient établi des repères parfaitement visibles, chacun étant dans son domaine, bien à l’abri derrière ses hautes murailles, décidèrent d’abattre toutes les structures défensives, d’éliminer leurs divergences, de faire table rase du passé afin de créer une contrée merveilleuse digne des contes de fées.

Tout était né d’une fronde fomentée par un jeune paltoquet qui avait provoqué en la cité située au cœur de ces petites principautés un vaste mouvement qui se mit en marche pour mettre à bas les vieilles dynasties. Valois, Bourbons et Orléans devaient plier oriflammes et bannières pour se ranger derrière le Grand Freluquet premier, monarque de l’illusion et de la concorde factice.

Ce fut ainsi que les trahisons, les changements de fiefs, les abjurations se multiplièrent, laissant un paysage féodal totalement chamboulé. Une poule n’aurait pu y retrouver ses petits tandis que la populace marchait sur des œufs ne sachant plus à quel saint se vouer. C’est dans ce contexte que les armoiries en perdaient la tête et leur latin

Dans ce vaste ensemble, il fallait cependant désigner un chef, un meneur ou bien un guide pour montrer la nouvelle voie et assurer une paix plus urbaine que civile. Les tractations allèrent bon train dans les coulisses des alcôves du pouvoir. Il y avait un grand montreur de marionnettes qui tiraient les ficelles, essayant d’avancer ses pions sans avoir l’air de se mêler de la partie. C’est parce qu’il s’agitait ainsi dans l’ombre que les fils finirent par faire des nœuds, de ceux qui restent en travers de la gorge.

Voyant que l’affaire prenait un vilain tour, le marionnettiste se dit que l'anthropomorphisme pouvait aplanir toutes les difficultés. Il eut l’intention de placer un âne à la tête de sa principauté qu’il pensait gouverner en sou- main. Hélas, si se rallier derrière un animal ne déplut pas aux barons et autres petits seigneurs locaux, ils se firent tirer l’oreille quant au choix de cet ongulé.

La révolte sourdait dans ce pays si tranquille. D’autres se mirent sur les rangs pour investir le trône. une carpe qui jusque-là se contenait de ne rien dire, un lapin qui battait la campagne avoisinante, une tortue qui patiemment allait son train. La ménagerie ainsi constituée, les nobliaux se réunirent dans une grande assemblée qui pour la circonstance, se tint dans une arène sportive.

Le choix du terrain d’affrontement fut d’ailleurs des plus discutable. Un vaste terrain vague eut fait d’avantage l’affaire que cet enclos aux lignes délimités sur le sol. C’est justement l’effacement de toutes les lignes qui provoqua le grand désordre qui suivit. L’âne fut impitoyablement renvoyé dans son écurie tant que le lièvre galopait les oreilles dressées, certain qu’au bout de la farce, la victoire ne pouvait que lui échoir.

La tortue sortait de sa carapace, un premier tour avait rassemblé tous les suffrages qu’elle était en droit d’espérer. Ce succès provisoire lui donnant satisfaction faute de lui ouvrir les portes du succès. L’âne se retira de la bataille non sans avoir demandé à discuter avec ses valeureux adversaires. Le lapin et la tortue en acceptèrent l’augure, devinant que le fier animal désirait sortir la tête haute de cette joute.

Ils se retirent de la salle commune ayant à parler entre bêtes de concours quant à la surprise de tous, une carpe jusqu’alors restée muette, vint se mêler aux débats des prétendants. Ce qui se passa alors restera à jamais dans les archives secrètes de l’histoire. Quand la troupe revint, le sort fut jeté et pour rendre à la fable toute sa valeur, la tortue sortit du chapeau et triompha du lapin dépité.

C’est alors que chacun comprit que la carpe avait joué un rôle essentiel quoique totalement clandestin. Le marionnettiste s'était grimé pour se jeter en eau trouble et ainsi tromper tout son monde, son clan et ses électeurs, ceci pour tirer à sa guise les ficelles. Qu’il soit cyprinidé ou bien illusionniste, il entend dicter sa volonté à cette tortue issue d’une dynastie qui n’a jamais été la sienne. Seul, un fabuliste pouvait tenter de rendre compte de cette étrange aventure bien qu’il ne se hasardera pas à la ponctuer d’une morale.

Anthropomorphiquement leur.

 

 

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