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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Et maintenant ?

Le cœur en écharpe.

 

Quand je rédigeais cette chronique, j’ignorai quel lapin sortirait du chapeau posé sur des urnes électorales vacillantes et j’avoue encore m’en moquer un peu. Ce que j’ai vu ici ou là n’est pas de nature à me rassurer sur la démocratie locale. Le débat s’est fait pugilat, les coups bas se sont multipliés par le truchement de séides qui investissaient les réseaux sociaux pour cracher sur le camp d’en-face. Tous les maux ne sont naturellement que chez les méchants d’en face, c’est ce qui se nomme sans doute l’objectivité élective …

J’enrage car après tout, tous ces militants si tolérants et ouverts se permettent de piétiner les platebandes du persiffleur, de singer les saillies du guépin, de se muer en bouffon à leur tour sans pour autant oublier les règles de ces nécessaires postures : « Il faut tirer tous azimuts ! » Ceux—là n’ont d’yeux et de Dieu que pour leur chère tête de liste, écartant par là même les autres comparses, portion congrue du choix qu’il fallait effectuer. C’est la foire du trône municipal, l’adoration d’un seul et la haine de tous les autres. La belle démocratie que voilà !

Et pourtant, le scrutin a forcément désigné un lauréat. J’hésitais entre vainqueur et gagnant en me rendant compte que ces mots ne donnaient pas la dimension catastrophique de ce que nous venons de vivre. Celui-là et ses fidèles vont prendre en main les destinées de la ville, sans modération sans nuance, par la grâce d’une prime majoritaire qui ignore tout de la nécessité du dialogue, de la pertinence du débat, de l’intelligence qu’il y a à prendre en considération d’autres conceptions. Le consensus n’a pas sa place dans ce système totalitaire qui fera du premier, le monarque absolu de sa petite baronnie.

Quant aux autres, les perdants, les battus, ils récolteront quelques miettes pour assister navrés, à la parade du coq de combat qui aura triomphé. Quelques strapontins pour assister sans jamais participer, pour écouter sans faire autre chose que protester parfois, pour déplorer sans presque jamais avoir droit au chapitre. Démocratie toujours que ce blanc-seing octroyé avec excès par une règle de répartition qui ne donne pas dans la modération.

C’est sans doute cette étonnante alchimie algébrique qui a justifié les horions, les pratiques douteuses, les appels téléphoniques scabreux, les SMS invasifs, les vidéos dithyrambiques au coût pharaonique, les professions de foi sur papier glacé, le papier gaspillé et la salive qui ne sert pas seulement à convaincre, hélas. Et tout ça, pour tenir ce qu’on nous présente aimablement comme une charge, un devoir citoyen pour lequel il n’est rien à gagner.

Alors pourquoi tant d’animosité ? Alors pourquoi de telles dépenses ? Alors pourquoi toute cette énergie si l’enjeu n’en vaut pas la chandelle ? Les premiers vont faire don de leur personne à leur commune, nous devons les croire après avoir assisté à une bataille de chiffonniers. Pourtant ces derniers sont réputés se servir sur les reliefs de leur récolte et je ne peux m’empêcher de penser qu’il en ira ainsi dans la commune.

J’ai le cœur en écharpe et elle n’a pas besoin d’être tricolore. Comment respecter ceux qui se sont ainsi abaissés à ce combat de pancrace ? Comment considérer leurs futures décisions à l’aulne du seul intérêt général ? Si tout ceci n’était que pour nous, je doute qu’ils aient eu besoin de s’étriper de la sorte.

Que les heureux élus se persuadent que nous les témoins affligés de la campagne passée, nous n’oublierons pas le lamentable spectacle qui vient de se clore par ce que vous devez considérer être une issue heureuse. Elle n’est que le résultat d’un coup de baguette magique sur le haut de forme du prestidigitateur, rien de plus. Fruit du hasard plus que du mérite, votre triomphe n’est qu’une illusion. Ne vous attendez pas à échapper de la part des honnêtes citoyens atterrés à la même virulence dont vous avez fait preuve durant ces mois interminables de controverse venimeuse.

Citoyennement leur.

 

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