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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Grivoiseries et Facéties.

 

Le choc des images.

 

Un récente affaire provoque des cris d'orfraie dans le Landerneau de la politique. Chacun y va de son couplet sur la vie privée, le droit de jouir pleinement et sans entraves d’une sexualité aussi débridée qu’elle soit, pourvu que cela se déroule entre adultes consentants. Il convient de repousser la morale, les temps ne sont plus à la pudibonderie et aux préceptes religieux. Tout ceci peut s’entendre et il n’y a rien de choquant dans ce concert de soutien au malheureux pris la main dans un drôle de sac !

Une grande confusion dans ce concert d’indignation réside non pas dans l’odieuse divulgation qui n’a d’autre dessein que de détruire avec une prodigieuse efficacité, une incroyable célérité mais dans ce qui relève véritablement d’un fait de société. Les réseaux sociaux, ceux-là même dont usent sans impudeur nos chers candidats, se prenant tous pour un Président des États-Unis en herbe, leur reviennent à la figure avec une redoutable puissance. Le problème se trouve à mon sens ailleurs et interroge grandement sur cette époque.

À moins que je me trompe lourdement, les images incriminées n’ont pas été volées. Elles ne sont pas le fruit d’un piège, d’une longue traque par quelques espions malsains. Elles sont le produit conscient d’un comportement qui se systématise, d’une habitude qui tourne non seulement au ridicule mais constitue, comme dans le cas présent, une bombe à retardement.

Le redoutable espion permanent qui se trouve désormais dans presque toutes les poches est capable de mettre la puce à l’oreille à celui qui a de mauvaises intentions. Non seulement il laisse des traces à chaque instant mais qui plus est, ces traces sont visuelles et sonores. Il est devenu normal de se filmer en toutes circonstances, à chaque instant, à tous propos, dans n’importe quelle posture. L’insupportable étalage de soi-même est la spécificité d’une société de l’impudeur et d’une permissivité feinte.

Bien sûr, ces images n’auraient jamais dû sortir du cercle des initiés, des complices ou des partenaires de pratiques qui ne nous regardent pas et sur lesquelles il convient de ne pas porter de jugement moral puisque inscrite dans les limites de la loi (contrairement à d’autres). Mais en les fixant sur un disque dur, en leur donnant une existence qui peut ne jamais s’effacer, l’exhibitionniste accepte implicitement la possibilité d’une fuite, d’une exploitation ultérieure puisque la mémoire de cette folie ne s’efface pas au risque de détruire son auteur.

Non seulement celui qui prétend accéder à une fonction publique mais aussi celui qui demeure anonyme ne sont jamais à l’abri du retour de bâton, du surgissement inopiné d’une image ou d’un film pris lors d’un moment d’égarement. Le plus terrible dans cette nouvelle menace c’est qu’elle peut surgir des années plus tard, qu’elle peut briser l’ambition d’un adulte devenu sage par la faute d’une dérive de jeunesse.

Le numérique est à ce titre une épée de Damoclès qui pèse sur tous ceux qui se sont laissé entraîner par cette folie de l’image, de l’ego mis en scène y compris dans des postures plus au moins scabreuses. Personne ne peut prétendre par la suite maîtriser le devenir de ces images qui ne s’auto-détruisent pas après unique diffusion. La bombe à retardement est en place, elle se déclenchera un jour ou l’autre.

C’est ce phénomène absurde qui aurait dû être évoqué et non le collapsus d’un pauvre candidat lascif dont le sort, à franchement parler m’importe guère. Qu’il se soit filmé dans pareille circonstance démontre simplement qu’il ne voit pas plus loin que le bout de son nez, qu’il a un ego surdimensionné au-delà de l’objet du délit. Ce n’est certes pas une raison pour le détruire, le vouer aux Gémonies ou le placer sur un piédestal. C’est pour le moins un critère nécessaire et largement suffisant pour écarter sa candidature pour une fonction publique à responsabilité.

Virtuellement leur

 

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