Des paluches plein les mains.

Aux urnes, si toi Chien !

Le candidat ne doit pas y aller de main morte. Alors que curieusement, il lorgne sur le fauteuil de la Mairie, c’est à la force des mains qu’il tente de s’offrir la bienveillance des électeurs. La recette est simple, le don d’ubiquité indispensable à celui ou celle qui souhaite se retrouver sur tous les clichés d’un journal bienveillant, avec un sourire de componction aux lèvres.

Le postulant ne ménage pas sa peine. Faire campagne relève du travail manuel. Pour gagner haut la main, il convient tout d’abord de la tendre au tout venant, ceux-là même qui par la suite, n’apercevront plus qu’un dos tourné ou bien un mépris désolant. En attendant, il n’est pas personnage plus important que celui à qui l’on tend la main, non pas pour un coup de pouce mais tout bonnement pour un petit bulletin dans les urnes.

La poignée de main n’est pas suffisante. Il faut attester son infatigable arpentage des marchés, des réunions, des fêtes et autres manifestations locales. Opportunément, à quelques mois de l’échéance, le récipiendaire oublie les beaux salons, les voyages lointains, les alcôves du pouvoir, il va sur le terrain la main en avant. C’est l’art de la proximité, le grand partage des microbes en pleine période d’incubation de la grippe.

Pour faire campagne, la vaccination est indispensable. Pas question de manquer la moindre réunion publique, le plus petit rassemblement des vieux de la vieille, des jeunes qui s’interrogent, des amis de l’amitié. Tous bénéficieront du petit coup de louche qui va bien, à la cuillère et sans prendre un verre. L’exercice exige sobriété, n’est pas Chirac qui veut. À défaut du cul des vaches, c’est la paluche des ânes qu’il convient de flatter !

Le pas de charge s’impose pour serrer non pas les boulons mais bien les petites « mimines » qui glisseront votre trombine plutôt que celles des autres, dans l’urne funéraire de la démocratie. Car tout ceci n’a rien à voir avec les exigences du débat public. Ce n’est que la surface des choses, le degré zéro de la Démocratie. Le seul argument qui vaille c’est une bonne et chaleureuse poignée de main avec une face de premier de classe...

Aux innocents les mains sales. Le risque est grand de serrer des paluches d’une autre municipalité. Il y a une déperdition considérable dans cet exercice de stakhanoviste de l’hypocrisie. Il se murmure que les rois de la pratique bénéficient des conseils d’un conseiller en communication rapprochée, d’un entraîneur pour la musculation des phalanges et d’un chiropracteur pour remettre la main sur l’objet du délit et d’un « immortaliseur » de l’instant.

Un colistier, second couteau ou bien comparse fidèle, accompagne le champion pour lui administrer des crèmes et des onguents au sortir de chaque étape. La nécessité de désinfecter tout d’abord ne doit jamais être négligée. Une mycose est si vite arrivée surtout quand c’est vers la plèbe que les pas mènent celui qui fait don de ses mains à la victoire.

Une lotion hydratante est nécessaire quand on sait que le futur électeur a besoin d’un peu de douceur lors de ce si bref contact corporel. De plus, un produit de qualité restera assez longtemps sur la main pour que le candidat puisse de plus passer un peu de pommade dans le dos, aux gens véritablement importants croisés dans son épuisant périple.

Le risque de crampe est manifestement un écueil qu’il convient de repousser. En plus de son soigneur, le futur élu a besoin de quelques porteurs d’eau pour s’abreuver discrètement. Tout ce joli monde constitue l’équipe de campagne. Le candidat creuse son sillon non pas avec une charrue mais avec le plat de la main. Mais malheur s’il croise un adversaire, dans ce cas-là c’est ce qu’on appelle la paume de la discorde. Parfois ce jeu des chandelles conduit à des algarades détestables, des prises de langues avant que les belligérants n’en viennent aux mains.

Manuellement leur.