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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La confusion du grand Charles.

 

Il n’était pas zoonomiste.

 

 

Notre bon Charles a prétendu en son temps que les français étaient des veaux avant que de se rétracter discrètement pour prétendre qu’ils se prenaient pour des cabris. La réalité est tout autre mais nous devons lui reconnaître sa clairvoyance sur un point, l’humain contemporain relève effectivement bien plus du mammifère à quatre pattes que de l’homo érectus.

Le mouvement s’est d’ailleurs considérablement accéléré qui permet à ce jour d’être plus précis dans la désignation gaullienne. Si ce n’est donc ni dans le genre bovin ni dans celui des caprins qu’il convient de classer l’homme moderne. C’est plus précisément du côté des ovins qu’il penche avec délectation depuis l'avènement de la société de consommation.

Il aime tout d’abord se faire tondre la laine sur le dos. C’est là son plus grand plaisir lui qui recherche sans arrêt la nouvelle dépense qu’il convient de réaliser pour appartenir à la grande troupe des branchés. Les quadrupèdes ont parfois besoin de clôture électrique pour rester dans leur enclos, le bipède se contente de l’imitation pour se précipiter sur le dernier gadget incontournable et forcément onéreux.

Il bêle, fait grand bruit quand la nouvelle entourloupe que ses éleveurs entendent lui faire avaler mais bien vite, le troupeau se reforme, chacun suivant le premier qui se jette à l’eau. Tout ce joli monde finira noyé sous les dettes et les factures mais personne ne lèvera la patte pour abattre les chaînes psychologiques qui entravent le bon peuple.

Il imite son voisin, le jalouse, veut en tout point lui ressembler surtout dans ce qu’il (y) a de plus stupide, de plus dégradant. Nous avions commencé à observer le phénomène avec cette pratique ahurissante que seul un terme anglais peut désigner. Je lui préfère le mot autoportrait nombriliste, ce marqueur absolu de la décadence et de la perte de toute forme d’intelligence. Qu’une multitude sombre dans une pratique qui aurait été jugée, vingt ans en arrière comme parfaitement idiote montre à quel point notre recul est rapide.

Nous pourrions exposer à l’infini les exemples qui attestent de ce désir de conformité à ce qui se fait de plus vil, de plus bas. Je me contenterai d’évoquer la redoutable trottinette qui cessa d’être un jeu d’enfant pour devenir un temps un moyen de locomotion  à ne pas prendre par dessus la jambe. Nous riions alors du ridicule accompli de ceux qui en costume cravate, battaient le pavé d’une seule jambe, nous pensions atteindre un sommet qui n’aurait pas de suite.

Hélas, après un relatif passage à vide, la terrible trottinette a bousculé tous les autres moyens de locomotion en se faisant électrique. Les moutons ont suivi, admirables de volonté de faire comme les autres, ils se sont moqués des règles du code de la route, du respect des autres usagers des trottoirs, de leur propre image, pour donner ce spectacle ahurissant de débilité.

Les voilà même qui s’équipent d’un casque car les engins fendent la foule à des vitesses folles. Ils sont des dangers publics, de méprisants délinquants de la chaussée partagée, des monstres d’égoïsme qui font comme les autres, qui imitent presque dans l’instant la vague qui submerge des esprits incapables de prendre la plus petite distance avec les injonctions consuméristes.

Que va-t-il advenir de ces engins bâtards, ni usagers de la route ni susceptibles de côtoyer le piéton, condamnés à brève échéance à devenir une quille pour ces fous furieux ? Une fois que le législateur aura enfin déterminé un code, ils seront laissés à l’abandon sur les trottoirs, faute de pouvoir les utiliser. Les moutons laissent volontiers leurs déjections sur leur passage, ceux-là ne dérogent pas à la règle.

Notons dans le même mouvement que le vélo électrique lui aussi très prisé par le troupeau, mérite un traitement particulier. La vitesse n’est pas compatible avec la quiétude du flâneur, espèce qui n’a plus rien à faire dans une cité moderne. Le mouton s’agite, se meut et au final le mouton me défrise !

Ovinement leur.

 

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