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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La classe découverte Acte 4 en bord de Loire

La folle équipée

 

Il était une fois des élèves d’une classe ligérienne qui se rêvaient en partance sur la Loire. Ils se mirent en demeure de trouver des appuis, des soutiens, des aides afin de construire leur propre bateau ; un fûtreau tout en bois. Pour être certains de veiller à toutes les étapes d’une construction trop délicate parfois pour eux-seuls, ils installèrent le chantier dans une serre au fond de leur école. Ils avaient trouvé des passionnés qui acceptaient de travailler avec eux à la création d’un bateau qui portera une devise originale « Le Brasse-Bouillon ».

La joyeuse troupe des futurs mariniers ne voulait pas en rester là. La construction prendrait sans doute si longtemps que les plus grands auraient déjà quitté l’endroit pour affronter le monde du collège. Il leur fallait comprendre la Loire avant que de la parcourir sur leur belle embarcation. C’est ainsi qu’ils partirent à bicyclette, convaincus qu’ils étaient, que du haut de leur selle, sur leurs magnifiques destriers mécaniques, ils pourraient tout à loisir admirer la rivière et découvrir son histoire.

Après avoir passé une semaine en Sologne, c’est donc à Meung-sur-Loire que débuta leur avalaison, un terme qu’ils allaient découvrir en retournant jusqu’à Saint Père à contre-courant des flots. Afin de ne rien manquer de ce qu’il convient à de parfaits petits ligériens, ils s’encombrèrent d’un guide quelque peu bavard, un certain bonimenteur, natif justement du village situé de l’autre côté du leur.

Pour être certains de ne pas avoir à le supporter trop longtemps, ils prirent la précaution tout d’abord d’effectuer le parcours des poissons au château de La Ferté-Saint-Aubin. Ainsi ils disposaient de quelques fioles maléfiques pour se débarrasser de ce personnage quand il leur casserait par trop les oreilles. C’est une sorcière, installée au milieu du Parc qui leur prépara ce breuvage fatal.

À Meung-sur-Loire leur aventure débuta au Bout du Monde ! C’est le nom que l’on donna à ce point qui pour beaucoup de bateaux à la remonte, était le lieu de débarquement des tonneaux de vin, un peu plus en amont de la ville, dans d’immenses entrepôts à demi-enterrés. Étrangement c’est aussi le nom d’une ruelle de Sully-sur-Loire, à l’extrémité de la fortification de jadis.

Ici, un pont traverse la rivière tandis que les vestiges de son ancêtre médiéval barrent les flots en provoquant un grand tumulte. Le passage n’est pas aisé pour qui ne connait pas bien la passe. Ce piège se trouve juste en face d’un ancien relais de poste qui reçut Jeanne d’Arc avant sa grande épopée orléanaise.

En ce lieu qui était un immense marécage, l’histoire du moine Liphard, ressemble à s’y méprendre à celle de Mesmin, son collègue de l'abbaye de Micy. Le premier trucida un immense serpent, une couleuvre par l’intermédiaire d’un disciple moins pleutre que lui tandis que le second frappa un immonde dragon. Nous sommes au sixième siècle et il convient de frapper les esprits avec de belles sornettes pour faire progresser une nouvelle foi…

Il est vrai qu’auparavant en ce pays des Mauves, le nom de l’affluent qui se jette dans la Loire du côté de Baule, les légendes celtes avaient toute leur place. Il convient d’évoquer la fée locale : Houlippe qui sort des profondeurs de l’eau debout sur son char majestueux, tirée par deux cygnes noirs. Elle ouvre le bal du grand sabbat des elfes et des lutins des rives tandis que les sorcières chevauchent leur balai magique.

Ici, les dolmens couchés tournent ou se déplacent une fois l’an pour libérer de fabuleux trésors pour ceux qui ont l’audace d’aller les quérir. Malheur à ceux qui s’attarderaient trop à vouloir compter leur future richesse. Quand le douzième coup de la minuit retentit, la cloche revient à sa place, emprisonnant à jamais le malheureux cupide.

Deux personnages méritent le souvenir des gens d’ici. Un Seigneur Jehan de Meung et un gueux au parcours fulgurant jalonné de poèmes sublimes : Gaston Couté. Avec ce dernier, vous découvrirez la langue de chez nous ; ce patois qui roule les R, déforme les mots et maltraite quelque peu la grammaire. Ces textes sont si beaux qu’ils sont repris plus de cent ans après sa mort par de nombreux chanteurs d’aujourd’hui.

Un crochet par Beaugency s’impose. La cité médiévale nous offre ses portes, ses remparts, ses mystères et un circuit découverte concocté par les élèves du Mail. Le diable n’est jamais très loin ici tandis que le chat noir est le dindon de la farce. Est-il besoin de présenter ce récit qu’on retrouve partout où un pont a été ardemment souhaité ? D’ailleurs Jargeau prétend aussi que son pont de pierre, jadis avait été jeté sur la Loire par le Malin en personne.

Les municipalités successives de Beaugency ont eu la sagesse de ne jamais donner de noms de rue à des personnalités qui ne sont pas liées à la ville. Ainsi, fort de cette posture qui devrait être celle de toutes ses consœurs, cette cité conserve les traces de son passé grâce aux plaques de rue. La prétention de bien des édiles, ailleurs nous prive souvent d’un patrimoine précieux. Ici, il suffit de lire les plaques de rue pour découvrir le riche passé de l’endroit.

La maille d’Or est honorée et son histoire se prolongea jusqu’à la révolution. Tout a débuté le 13 janvier 850 (on peut admirer la précision) durant le règne du brave Childéric. Simon règne depuis de longues années sur sa seigneurie de Beaugency. Mais voilà que tout seigneur qu’il est, il n’échappe pas non plus à la si redoutable lèpre. Ses heures sont comptées et vivre son agonie en bord de Loire dans un château fortifié ne lui épargne pas les souffrances.

Simon, ce matin-là est à la toute dernière extrémité quand une odeur douce et agréable envahit le Val. En dépit de l’hiver, c’est un temps printanier qui s’installe en bord de Loire et, dans l’instant, le lépreux recouvre la santé. Il en faut bien moins pour attribuer cette guérison à un miracle du Très Grand ; le Diable en ce lieu sait à quoi s’en tenir. Le même jour, près d’Amiens, le corps de Saint Firmin est découvert après de longues années d’oubli. Simon attribue sa guérison à cette coïncidence.

C’est ainsi que le 13 janvier de chaque année, durant des centaines d’années, les écoliers d’Amiens qui faisaient leurs études à Orléans étaient en droit de venir réclamer une maille d’Or qui devint par la suite un Florin. À rebours, si à Amiens lors de la messe le 13 janvier toujours, un balgencien était présent dans l’église, il se voyait remettre une paire de gants blancs.

Le premier mai, la fête foraine prolonge elle aussi le souvenir d’une grande foire médiévale qui avait lieu à Beaugency. On mesure ainsi combien en bord de Loire, on reste attaché au passé, d’autant que 7 jours plus tard, Orléans célèbre à son tour son héroïne même si la Foire Saint Aignan est, quant à elle, passée aux oubliettes.

à suivre ...

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