Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Marcher sur un trottoir, c’est le foutoir …

Un petit vélo dans la tête.

 

 

Il fut une époque où tout était simple. Vous apparteniez à l’une des trois grandes catégories que le hasard, la nécessité et vos habitudes avaient déterminées. Les uns étaient piétons, les autres cyclistes et les plus nombreux regardaient ceux-là avec condescendances bien à l’abri dans leurs automobiles rutilantes.

Un monde facile à décrypter surtout pour les piétons, qui allaient tranquillement sur des trottoirs que seuls quelques chiens mal accompagnés leur disputaient, semant parfois des souvenirs détestables qu’il convenait d’écraser uniquement du pied gauche. La belle vie en somme, avec parfois, sur le trajet, des riverains, assis sur une chaise placée sur le devant de leur façade, prompt à déclencher la discussion.

Que s’est-t-il donc passé pour que cette société si sereine se transforme au point qu’une poule ne peut y reconnaître ses poussins, sur la chaussée ou bien ses abords ? Laissons le soin aux futurs sociologues de cette époque qui marche sur la tête de connaître réellement les tenants et les aboutissants de cette révolution urbaine.

Il y a d’abord eu l'élimination progressive du vélo en tant que mode de transport. Les enfants surtout se sont vus priver de la selle pour des raisons de sécurité. La route étant devenue au fil du temps et curieusement des limitations de vitesse un espace de non droit pour eux. Une voiture, quelles que soient les conditions, se devant de doubler des cyclistes y compris dans un virage sans visibilité.

Puis le vélo s’est métamorphosé, conquérant des territoires jusqu’alors non carrossables. Il a connu une multitude de transformations lui donnant accès à la montagne, la forêt, les plages, les chemins creux ou de halage, les parvis de nos cathédrales et même les espaces spécifiquement urbains. Ni les creux, ni les bosses, ni les barrières n’entravèrent son retour en force. Pour bien montrer qu’il devenait résolument moderne, des cossards l’équipèrent d’une propulsion électrique. Il pouvait ainsi faire des étincelles !

Il ne s’en priva d’ailleurs pas. Plus les humains qui l’enfourchaient étaient bariolés, casqués, gantés, plus ils se donnaient le droit de tourmenter les malheureux piétons, devenus des quilles à abattre pour ces furieux de la vitesse en dehors de la chaussée. Marcher devenait déjà une expérience à haut risque. Ce n’était pas fini …

La mode s’empara du phénomène en cherchant à décliner les possibles avec deux roues ou deux jambes. Ce fut une extraordinaire course à l'innovation. Patins, trottinettes, skates, planches, vélos couchés, debout, draisiennes firent leur apparition sur nos trottoirs, connaissant à leur tour les joies des encombrements de circulation. Ajoutons dans ce méli-mélo de la mobilité toutes les variantes possibles du déplacement à pied et vous voyez un peu qu’il y a de quoi s'arracher les cheveux pour organiser le joyeux bazar !

Joyeux certes pas pour les victimes de ce délire. Membres cassés, têtes fracturés, plaies innombrables, contusions multiples, le déplacement devenait tellement aléatoire et dangereux que des hommes en arme furent envoyés pour tenter de réguler la foule et de mettre un peu de plomb dans la tête aux plus récalcitrants.

Peine perdue, la mobilité était en marche ! La fée électrique vint semer un nouveau vent de folie et de vitesse. On équipa tout ce qui peut bien se mouvoir de batteries, piles et autres capteurs d’énergie nucléaire pour donner à cette agitation des airs de frénésie incontrôlable. Ce fut une pleine et entière réussite. Les trottoirs recevaient désormais des usagers allant à des vitesses radicalement différentes dans tous les sens et sans aucune logique. Marcher devenant une gageure hautement risquée, même sur les mains du reste.

Quant à nos parlementaires qui ont d’autres chats à fouetter que de légiférer sur ce micmac infernal, eux qui bénéficient de la gratuité à vie des déplacements ferroviaires et usent plus que de raison de l’avion, histoire sans doute de prendre de la hauteur, ils ne se soucièrent guère de la situation sur nos trottoirs jusqu’au jour où l’usage gilet jaune fut détourné de sa fonction initiale. Il fallait empêcher les gens d’aller à pied dans nos villes, ils découvraient que c’était trop dangereux.

C’est ainsi que la loi donna le droit au préfet de rendre impossible les déplacements en masse de marcheurs portant banderoles, afin de laisser la chaussée aux seuls automobilistes et nos trottoirs à tous ces bons citoyens qui font tourner l’économie chinoise à plein régime en se déplaçant sur des engins électriques.

Voilà, vous savez désormais la raison réelle de cette loi liberticide promulguée paradoxalement par une majorité qui se dit « En Marche ! » Aller sur ses deux pieds est désormais un choix antisocial et contraire aux intérêts économiques à moins que très bientôt la chaussure électrique ne vienne redonner sens au déplacement bipédique.

Marcheusement leur.

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Bonjour nabum,<br /> Moi j'aime la marche rapide... J'aimerais avoir un exosquelette qui me fasse marcher plus vite et plus longtemps sans courir, je déteste la course à pied !
Répondre
C
L Hatem<br /> <br /> Patience<br /> <br /> Avec quelques radiations tout est possible