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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Des fûts, deux trônes et une chaise percée.

Par le petit bout de ma lorgnette

Des fûts, deux trônes et une chaise percée.

Henri III.

 

 

Henri trois, dernier des Valois mérite qu’on s’attarde sur son parcours chaotique. L’homme peut choquer par ses mœurs, lui qui défraya, sans doute à tort, la chronique avec ses mignons. Nous ne nous attarderons pas sur la face cachée du bonhomme qui a traversé bien des tourments. S’il a mis en avant ses favoris, c'est qu’ils étaient ses spadassins, les instruments armés de ses vengeances. À ce titre, il peut se rattacher à notre actualité récente.

Henri III soigne avant tout son apparence. Il fait des frais de toilette et de maquillage. Si le monarque est entouré de favoris, il ne diffère en rien de ses successeurs. N’y voyez aucune allusion graveleuse, il forme assurément un couple uni et soudé avec son épouse : Louise de Lorraine. Nous abandonnerons ici les bruits d'alcôve, pour nous soucier exclusivement de son parcours politique.

Il débuta dans la carrière en devenant roi de Pologne sous le nom de Henryk premier de 1573 à 1575, manière sans doute de se former avant que de devenir roi de France à partir de 1574. C’est peu de temps après son avènement que le parlement de Paris en 1577 vote l’arrêté des vingt lieues (88 km) dit de l’octroi qui va changer du tout au tout la vie dans l’orléanais.

Le 14 août 1577, il est fait interdiction aux marchands de vin et cabaretiers Parisiens de s'approvisionner à moins de  vingt lieues de leur ville. C’est ainsi que pour répondre à la grande demande, ils se tournèrent tout naturellement vers des régions facilement accessible tel l'Orléanais et la Touraine... Ne pouvant plus vendre leur vin, les vignerons parisiens gardèrent cependant quelques vignes pour leur consommation personnelle.

À partir de ce moment-là, de Châteauneuf-sur-Loire jusqu’à Beaugency, les bords de Loire se couvrirent de vignes. Plus de 30 000 hectares qui firent la richesse de la région. Comme dans le même temps, Henri III se soucie de reformer les pratiques de la cour, on dit de lui qu’il est à l’origine de l’étiquette. Celle-ci aurait-elle un rapport avec celle que l’on accole aux bouteilles, j’en doute d’autant que le vin passe le plus souvent du tonneau à la chopine.

Mais revenons à notre lascar. Il a quelques soucis avec la Religion. Il est vrai que le vin de messe fait tourner les têtes. Il se trouve en butte avec les fameuses guerres de religion. En cette époque lointaine, Orléans est la capitale Protestante de la France. Ceci ne doit d’ailleurs pas être ébruité, nos adorateurs patentés de la Sainte Jeanne d’Arc font tout pour effacer cet aspect de l’histoire locale.

Auparavant, en 1563, le chef du parti catholique, François de Guise, décide de marcher sur Orléans. Le 5 février, il dresse son camp à Olivet en face d’Orléans. Grâce à son armée de 20 000 hommes, il s’empare des Tourelles le 9 février et prépare l’assaut d’Orléans pour le 19. La veille de l’assaut, le 18 février au soir, après avoir traversé le Loiret en barque pour regagner son logis des Vaslins, il est atteint dans le dos par un coup de pistolet tiré par un gentilhomme de son armée en embuscade, nommé Poltrot de Méré. Celui-ci, arrêté le lendemain, avoue avoir agi à l’instigation de l’amiral Gaspard de Coligny. Les Guise n’auront de cesse de se venger de ce chef protestant, finalement assassiné lors du massacre de la Saint-Barthélemy (1572).

C’est dans ce contexte délétère que le vin va tourner vinaigre dans la région d’Orléans. Les trois principaux personnages du Royaume sont des Henri : Le roi, le duc de Guise et Navarre. Le 23 décembre 1588 alors que les états généraux ont été convoqués à Blois (Il y instaure l’écu d’or, ça ne s’invente pas), Henri III fait assassiner le duc de Guise dans le château de Blois. Pour achever le travail, le lendemain c’est le Cardinal de Guise qui passe de vie à trépas. On ne plaisante pas en cette période trouble.

Le roi aura naturellement droit au retour de bâton. À toujours pousser le bouchon trop loin, c’est souvent ce qui finit par arriver. C’est donc le premier août 1589 que notre homme reçoit le procureur général flanqué de Jacques Clément, un moine appartenant à la Ligue. Il est sur sa chaise percée, situation très favorable pour recevoir une balle. C’est paradoxalement avec un couteau que Clément le frappe au bas ventre. Le coup n’est pas fatal, le roi arrache l’arme du crime et crie : « Ah mon Dieu ! ». Dans un accès de rage, il frappe son assaillant au visage en lui jetant : « Méchant, tu m’as tué ! »

Jacques Clément va devancer sa victime. Quarante-cinq hommes en armes arrivent, transpercent l’assassin et le jettent par la fenêtre. Les chirurgiens raccommodent tant bien que mal le roi qui se sentant mieux trouve la force de désigner Henri de Navarre comme son successeur. La péritonite gagne la partie et le lendemain, le roi meurt en d’atroces souffrances. Henri IV lui succède et avec lui, les vins de l’Orléanais et du Sancerrois seront à l’honneur. Le canal de Briare sera commandité par le bon roi, justement pour acheminer du vin dans sa capitale par voie d’eau. Malheureusement pour lui, il ne verra pas aboutir ce projet, lui aussi mourant d’un coup de couteau, dans le dos cette fois.

Le vin n’est pas tiré mais bien plus à couteau tiré. C’est peut-être lui qui échauffait ainsi les esprits de ces curieux monarques, prompts à laver dans le sang les affaires du royaume. Quant à moi, j’abuse sans trop de ce délicieux breuvage pour rendre clairement compte de cette histoire trouble. Je vous laisse à vos interrogations, ne voulant pas pousser le bouchon plus loin.

Viticolement leur

Des fûts, deux trônes et une chaise percée.
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