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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

La plus belle perle qui soit

Le secret du secret le mieux gardé.

La plus belle perle qui soit

Un conte sur le bout de la langue

 

 

Le grand créateur, dans sa précipitation ou bien son immense misogynie avait quelque peu bâclé le chef-d’œuvre de sa création. S’il avait tenu compte des imperfections plastiques qu’il avait remarquées sur son brouillon, l’homme, il avait omis de penser à quelques petits détails qui ne pouvaient qu’échapper à ce vieux patriarche.

C’est ainsi que la femme en cette époque lointaine n’était pas tout à fait semblable à celle des époques plus récentes. Il lui manquait une parure, un petit secret qu’elle garderait jalousement pour jouir de la vie à l’identique de ceux qui se prennent pour les plus forts, les plus puissants, leurs seigneurs et maîtres.

C’est pourtant Janus, un de ceux-là qui s’émut un jour de n’être pas en mesure d’offrir à sa compagne ce qu’il jugeait normal de lui octroyer. Il s’en confia au seigneur des cieux, celui-ci étant resté accessible à la critique et ouvert aux remarques. Depuis, les choses ont bien changé, il est devenu inaccessible au commun des mortels, bardé qu’il est d’une pléiade de représentants, gardiens de la doctrine, tous absolument pas enclins à changer la donne.

L’homme aimait la Femme avec une majuscule, si l’alphabet avait été créé. Il les voulait toutes, les désirait mais plus que tout encore, souhaitait leur bonheur tout autant que leur satisfaction. Il en avait observé tant et tant, il se disait en son for intérieur qu’elles méritaient toutes une parure digne de leurs charmes immenses.

Il interrogea le maître des cieux, lui fit remarquer un peu vertement, qu’il avait manqué de constance et que la finition de la plus belle de ses créations manquait malgré tout de finitions. Le très grand acquiesça, il avait lui aussi, en dépit de qu’on pourrait croire aujourd’hui, un petit faible pour cette moitié de l’humanité. Il demanda à son quémandeur ce qu’il convenait de modifier pour parfaire ce chef d’œuvre.

Si Janus avait l’intuition de cette nouvelle parure, il n’avait pas l’esprit pratique pour deux sous. C’est ainsi qu’il se reposa sur ses compagnons pour qu’ils proposent ce qui pourrait embellir les femmes. Chacun y alla alors d’une suggestion, certaines fantaisistes, d’autres qui firent parfois leur chemin. C’est ainsi que l’un de ces mauvais diables suggéra qu’on leur bandât les pieds car il n’aimait rien tant que les femmes aux petits petons. Un autre proposa qu’on leur enserrât le cou d’anneaux successifs de manière à ce que leur tête s’éloigne de la ligne des épaules.

Les hommes sont capables de faire subir à leurs congénères les pires supplices, prétendant ainsi les rendre plus belles encore et désirables à leurs yeux pervers. Janus repoussait de telles idées qui étaient d’après lui, totalement à rebours de ses intentions réelles. Il se désespérait quand un pêcheur d’huîtres évoqua ces merveilleuses perles qui se cachent parfois dans ce bel écrin. Voilà une idée merveilleuse, elle était de nature à séduire ceux qui aimaient vraiment les femmes.

Mais où mettre la perle ? Le débat fit rage parmi cette noble assemblée de séducteurs. Les uns jugeant que trop souvent les femmes se faisaient tirer l’oreille avant que de céder à leurs avances, voulurent qu’une perle ornât le lobe de ce délicat pavillon. D’autres, ne pensant qu’à elles, préféraient glisser la petite perle sur une aile du nez des demoiselles. Les propositions fusaient. Chacun y allant de son endroit préféré jusqu’à ce qu’un plus coquin voulut glisser le bijou dans le nombril des belles. Janus, se rendant compte que tous ces amis n’avaient qu’une idée en tête, se rincer l’œil, faire de la femme un simple objet de convoitise, laissa ces mauvais diables à leurs délires.

L’idée avait fait son chemin dans sa tête. Homme voluptueux, il avait désormais sa petite idée. Quoi de plus approprié pour une perle que le plus délicat des écrins ? Il en toucha deux mots au créateur qui se montra enthousiaste. C’est ainsi que les femmes eurent elles aussi accès au plaisir pourvu que leurs compagnons honorent avec délicatesse ce petit bijou, dissimulé en un endroit qu’on m’interdit de nommer ici.

L’homme et la femme pouvaient désormais partager de doux frissons et jouir tous deux des délices de l’amour. Hélas, il se trouve toujours de par le monde, des furieux, des monstres d’égoïsme, des sadiques et des fanatiques de la pire espèce pour priver des femmes de ce don du grand créateur. Puissent-ils un jour, être aussi privés de leur blason, ce plus bel arbre du verger, celui qui depuis toute éternité fait que l’homme aime à croquer la pomme.

Tendrement leur.

La plus belle perle qui soit
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