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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Remettre les pendules à l’heure.

À la toute dernière minute.

Remettre les pendules à l’heure.

Tic Tac

 

 

Serait-ce la dernière fois que nous réalisions ce grand mouvement de suspension du temps, ce tour de magie qui efface une heure de nos vies ? J’avoue n’en rien savoir, les responsables s’interrogent sur l’opportunité de poursuivre dans cette pratique qui avait au moins le mérite de faire beaucoup parler. Voilà bien une formidable occasion de palabrer interminablement sur le retard qui prend de l’avance tandis que les aiguilles remontent le temps ou descendent de leur pendule. Chacun y va de son incompréhension et de sa remarque pour le plus grand amusement de tous.

Les vaches n’aiment guère le changement d’horaire, elles s’en sont plaintes ouvertement à notre Président qui a fait le choix de rester douze heures au dernier salon, justement pour examiner ce que représente vraiment le tour du cadran. Un tour qui n’est pas assez rapide pour faire son beurre même quand on lui retire une heure.

Les enfants sont perturbés paraît-il par ce vaste et terrible bouleversement dans leurs habitudes. Ils seraient à cran, eux que je pense bien plus écran que le reste. Nous devrions ne pas chercher des poux dans la tête de notre Coq national qui décide de se lever une heure plus tôt. Il n’est en rien responsable de la marche du temps, même quand celle-ci se dévale quatre à quatre.

Le temps c’est de l’argent nous dit-on. Ce sont sans doute les boursicoteurs qui réclament la suspension de la mesure. La cotation devient impossible dans cette heure disparue, qu’on prétend curieusement gagnée au cadran de leurs montres. Ils se font du mouron eux qui sont capables de ruiner une nation l’espace d’une seconde, perdre une heure c’est les empêcher de nuire, ce qu’ils n’apprécient guère.

Le soleil se lève ce jour-là de fort mauvaise humeur. Il n’a déjà pas la première place dans ce maudit pays qui méprise son rythme. Il doit subir un décalage d’une heure supplémentaire pour un zénith qui n’arrive plus à point nommé. Comment être respecté quand on est ainsi méprisé par les grands ordonnateurs du temps social ? Lui, pourtant, en connaît un rayon dans la chronologie.

Seuls les publicitaires se réjouissent, eux qui ont inventé le slogan stupide par excellence de changer de montre quand on change d’heure. Que feront-ils à leur dernière heure ces tenants de la formule choc ? Ils détricoteront les aiguilles du temps ? Ils supprimeront la minute de silence ? Ils aboliront la dernière seconde ? Le temps est nécessairement suspendu à leur imaginaire intemporel.

Le réchauffement climatique lui-même s’interroge. Les degrés en plus sont-ils compatibles avec une heure en moins ? Existe-t-il une arithmétique céleste qui décompte les débits et facture les crédits aux hommes ? La hausse du niveau des mers chagrine les amateurs de sablier et de clepsydre. Voilà des manières de mesurer le temps qui sont en danger. L’heure est grave et personne ne s’en préoccupe vraiment.

L’heure est d’ailleurs bien plus endettée que d’été. Il n’y a plus de saison mon bon monsieur et il ne sert à rien de fixer, d’arrêter ou d’accélérer la pendule dans sa course folle. Les pointeuses se jouent de la mesure, les horaires SNCF se passent désormais de ponctualité, la baisse d’intensité des réseaux électriques a détraqué nos pendules numériques et seul le téléphone désormais fait foi pour afficher l’heure qu’il est.

C’est donc un saut de puce qui permet de passer de l’heure divers à l’heure des thés. La plus grande confusion règne dans nos esprits en perte totale de repères. Nous avons besoin désormais de l’électronique pour trouver notre chemin, remplacer notre mémoire défaillante, nous avertir de nos rendez-vous et nous indiquer l’heure qu’il est quelque part dans le monde. Ici et maintenant n’a plus de sens, les aiguilles ne tournent plus, l’heure s’affiche et le ressort du temps s’est cassé. Nous avons perdu les pédales et le sens chronologique.

Chromètrement vôtre.

Alors que, cette semaine, la France subit une vague de froid, nous passerons bel et bien à l’heure d’été pendant la nuit de samedi à dimanche. À 2 heures du matin, il faudra avancer les aiguilles de sa montre et passer directement à 3 heures. 

Remettre les pendules à l’heure.
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