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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Comme un temps suspendu !

Sur la route

Comme un temps suspendu !

Réflexions routières

 

Si pour certains, prendre la voiture est un plaisir, l’occasion de partir à l’aventure tout en profitant du paysage, c’est au contraire pour moi un calvaire, une longue parenthèse durant laquelle le danger menace. Que n’a t-on pas encore trouvé moyen plus agréable pour se rendre d’un point à l’autre sans supporter tous les désagréments de la circulation autoroutière.

En premier lieu il y a ce maudit soleil qui se fait toujours un malin plaisir à venir se refléter sur mon écran tandis que je tue le temps en vaine écriture. Durant le trajet, dès que j’en ai la possibilité je confie le volant à qui veut bien prendre en charge cette corvée et me fixe sur mon clavier pour vagabonder autrement. Durant une heure environ, je ne vois plus rien, je suis totalement focalisé sur ma prose en dépit d’un astre qui m’interdit de regarder ce que j’écris.

Puis il y a les chaos, soubresauts, nids de poule, ralentissements, coups de vent et autres vicissitudes routières qui chahutent l'habitacle et perturbent ma concentration et ma frappe. C’est curieux combien on se rend compte des oscillations permanentes auxquelles nous sommes soumis quand on ne regarde plus la route. C’est me direz-vous de ma seule responsabilité et je n’ai nullement à m’en plaindre.

Il faut déplorer encore toutes les tâches matérielles qui incombent au pitoyable copilote que je suis. Tout à mon écriture, je dois accéder de mauvaise grâce aux requêtes du pilote qui désire toujours quelque chose : un peu d’eau, une carte de crédit, une indication géographique, un regard sur son téléphone, le changement de CD ou bien de station. J’obéis pour éviter ce que je redoute le plus, prendre sa place afin d’assumer à mon tour cette effroyable corvée : conduire !

Si je suis bercé par le ton lancinant du moteur, mon rythme d’écriture n’est pas affecté. Hélas, il y a toujours matière à me tirer de mes pensées ; des travaux ou bien un ralentissement soudain, la redoutable et sournoise envie d’uriner qui vient toujours au mauvais moment, le comportement irascible des autres usagers qui parfois vient perturber mon pilote qui s’exclame et me déconcentre.

Si le réseau autoroutier est le meilleur allié de l’écriveur mobile, il n’en demeure pas moins un repère de bandits de grands chemins qui taxent à tout va sans toujours assurer un service de bonne qualité. Je suis toujours tiré de mes élucubrations par la survenue de travaux qui viennent ralentir les véhicules sans dédommagements financiers pour rupture provisoire du contrat commercial. Chaque fois cette idée me sort du fil de mes pensées.

Quand nous roulons sur le réseau secondaire, j’ai scrupule à m’isoler ainsi dans ma bulle. Une nouvelle menace sournoise suppose l’attention de tous. De petites boîtes surgissent sans crier gare pour délester le brave automobiliste, qui la plupart du temps, n’est même pas informé des intentions réelles de ce délateur mécanique. À quelle vitesse faut-il rouler à cet endroit ? Mystère et boule de gomme, nul n’est censé ignorer la loi surtout l’automobiliste qui doit disposer du don d’intuition pour échapper à cette terrible répression.

Celui qui écrit abandonne alors le clavier pour dépister les odieuses machines et leur redoutable œil inquisiteur. Puis le polémiste refait surface et s’indigne une fois encore de l’incroyable injustice de ces amendes à tarifs fixes. Comment peut-on ainsi lourdement punir celui qui ne dispose que d’un RSA ou d’un SMIC quand le même montant est quantité négligeable pour d’autres. Jamais je n’ai admis cette honteuse manière de frapper surtout les plus humbles. D’autres procédures devraient prévaloir à la fixation du tarif des verbalisations.

Voilà que l’heure qui m’est impartie s’achève. Bientôt ce sera à mon tour de reprendre le volant. J’ai tué le temps qui s’étirait de la meilleure des manières pour moi. Maintenant je dois enregistrer au plus vite ce petit billet sans importance. La route s’annonce encore longue. Quelle galère !

Suspensionnement vôtre.

Comme un temps suspendu !
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