Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Larguer les amarres.

La belle escapade

Larguer les amarres.

Dispaître à soi-même.

 

 

Qu’il est doux de couper les ponts, de larguer les amarres, de sectionner nos entraves afin d'aller voir plus loin sans se soucier de savoir pourquoi ni comment. Disparaître à soi-même, s'offrir de la distance dans l'absence, de l’oubli dans la fuite, de la liberté loin de tous liens et entraves. Chacun pense ce qu'il veut de ces instants secrets, de cette errance incertaine, de ce trou dans l'emploi du temps qui porte en lui autant de mystère que d'énigme.

Le quotidien dans sa litanie, sans cesse répétée, est tout autant un repère qu'un insupportable fardeau. L’humain éprouve le désir de la rupture, de la brisure pour s’octroyer un nouveau souffle et quelques fantaisies. Les vacances ou les weekends sont à ce titre de merveilleux entre-deux qui viennent briser la rengaine. Ils ouvrent les portes de l’évasion.

Bien sûr, la parenthèse n'est qu'illusoire mais elle offre bien des avantages pour ne pas la dédaigner quand on a le bonheur de pouvoir se payer ce luxe magnifique qui est d’autant plus délectable qui se passe d’argent et de confort. Il ne s'agit pas d'aller très loin, de faire un voyage merveilleux, exotique, original. Il suffit d'aller ailleurs, de sortir du cadre, d’échapper à son enveloppe pour se retrouver un peu, se redonner de la force pour continuer le chemin dans un relatif dénuement.

Le travail, la vie familiale, les ennuis, les soucis financiers, autant de contraintes qui alourdissent le fardeau du présent. Lui octroyer une bouée d'oxygène, une bulle en dehors du temps, c'est se montrer en liberté, se faire le cadeau d’une harmonie secrète, d’un temps suspendu et mystérieux aux autres. L'escapade est un trésor qu'il convient de préserver en dépit des soupçons ou des craintes qu'elle provoque chez les médisants habituels.

J'ai découvert cette nécessité lors de mes grandes marches ou bien mes navigations ligériennes. Je partais sans téléphone ni programme précis. J'allais à l'aventure, me laissant entraîner par les circonstances et les rencontres, le hasard qui se meut souvent en nécessité délectable. Ce fut toujours une révélation, un plaisir incomparable. La disparition des écrans radars est une jubilation que je ne saurais me refuser désormais.

Il est bien mal aisé de faire accepter aux proches cette démarche si particulière. L'escapade relève de la fugue, à la différence que la première s'inscrit dans le ponctuel quand la seconde ne se donne jamais d'échéance. C'est une immersion transitoire dans un trou noir, un vide qui se remplit de mes chers points de suspension …

J'aime les silences d'une journée sans lien, d'un moment sans programme. Vous disparaissez du rôle qu'il faut tenir à chaque instant ; vous retrouvez l'esprit pionnier, celui des nomades que nous n'avons jamais cessé d'être, en dépit de tous les carcans que notre civilisation nous impose. C'est un retour au primitif, au primal, au fondamental; à l’essence même de notre être intérieur.

L'escapade est espiègle, elle se joue des autres comme de celui qui s'y adonne. Elle le conduit par le bout du cœur et du nez. Elle recèle tant de surprises qu'elle ne vous laisse jamais le temps de vous ennuyer. Elle fait de ces quelques heures, un miracle d'émotions. C'est ce que j'aime dans cette merveilleuse bulle temporelle et géographique.

Est-elle raisonnable ? La question n'a guère d'importance. La folie passagère ne durera pas. Il faut revenir, il faut réintégrer les oripeaux de l'homme sage. C'est la règle du jeu du sédentaire. D'autres ont fait le choix du mouvement perpétuel ; ils sont plus libres que nous mais à quel prix ? Celui du mépris et de la méfiance, du soupçon et du rejet. C'est bien le signe qu'ils sont restés ce que nous n'aurions jamais dû cesser d'être.

Homme libre, toujours tu chériras le chemin, la poussière que soulèvent tes pas, les mystères qu'ils dévoilent. Alors, laisse-toi aller à ce petit bonheur simple : celui de l'escapade. Ouvre la porte, prends ton sac à dos ou ta valise et pars sur la route sans but ni raison. L'aventure mérite d'être vécue ; elle te fera plus grand et plus libre encore. Tu reviendras peut-être, façonné par les rencontres, impressionné par les émotions et les sensations. Tu auras toujours au cœur l'envie d'un bel ailleurs.

Escapadement vôtre.

Larguer les amarres.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article