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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Dans les oubliettes de l’histoire.

Théodulf, injustement ignoré.

Dans les oubliettes de l’histoire.

Le Wisigoth.

 

Je souhaitais honorer la mémoire d’un grand homme, un de ceux que les historiens, les honneurs, les politiques ont décidé d’oublier ou simplement d'ignorer l’existence. Il est vrai que son parcours, ses prises de position, ses écrits tout autant que ses actes ne sont pas de nature à mettre en valeur les comportements de nos contemporains. Théodulf fut abbé de Micy et de Saint Benoît, missi dominicus et évêque d’Orléans, ami de Charlemagne et poète. Qu’il n’ait aucune rue dans notre ville ou aucune école à son nom exprime parfaitement l’ingratitude et l’ignorance de ceux qui nous gouvernent à moins que certains préceptes de ce grand personnage ne soient pour eux, source d’une infinie honte !

Tout a commencé pour moi lors d’une visite de la collégiale de Germigny-des-Prés. Comme tant d’autres, je fus ébloui par la pureté de ses lignes, la puissance mystique de ce lieu et l’incroyable présent d’un passé si lointain. Le chœur date de 806 et en fait un des plus vieux témoignages de notre passé. Dans ce magnifique endroit, la période carolingienne semble renaître soudainement. Depuis, je ne manque jamais d’y conduire des amis de passage tant cette petite église me semble symboliser notre patrimoine d’autant plus que celui qui l’a bâtie était un personnage hors du commun qui mérite largement qu’on le mette enfin en pleine clarté.

Théodulf s’est fait voler la vedette par France Gall lorsqu’elle a prétendu que c’est Charlemagne qui a inventé l’école. Ce père de l’église fut le restaurateur d’une idée révolutionnaire sans doute : l’accès à la culture pour tous. Quand Charlemagne ouvrait les écoles aux fils des seigneurs, le brave évêque invitait gratuitement les enfants du peuple dans les siennes. Il interdisait même aux prêtres qui étaient sous sa responsabilité de demander argent ou bien cadeau pour ce service incomparable.

Théodulf était un esprit brillant. Il fit de la culture son blason, sa marque de fabrique. Il avait derrière lui une tapisserie représentant l’arbre de la connaissance posé sur le globe terrestre. Pour les maîtres de l’église en 790, la Terre n’était pas encore plate et la superstition n’avait pas étendu son empire d’intolérance sur cette institution. Le fin lettré honorait la Grammaire, socle de toute connaissance et la Philosophie, partie haute de son arbre. De chaque côté des branches portaient la Rhétorique, la Dialectique, la Musique, la Géométrie et l’Astrologie. On comprend mieux que nos dirigeants actuels ne s’y reconnaissent pas.

C’est à l'abbaye de Micy qu’il fit ses premier pas. Il rebattit l’édifice tombé aux mains des séculiers, de leurs appétits de richesse et de luxure que nous avaient légué « intra Ligérim et Ligéritum » les représentants de Clovis dont Saint Euspice à partir de 508. Il y impose une règle stricte et chaste avec les préceptes de Saint Benoît. Rapidement, il étend son influence sur les autres abbayes, remet de l’ordre dans les maisons de Dieu, de la morale et des valeurs tout en demandant à tous de se mettre au travail et de se faire charitables.

Il reçoit en bord de Loire, Benoît d’Aniane, son maître spirituel, un jour qu’il n’y a rien à manger dans la pauvre abbaye. Un moine va alors sur le bord de la rivière, met les mains dans l’eau et une énorme alose vient s’offrir en repas pour la communauté. Fort de cette prouesse, la réputation de ce Wisigoth bon teint n’est plus à faire. Théodulf fait son trou dans ce monde Franc qui n’est pas le sien.

Vous comprendrez aisément qu’il déplaît dans un univers corrompu - rien n’a changé vraiment - tout en imposant une loi beaucoup moins tolérante pour les criminels. La période franque ne donne pas dans la tendresse, on tue allégrement et il suffit d’une petite amende pour obtenir le pardon. Avec notre bon moine bénédictin, les pénitences pleuvent sur les criminels, les voleurs, les parjures et les libertins. Celui qui déroge à ses règles se retrouve durant trois ans au pain sec et à l’eau...

Nous reviendrons sur son parcours une fois prochaine. L’enseignement de Théodulf mérite d’être rappelé à ceux qui nous gouvernent, qu’ils soient Prince de l’église ou bien représentants de César. Il déclare à tous : « Que toujours ta porte soit ouverte aux pauvres car c’est le Christ lui-même que tu reçois dans ces malheureux. Nourris de tes mets l’indigent qui a faim ! »

Il ne se contente pas de proclamer des principes et ouvre un hospice dans la ville même qui aujourd’hui fait la chasse à la mendicité. Que dirait Théodulf des nouveaux maîtres de la ville lui qui avait gravé dans la pierre ces quelques lignes : « Que le pauvre affamé y trouve à manger. Que le pauvre altéré y trouve à boire. Que le pauvre dépouillé y trouve à se vêtir. Que le voyageur fatigué y trouve le repos. Que le malade y trouve un remède. Que le malheureux y trouve la joie. Que ce lieu soit un asile pour tous les besoins. Que ses portes s’ouvrent à tous, citoyens et étrangers ». Voilà un programme étonnement révolutionnaire.

Àsuivrement sien.

Dans les oubliettes de l’histoire.
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L
Aujourd'hui, se comporter selon les préceptes de Théodulf, ferait un appel d'air... dirait le nouvel ministre de l'intérieur...<br /> Bonne semaine
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C
L Hatem<br /> <br /> Celui-ci me parait étanche à la culture<br /> Il devrait s'associer avec le président du groupe Les Républicains<br /> <br /> Nous avons là du lourd très lourd