19 Avril 2017
La morale risque de ne pas être sauve...
Les élections de la honte.
Voilà venue la dernière ligne droite de cette campagne nauséeuse, de ce débat des bas-fonds et des cours de justice. Nous imaginions naïvement que les idées allaient atteindre des sommets, que la réflexion serait au rendez-vous, au lieu de quoi nous eûmes droit à ce qui se fait de plus méprisable et de plus abject. L’argent au cœur de tout, les combines les plus intolérables, les comportements les plus indécents. La négation du réel et l’arrogance de la caste des privilégiés.
Nous avons constaté que le porte-drapeau n’a pas besoin d’être exemplaire, qu’on ferme opportunément les yeux sur les travers des champions, que rien n’importe plus que la victoire finale et que la morale n’a pas sa place dans le combat des chefs. Nous avons mesuré la mesquinerie des uns et des autres, l’arrogance de ceux qui furent pris la main dans le pot de confiture, l’indélicatesse des appareils et la bassesse de tout ce petit personnel politique.
Nous nous pensions dans un état de droit, nous nous retrouvons dans une République de travers, de bassesses et de privilèges. Nous espérions avoir des élus respectables ; nous les découvrons menteurs, tricheurs, sans scrupules, disposés à tout pour bénéficier de la place, capables d’avaler des couleuvres et de vanter des produits avariés. La stratégie, la posture, les calculs remplacent les idéaux, concepts désuets dans ce monde de requins.
L’échéance qui arrive tient désormais de la loterie, du jeu de hasard et du poker menteur. Chacun se ment, triche avec sa conscience et use d'arguties pour justifier un vote qui n’est, de toute manière, pas celui de l’adhésion. Le vote utile, le vote contre, le vote de protestation ou bien celui d'indignation, le vote contestataire ou bien encore le vote du refus, c’est la Samaritaine des motifs et la Bérézina de l’idéologie.
Il est inutile d’évoquer les protagonistes de la farce. Chacun est campé sur ses positions, sa posture et ses mensonges. Les électeurs qui ont fait un choix l’ont fait en dépit de leurs croyances, de leurs valeurs, de leurs idéaux. Pour les autres, c’est la bouteille à la mer, le choix par défaut ou bien le coup de dé. C’est la fin des convictions et le début des ajustements avec sa conscience et ses croyances anciennes.
Mais pire que tout, se pointe l’hypothèse la plus honteuse, la qualification de deux personnages mis en examen. Comment peut-on imaginer issue plus lamentable, perspective plus détestable que celle-ci ? Ce serait la fin de la morale civique, la négation des préceptes républicains et de l’exemplarité des élus. Nous l’avons constaté depuis longtemps mais jamais, ô grand jamais, nous n'avions atteint ce degré de décadence et de déliquescence.
Si cette hypothèse se réalise, je rends mon tablier, je renvoie dans l'instant ma carte d’électeur à la préfecture. J’espère être suivi dans ce geste de désespoir par la majorité des braves gens : ceux qui ne ferment pas les yeux sur les turpitudes de l’un ou de l’autre, au nom d’une adhésion honteuse à un programme qui n’a plus de sens, ou bien à une colère qui se fourvoie.
Comment continuer à parler de démocratie, de légalité, de valeurs, d’exemplarité dans un tel cas de figure?Comment croire encore à cette constitution qui favorise de tels gredins, de telles canailles ? Comment respecter ceux qui se rangent derrière ces sinistres personnages ? Comment partager le même bureau de vote que ceux qui se pincent le nez pour voter contre la morale et la loi ?
Dimanche, notre pays risque d’être la risée de l’Europe. Où est encore l’esprit des Lumières, la France, phare de la démocratie et des droits de l’homme ? Si l’ignoble arrive, ce sera sans moi pour la suite. Ce sera également sans respect pour tous ceux qui ont participé à cette mascarade, qui ont mis dans la balance, leurs mandats, leur honorabilité, leur réputation. Accepter cette perspective, c’est nier la République, dissoudre l’esprit civique et la morale républicaine.
Honteusement vôtre.