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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Petit guide à usage du parlementaire margoulin.

Pour l'édification des citoyens crédules.

Petit guide à usage du parlementaire margoulin.

Rien à craindre.

 

Vous êtes parlementaire et avez effectué quelques opérations douteuses, des actions à la limite de la moralité. Rassurez-vous, les critères éthiques et moraux ne peuvent être retenus contre vous. La société civile s’indigne vite mais n’a aucun moyen de vous reprocher quoi que ce soit sur des critères qui n’ont aucunement leur place dans le débat politique français. Gardez votre tête froide, à défaut des mains propres. De toutes manières, vos collègues ne peuvent vous en tenir rigueur, ils traînent tous des casseroles comme les vôtres.

 

Un journal satirique publie quelques lignes sur votre compte. L’affaire devient un peu plus sérieuse. La rumeur est certes ennuyeuse mais, bien vite, les propos s’envolent tandis que les écrits exigent de vous une réaction. La première qui convient à un bon parlementaire consciencieux, attaqué dans son honorabilité, est de démentir. Ça ne mange pas de pain et surtout ça permet de gagner un peu de temps. Personne ne songera plus tard à vous reprocher ce premier mensonge : c’est si habituel venant de votre caste que le citoyen ne vous en tient jamais rigueur. C’est quasiment un réflexe professionnel.

 

Le journal insiste, sort de nouveaux documents, apporte des éléments plus dérangeants. Cette fois, il vous appartient d’élever un peu le ton. Vous devez rester flou sur les faits reprochés ; votre démenti est trop frais pour que vous l'effaciez de suite. Vous devez passer à l’attaque, riposter avec véhémence prétendant que l’attaque relève d’un complot ourdi par des journalistes partisans. N’hésitez pas à salir les organes de presse : trouvez des dossiers sur la fille du rédacteur en chef ou bien l’honorabilité d’un journaliste. Ne donnez pas dans la demi-mesure, frappez fort et oubliez de parler de votre dossier.

 

Malgré l'opprobre que vous avez jeté sur la presse, les attaques continuent, les preuves sont accablantes. Ne vous tracassez pas ; vous êtes en France et votre position demeure forte. Vous devez frapper plus fort encore, faire appel au ban et à l’arrière-ban de votre entourage. Un petit meeting ou une conférence de presse -malgré tout ce que vous avez pu dire contre cette corporation -seront du meilleur effet. Pour le meeting, faites appel à vos sympathisants. De ceux-là, vous n’avez rien à craindre : ils sont incapables d’avoir un jugement négatif. Ils avalent toutes les couleuvres que vous leur proposez. Ils sont à votre botte.

 

Trouvez de grandes et belles phrases larmoyantes. Déclarez votre amour pour la République, la France, votre région ou votre femme. Faites pleurer dans les chaumières, évoquez votre foi, vos convictions, votre parcours exemplaire. Il convient de ne rien avouer, rester imprécis sur le dossier, affirmer que rien n’est illégal, même s’il y a eu, peut-être, un peu de légèreté de votre part. Jurez vos grands dieux que vous faites confiance à la justice de votre pays et que bientôt, votre honneur sera lavé.

 

Ne pensez pas en avoir terminé pour autant. Il ne faut pas être naïf, plus personne, mis à part vos indécrottables supporters, ne croit en votre innocence mais vous avez gagné un peu de temps, semé le trouble dans quelques esprits qui finissent par s’interroger sur ceux qui bénéficieront de votre disgrâce provisoire et qui sont sans doute à l’origine des faits dont on vous accable. Cela a au moins le mérite de serrer votre camp derrière vous.

 

Mais pendant ce temps, la justice mène ses investigations. Ça sent mauvais ; ce qui n’est jamais surprenant quand on remue le fumier et le lisier. Gardez votre sang-froid, vous avez encore des atouts dans votre manche. Ne vous inquiétez pas des réactions du bon peuple : lui ne compte plus dans le joli royaume de France. Il oubliera vite ou bien fera semblant de rien. Ce sont les juges qu’il convient de calmer. C’est le moment de choisir de bons avocats.

 

Ils vont immédiatement chercher la petite bête, pinailler, examiner à la loupe tout ce qui a été mis en œuvre contre vous. N’oubliez pas que vous avez contribué à la création des lois et que les petites imprécisions laissées par vous et vos collègues sont destinées à vous sauver la mise dans pareil cas. Il y aura forcément un vice de forme, une erreur de procédure, une question de constitutionnalité. De quoi enterrer les actions juridiques, décourager les juges et endormir les citoyens.

 

Maintenant, si votre cas est désespéré, si le peuple ne peut avaler l’entourloupe, si la justice veut vous mettre des bâtons dans les roues, n’oubliez jamais que vous disposez d’une carte maîtresse, de l’atout roi, la belle excuse imprenable : « Votre immunité parlementaire ! » Usez-en au bon moment, n’allez pas trop vite en besogne : cela vous desservirait. Il convient de laisser passer la colère, de laisser se déverser le flot de rancœur et de haine puis, quand la messe est dite, vous déclarerez que, quoiqu’on puisse vous reprochez, vous êtes couvert par votre statut juridique.

 

Bien sûr, ce coup sera coûteux en terme d’image. Mais vous savez bien que ce que pensent ceux du camp adverse n’a strictement aucune importance. Vous allez sortir de cette histoire grandi. Un parlementaire doit être un fieffé coquin, un bandit de grand chemin, un margoulin et un joyeux gougnafier. Vous êtes désormais certain de durer dans le métier.

 

Un seul conseil pour finir : évitez de fréquenter les quelques rares parlementaires honnêtes. Il en existe naturellement : aucun corps n’est à l’abri de brebis galeuses, de moutons noirs ou de vilains petits canards. Ceux-là ne durent que le temps d’un mandat, jusqu’à ce que le camp d’en face dégotte une crapule pour la présenter face à cette exception qui confirme la règle. Le parlementaire probe sera battu et l’honneur de la profession sera sauf.

 

Naturellement, ce petit guide ne vous était pas destiné. Vous savez tout ça depuis si longtemps. Pour gravir les échelons dans votre officine mafieuse, ce qu’on nomme encore Parti Politique, vous avez dû apprendre tous les coups tordus, les chausse-trappes, les crocs-en-jambe et vous n’êtes pas un perdreau de l’année. Je n’ai fait ici qu’amuser ceux qui croient encore au Père Noël. Quant aux autres, ceux qui savent ce que vous valez réellement, depuis belle lurette ils ne cessent de répéter ce slogan : « Courage Fillon ! ».

 

Républicainement vôtre.

Petit guide à usage du parlementaire margoulin.
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J
C'est une très vieille histoire. L'évangile nous raconte l'histoire de Barabbas, un criminel libéré par la foule à la place de Jésus. Nous savons que de nombreux amendements ont été ajoutés au texte original durant les cinq premiers siècles. De nos jours, les progrès informatiques sur l'exégèse permettent de considérer que ce texte ajouté est dû à un gaulois. Un texte écrit en latin par ce gaulois relate l'histoire d'un parlementaire margoulin et dénoncé publiquement réélu. C'est Nabum est probablement un descendant de ce gaulois!
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C
Jean<br /> <br /> Vous l'avez deviné avant que j'en fasse part<br /> Nabumus sévissait alors<br /> <br /> Je suis le pourfendeur errant, le celte empêcheur de frauder en rond<br /> Rien n'échappe à ma perfide plume, les politiques, les religieux, les mariniers d'opérette, les moutardiers locaux et leurs complices
L
Voici une liste des 58 candidats à l'Elysée... <br /> <br /> http://www.lejdd.fr/Politique/Qui-sont-les-candidats-a-la-presidentielle-828499
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C
L Hatem<br /> <br /> Ils peuvent même être 69, je m'en contre-fiche ! <br /> <br /> Cette élection est nulle et non avenue, la cinquième est morte, la République en totale déliquescence.<br /> Le peuple exige une nouvelle constituante sans passer par la caste des margoulins
L
Ils sont forts ces hommes politiques... Sarkozy le plus fort de tous !<br /> Merci de venir en aide à ceux qui débutent dans le métier de la communication...
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C
L Hatem<br /> <br /> Tous ces conseils vont évidement vers Louis-Philippe qui postule à la fonction et dont le profile est particulièrement prometteur<br /> Il finance déjà sa campagne sur des fonds publics, quel artiste !