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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Des nouvelles du roman à quatre mains.

Nous en sommes au dénouement !

Des nouvelles du roman à quatre mains.

La langue comme objet de partage.

 

Je vous avais évoqué mon désir de me lancer dans l’écriture d’un roman à quatre mains. Adepte indécrottable du format court, j'ai toujours été effrayé par le roman : il exige rigueur et organisation, plan et structure quand je pense en être incapable. C’est pourquoi j’acceptai avec enthousiasme et un peu d’inquiétude la proposition d’une collègue des éditions du Jeu de l’Oie de partager l’aventure d’un récit romanesque.

 

Plus de six mois se sont passés depuis : six mois d’échanges épistolaires, de navettes et de rencontres de travail. Six mois durant lesquels je fus le suiveur d’une dame à l’imagination débordante. La répartition des rôles avait été clairement définie : pour elle l’intrigue ; la dame est sans doute intrigante et en tout cas, fort habile dans le tissage d’un écheveau embrouillé à plaisir avec quelques touches coquines, pour moi, la part consacrée à la Loire, arrière-fond d’un suspense bien troussé et le travail lié à la langue.

 

Alors que nous en sommes à l'épilogue de notre aventure livresque, me prend le désir de vous en livrer quelques étapes, d’en tirer les enseignements ou tout au moins les leçons qui me sont apparues au fil de cette merveilleuse expérience. Il reste beaucoup à faire : vous n’êtes pas près encore de parcourir ce livre : nous devons reprendre sa lecture sous l’éclairage final de son dénouement.

 

Car tout au long de sa construction, j’ai moi aussi découvert, au fur et à mesure, l’énigme telle que me la concoctait ma collègue. Ce parti pris, je l’avais choisi, pour être surpris, pour me laisser porter par les péripéties et être plus à même, selon moi, d’avoir un regard distant pour amender le texte qui m’était soumis. Quant à mes parties en propre, je disposais d’un cahier des charges si précis, que je pouvais me laisser aller à ma fantaisie.

 

J’ai découvert ainsi la complexité de la langue dans un roman. Moi, qui, au final, use d’une langue relativement monolithique, ampoulée parfois, anachronique souvent, il me fallait adopter des styles et des niveaux de langage adaptés à chaque personnage. J’avoue avoir parfois été mis en échec pour certaines formes marquées du sceau de la modernité. Je laissais donc faire ma camarade, plus jeune et plus branchée que votre serviteur.

 

J’ai encore compris que, sans cesse, il convient de mettre sa prose sur le métier. Qu’une correction n’est jamais définitive, qu’elle se nourrit de ce qui précède comme de ce qui suit. Il est des phrases qui, depuis le début de l’aventure rédactionnelle, n’ont eu de cesse de se peaufiner, de se métamorphoser au fil des différentes relectures.

 

La relecture du reste a pris deux formes. Individuelle, elle se satisfait de la sensibilité de celui qui la conduit, elle se plie à son goût personnel du vocabulaire. Puis la lecture à haute voix en duo change la donne. Il y a confrontation, choc des cultures et nécessairement négociation, dialogue et parfois bouleversement de l’écrit ancien.

 

Des phrases furent l’objet de longs palabres, d’interminables retouches, de changements si profonds qu’elles finirent par ne plus rien avoir de commun avec le premier jet. Ce fut là une révélation pour moi qui ai tendance à jouer de ma facilité à écrire d’un jet sans jamais retoucher mon texte. Je découvris ainsi ce que j’entendais raconter par des auteurs invités dans des émissions littéraires.

 

Que vais-je retenir de cette belle expérience ? Tout d’abord l’envie indéniable de la renouveler. J’ai trouvé complice en écriture et c’est là un bonheur rare ; complicité d’autant plus agréable que grandes sont nos différences culturelles, langagières, tout autant que ce qui sépare nos expériences de vie. J’ai toujours pensé que c’est dans la pluralité que se façonnent les plus belles choses ; j’espère que nous en apporterons la démonstration. Ensuite, qu’il me faut être plus exigeant avec mes textes, que je dois cesser de les bâcler ainsi. La relecture s’impose et rien ne vaut la relecture à haute voix pour améliorer le rythme de la phrase, sa musicalité, sa respiration même.

 

Il nous reste encore beaucoup à faire. J’avais besoin de mettre par écrit ce ressenti à ce moment du travail où le mot fin sera apposé à notre récit sans que le terme du travail ne soit atteint. J’avais encore envie de remercier ainsi dame Nadine pour cette expérience dont je ne soupçonnais pas la richesse. J’avais tout autant le désir de vous mettre une nouvelle fois en haleine car à quoi bon écrire si la perspective de n’avoir pas de lecteurs se trouve au bout du chemin.

 

Soyez patients. Nous n’en avons pas terminé de nos soirées d’écriture, de nos disputes aimables sur un mot ou une tournure, de nos débats sur la forme et le fond. Nous aurons encore à confier l’enfant à paraître à quelques personnes de confiance, des redresseurs de fautes, des avis éclairés, des spécialistes dans un domaine particulier.

 

Il faudra encore trouver un préfacier notoire, un homme connu, amoureux de son terroir et de notre Loire. Nous avons bien une idée en tête ; il reste, ce qui n’est pas aisé, à la concrétiser. Puis viendra le temps de la recherche d’un éditeur, autre aventure qui se fera dans le huis-clos de nos démarches silencieuses. Un livre est une étonnante épopée. La partager à deux permet de surmonter plus aisément les épreuves, les doutes et les coups de cafard. Merci donc à ma collègue de m’avoir donné la main pour cette magnifique expérience.

 

Rédactionnellement sien.

Des nouvelles du roman à quatre mains.
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L
Chercher un éditeur ??? Alors que dame Nadine travaille aux Éditions de l'Oie et que vous y avez déjà publié vos Contes et Fables ?<br /> Vous avez le choix entre l'autoédition sur Amazon Publishing, vous le faites vous même de A à Z, pas de stocks, impression à chaque achat en lignr sur Amazon.fr...<br /> Et puis le choix des éditions à compte d'auteur où vous ne serez pas volé... aux Editions Cockritures de notre ami Cockpit qui s'occupe de tout de A à Z.<br /> Je ne saurais pas vous expliquer ce qu'est l'édition à compte d'auteur, mais Google vous le dira.<br /> Bon dénouement.
Répondre
C
Emmanuel Cockpit<br /> <br /> J'avoue être perdu<br /> et déçu<br /> par ce monde étrange
E
Surtout ne pas vous morfondre, cher ami ! Allez jusqu'au bout de votre projet, envoyez-le à des éditeurs (à compte d'éditeur) en ciblant bien - compter quand même minimum 6 mois d'attente, parfois beaucoup plus, pour une réponse - échangez avec d'autres auteurs pour partager leurs expériences, et faite le point. Dans votre contexte, le plus intéressant est un compte d'éditeur. Quoique, si votre co-auteure est vendeuse... Mais n'oubliez pas que les droits d'auteur seront divisés par 2 en cas de compte d'éditeur. N'hésitez pas à me solliciter en toute amitié pour des conseils, je les partage volontiers avec certains auteurs parfois bien désemparés,
C
Emmanuel Cockpit<br /> <br /> J'avoue ne pas savoir sur quel pied danser<br /> <br /> La seule certitude pour moi c'est que je ne sais pas vendre<br /> alors que faire ?<br /> <br /> Rester dans mon coin à me morfondre ?
E
Merci à LHatem pour sa suggestion. Cependant, en effet, le compte d'auteur doit être un choix qui s'inscrit sur la volonté de vendre soi-même ses livres. J'ai des auteurs qui vendent 30 livres dans la journée, à des personnes qui n'étaient pas venues acheter des livres. De plus en plus d'auteurs s'y intéressent car ils travaillent alors pour eux et non pour d'hypothétiques revenus à compteur d'éditeur, éditeurs qui versent quelques malheureux % en droits d'auteur, plus d'un an après les ventes, souvent à partir d'un minimum de livres vendus et qui ont fixé un prix de vente incompatible avec les choix des lecteurs qui ne veulent pas miser 20 € sur un auteur inconnu. Parce que, même à compte d'éditeur, les auteurs doivent faire leur promotion eux-même ; les éditeurs frileux, les diffuseurs voraces et les libraires étranglés misent sur ce qui rapporte, donc ceux qui sont connus.
C
L Hatem<br /> <br /> Le problème n'est pas l'édition mais la diffusion<br /> Je suis las de vendre seul ou presque tous mes livres<br /> Ce n'est pas mon métier et j'avoue ne pas savoir faire<br /> <br /> je ne veux donc pas une édition à compte d'auteur pour la même raison<br /> Quant à prétendre que ce roman intéressera les éditons du Jeu de l'Oie, on ne peut vendre la peau de l'ours avant de s'être mis d'accord