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Chroniques au Val

Ligericus sum, nil Ligeris a me alienum puto.

Couper les asperges en quatre

Comment mettre sur le sable les producteurs français ?

Couper les asperges en quatre

Le printemps disparate.

 

J’ai retrouvé avec plaisir les bénévoles et les bénéficiaires du Relais. Mon périple passé, j’ai repris mon tablier et mes couteaux afin d’apporter ma contribution à la solidarité alimentaire. Rien de neuf sous le soleil enfin revenu si ce n’est que nous avons changé de saison et que fruits et légumes s’adaptent à cette variable si aléatoire.

 

Je n’évoquerai pas les incertitudes sur l’avenir de cette belle association caritative. Notre bonne ville, avec des grimaces hypocrites, multiplie les chausse-trappes et les coups tordus. Prétextant que les normes, les lois en vigueur, le confort des riverains, l’âge du capitaine et les cycles de la Lune ne cessent de faire monter la facture des travaux de rénovation.

 

On veut bien vous aider, jurent la main sur le cœur, ces tenants de la France aux Français, mais il faudra vous mettre aux normes, effectuer des travaux supplémentaires, préserver le confort des braves électeurs qui vivent à proximité de votre repaire à population hétéroclite et disparate.

 

Les jocrisses usent d’arguties pompeuses pour finir par entraver ce qu’ils n’osent pas interdire ou empêcher. Ils feignent la bonne conscience pour donner le coup de pied de l’âne. Ils se drapent dans la charité chrétienne, vénèrent Jeanne, mais ont tout oublié du message de solidarité et de charité de celui qui n’était qu’un métèque rebelle et indésirable. D’eux, il n’est rien à attendre, que des coups bas !

 

La grande distribution non plus , n’est pas là pour nous surprendre. Son formidable élan de générosité qui nous permet de récupérer les invendus est plus que douteux. Il cache bien des travers que j’ai déjà évoqués ; il met en valeur également les ignominies de la mondialisation : cette merveilleuse organisation de la médiocrité ambiante.

 

Ce jour-là, nous avons reçu des asperges ;ce légumes de saison cache bien des turpitudes avec sa forme turgescente. La pire de toutes n’est pas celle de sa similitude phallique mais bien celle de sa provenance . Au cœur du Val de Loire, région productrice d’asperges excellentes et goûteuses, nos chantres du marché déréglementé vont les quérir en Allemagne, pays de main-d’œuvre bon marché quand on y emploie des immigrés sans normes sociales.

 

Quelle est donc l’enseigne qui ose dans notre région aux terres sableuses, faire venir des asperges médiocres, cassantes, étroites comme des allumettes et totalement pourries ? Je n’en sais rien et c’est fort dommage que la chose ne puisse être dévoilée. Ces gens-là mériteraient la vindicte populaire. La honte n’étouffe jamais ces princes de la libre circulation des marchandises.

 

À n’en point douter, les asperges ont été acheminées par ces nouveaux esclaves des temps modernes : ces chauffeurs polonais ou roumains au volant de camionnettes qui échappent aux règles liées au transport routier. Ils roulent sans contrôle et pour des salaires de misère : le progrès selon Bruxelles et les honteux tenants d’un libéralisme sauvage de plus en plus barbare !

 

Nos asperges étaient naturellement joyeusement emballées dans un film plastique dans lequel elles avaient sué et transpiré avec délectation, si bien qu’elles étaient dans un état que je n’ose vous décrire. Du vert-de-gris, des champignons, des marques douteuses, des légumes cassant à la moindre prise … un bonheur pour celui qui a la charge d’éplucher la chose.

 

L’état est si lamentable qu’une fois le tri fait, la sélection réalisée avec une certaine largesse dans l’appréciation, il y a de quatre à cinq fois plus d’épluchures et de déchets que d’asperges consommables. Pire même, le légume refusant de se tenir dignement, l’asperge teutonne doit être coupée en quatre pour servir d’accompagnement légumier. Il faut réaliser des trésors d'ingéniosité pour accommoder de tels produits indignes.

 

Durant ce temps, d'autres bénévoles tentent de sauver ce qui peut l’être parmi des cagettes de fraises qui sont dans le même état de décomposition avancée. Le printemps désastreux, les réseaux de distribution lointains, l’emballage et les modes de vente font le lit de la pourriture. Nous sommes au bout du circuit : nous recevons ce qui est rejeté par les clients ; nous cherchons malgré tout à sauver ce qui peut l’être et je vous avoue qu’il faut avoir l’estomac bien accroché pour finir par manger, nous aussi, ce que nous avons préparé dans de telles conditions.

 

J’avais retrouvé mon cher relais tel que je l’avais laissé. Le printemps ne fait qu’augmenter la part de ce que nous jetons. C’est sans doute ce que nos chers élus appellent une société avancée et résolument moderne. Je ne peux me résoudre à considérer ce modèle économique comme viable. Je suis sans doute un être dépassé, incapable du moindre pragmatisme.

 

L’asperge teutonne m’est restée en travers de la gorge. Je n’aime pas qu’on nous prenne pour des glands. Je voulais vous exprimer ma colère et mon indignation. Un geste gratuit qui ne sert à rien. C’est ce que j’aime par-dessus tout.

 

Phalliquement leur.

Couper les asperges en quatre
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K
Vous êtes un vil aspergophile nationaliste.
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C
Kakshi<br /> <br /> J'ai l'estomac tricolore<br /> Je ne supporte pas l'utilisation des transports pour ma nourriture
K
Les asperges migrent comme les hommes Nabum. <br /> <br /> Alors arrêtez vos obsessions xéno-aspergophobes, sinon je vous mets SOS racisme sur le dos !
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C
Kakashi<br /> <br /> Touche pas à mon gland
J
L'état du monde révélé par une simple asperge...Joli
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